Sébastien Thépénier, une histoire liée aux « Vins de Tahiti »
Jeune au milieu dans les vignobles de sa Nièvre natale, Sébastien aujourd’hui œnologue professionnel, n’aurait jamais pensé devenir directeur d’exploitation d’un vignoble sur un atoll tropical au beau milieu du Pacific sud. Désormais bien tropicalisé, il raconte à Hommes de Polynésie l’histoire d’un vin unique au monde pour lequel il a beaucoup sacrifié mais grâce auquel il construit son idylle.
La passion du vin, un métier
Pour Sébastien, tout commence dans les vignobles de Pouilly sur Loire et Sancerre à Nièvre.
« Je suis issu d’une famille de la campagne, petit-fils de paysan avec une très forte relation à la terre avec toutes les valeurs qui s’y rattachent. »
Après un bac S, option maths, avide de biologie, de chimie, de microbiologie et de géologie, il s’oriente vers une formation de BTS Viticulture Oenologie qui lui permet d’exercer un métier rapidement.
« Dès le début de cette formation, j’ai été passionné par le vin et j’ai décidé de poursuivre par un diplôme national d’œnologue. »
Pendant quelques années, le jeune professionnel parcourt la France en quête d’expérience. Il fera ses preuves dans le Domaine du Clos des Cloîtres François Rousseil, Vaux, Léoville Barton à Saint Julien, Piper Heisick en Champagne, Bouchard Père et fils pendant 10 mois à Beaune, Cave de Turckheim et de Bennwihr en Alsace… La machine est lancée et, grâce à l’expérience acquise, l’expertise est au rendez-vous.
L’aventure des « Vins de Tahiti »
Une idée folle ? Un plan audacieux ? Une aventure hors du commun… Sébastien est très vite séduit par les challenges et les opportunités qui lui sont présentés loin de chez lui sur un atoll au milieu du Pacific sud. À Rangiroa, tout commence en 2002 pour lui qui vient poursuivre le travail de ses prédécesseurs (Thierry Chaumais, Bruno Corneaux) au domaine. Sur le sol de corail, de longues années de recherches préalables mènent aux récoltes qui produisent 400 bouteilles en 2003. Les débuts sont concluants.
« Au départ, je ne comptais pas rester. Mais après mes 6 premières années, je me suis profondément attaché au vignoble et à la Polynésie. C’est une aventure unique au monde. »
Aujourd’hui, Directeur d’exploitation du domaine de Rangiroa, où sont produits le fameux Vin de Tahiti ainsi que le rhum Mana’o Rangiroa, le quotidien de l’œnologue tropicalisé est animé par la gestion de l’exploitation et son développement tant au niveau de la production que de l’aspect touristique et commercial.
« Mon principal but est que nous puissions contribuer à la valorisation des matières premières produites sur notre terroir et transformées dans notre atoll de Rangiroa, aux Tuamotu. »
Ce que Sébastien préfère avant tout dans son métier, réside dans l’innovation et dans l’amélioration.
« J’aime construire et innover, tester de nouvelles cultures et de nouveaux concepts. Je suis en quête de l’amélioration continue de l’ensemble des productions locales que nous mettons en marché. »
« Les vignerons sont beaucoup moins travaillés en France car ils n’ont qu’une récolte par an. Ici, nous récoltons tous les 5 mois. Il faut être vigilant à chaque instant, à chaque semaine son lot de surprises, de décisions, d’improvisation et d’innovation. »
Mis à part le vin et le rhum, le directeur d’exploitation voit toujours plus loin :
« Le développement d’une distillerie qui commercialisera des produits certifiés bio, principalement du rhum mais pas uniquement ; ainsi que de petites unités de transformation pour des produits de maraîchage et les uru. Nous poursuivons le développement sur le domaine avec des plantations de uru, citronniers, ananas et du maraîchage. »
Amoureux du fenua
Un homme de Polynésie de par « Mon amour pour ce pays extraordinaire ainsi que ma vahine et mes enfants. »
Passionné de plongée, Sébastien a très vite compris qu’il aurait du mal à rentrer sur le continent. Il reste attaché à Rangiroa qui opère tous les jours un peu de magie sur l’œnologue.
« La plongée est devenue une passion. En 21 ans ici, j’ai vu des choses incroyables. Comme un groupement de plus de 200 raies Léopard, de grands requins marteaux, la reproduction des mérous mais aussi des dauphins chasser des requins… C’est magique. »
Une association qui lui tient à cœur est la « MOKARRAN Protection Society » dont le but est d’étudier, comprendre et conserver le Grand Requin Marteau en Polynésie française.
Par amour pour ce lieu, il envisage de toujours plus s’investir.
« Il existe un énorme potentiel de valorisation de l’ensemble des matières premières de Polynésie française à forte valeur ajoutée. J’espère un développement important de l’agriculture avec de nombreux agriculteurs et d’innovateurs qui seront capables de transformer tous ces produits exceptionnels. Nous ne sommes qu’au début de cette aventure pour laquelle je vais œuvrer à mon niveau pour le rayonnement des Tuamotu. »
Rédacteur
©Photos : Sébastien Thépénier, Grégoire Le Bacon et Vin de Tahiti pour Hommes de Polynésie.
Yvon Bardes, directeur de publication.