Haamoe Hoata : donner le meilleur de soi pour aider son prochain
Pour Haamoe Hoata, la caserne de pompiers de Taiarapu-Ouest, dont il est adjoint au chef, est bien plus qu’un lieu de travail. Dans la commune où il a grandi, il a fait du secours à la personne sa vocation. Hommes de Polynésie revient sur le parcours inspirant et en constante évolution d’un pompier passionné.
Il est de ceux à avoir trouvé sa vocation très tôt : à neuf ans, Haamoe débute sa formation à la caserne de Papara.
« C’était l’une des premières écoles de jeunes sapeurs-pompiers. Ensuite, j’ai continué en tant que stagiaire à l’âge de quinze ans. Mon expérience, je l’ai acquise là-bas. Cela m’a permis de me constituer un bon bagage. »
Toujours en tant que volontaire, en 2013, il intègre la caserne de Taiarapu-Ouest. En 2018, Haamoe est officiellement titularisé.
« Ayant grandi ici, ça fait sens pour moi d’oeuvrer à la presqu’île et notamment dans ma commune de Taiarapu-Ouest. »
« J’ai suivi de nombreuses formations et réussi des examens. Désormais, je suis également amené à former des agents sur les incendies, sollicité par le CGF (Centre de Gestion et de Formation). »
C’est non sans une touche de nostalgie que Haamoe se rappelle de la nature de sa motivation :
« Au départ, je suis devenu pompier car l’un de mes tontons l’était à la caserne de Papara. C’est en suivant ses pas que j’ai persévéré et c’est devenu une passion. Jusqu’à aujourd’hui, c’est beaucoup plus qu’un métier pour moi. J’adore ce que je fais. »
« Porter assistance, aller à la rencontre des gens, toujours faire de mon mieux pour aider mon prochain. Ce sont ces valeurs qui me motivent au quotidien dans mon travail. »
En accord avec les besoins du district
L’adjoint au chef manage le personnel dans l’opérationnel comme dans l’administratif. Il s’occupe également de la bonne mise en fonction du matériel et de la formation des agents. Et comme la commune dénombre de plus en plus d’adeptes d’activités nautiques, la caserne se tourne vers la mer.
« Nous avons du bon matériel pour ces interventions car depuis quelques années il y a beaucoup plus de prestataires dans ce milieu, et toujours plus de pêcheurs. Pour cela, nous avons une quinzaine d’agents formés au secours nautique. Ils peuvent intervenir dans le lagon comme en haute mer. »
Haamoe assure que dans sa municipalité, 80% des interventions sont des secours à la personne contre 5% pour les incendies.
Une équipe, une famille
Opérationnelle depuis 2005, la caserne de Taiarapu-Ouest figure parmi celles les mieux équipées de Polynésie. Mais pour l’adjoint au chef, c’est l’humain qui est au centre de la réussite.
« L’ambiance qu’on a à la caserne, les gars, nos interventions, la population et nos élus communaux… Tous ces facteurs participent à la motivation de chacun. On n’a pas fini de s’équiper mais on reste sereins quant à nos moyens d’interventions. »
Pourquoi devenir pompier ?
« Quand on veut s’engager dans cette profession, il faut se demander ce que l’on attend de ce métier mais aussi qu’est-ce que l’on peut apporter. »
Être pompier requière plusieurs compétences. Celles de la maîtrise du feu de brousse, de la désincarcération mais aussi des massages cardiaques, des secours en mer. Il s’adresse alors à la jeunesse.
« Si tu ressens l’envie de contribuer, d’apporter quelques chose, tu vas te plaire dans le domaine. Le métier de pompier est pluridisciplinaire : tu y trouveras ton compte, aussi bien si tu aimes la mer qu’être dans la vallée. »
L’interview se conclue sur ces paroles, où il nous raconte comment sa vocation lui a permis de voyager:
« Grâce à ce métier, j’ai pu réaliser mon rêve d’enfant. Celui de pouvoir, un jour, faire des missions dans l’Hexagone. En 2022, un détachement a été envoyé en Gironde. On a participé au plus gros du chantier puisque nous avons eu à faire à un feu de tourbe1. Un phénomène dangereux qui peut enfouir des équipes. Avec trois coéquipiers, nous avons travaillé pendant dix jours. Malgré le sinistre que la région a subi, nous avons été très heureux de pouvoir aider. »
1 La tourbe est une matière organique fossile formée par l’accumulation de débris végétaux pendant des siècles dans un sol saturé d’eau. Elle contient au moins 20 % de carbone. Voilà pourquoi elle est inflammable. En sous-sol dans les forêts, les braises arrivent à résister avec peu d’oxygène jusqu’à 80 cm de profondeur. Un feu de tourbe peut durer des semaines, voire des mois. À Biganos en Gironde, des températures de 150°C ont été mesurées sous la terre.