Tuarii Hareuta, traiteur en ahima’a !
Et si on commandait “ahima’a”, ça vous dit ? Et oui, cette cuisine au four traditionnel polynésien est on ne peut plus made in fenua. A l’origine du concept de traiteur en ahima’a, le lauréat de la Saison 2019 d’Ohipa Maitai 1: Tuarii Hareuta. Il y a moins d’un mois, le jeune homme de Papeari avait convaincu les membres du jury, le public et les téléspectateurs du bien-fondé de son idée. En cette période estivale, Hommes de Polynésie vous propose une façon différente de vous imprégner de la magie du Heiva, un à-côté qui donne la part belle à l’univers culinaire de la Polynésie.
Cultiver son jardin
Cultiver, récolter, transformer et vendre. Le circuit peut paraître simple, encore faut-il en maîtriser toutes les étapes. “Il suffit d’y croire !”, nous dirait Tuarii, un jeune homme droit, honnête, humble et suffisamment courageux pour mener à bien son projet.
Pour en prendre la mesure, nous voici à Papearii, sur ses terres. Un verger où se transmet un savoir-faire, reçu pour sa part de ses grands-parents. Tubercules, arbres fruitiers et légumes poussent sur 14000 mètres carrés. Tuarii ne fait pas qu’entretenir une parcelle agricole, il laboure cette vitrine de la diversité de nos produits maraîchers.
« J’ai commencé à entreprendre il y a 3 ans avec mes propres moyens, et aujourd’hui je suis encore très loin de mon objectif. Un tel projet demande beaucoup de recherches, de patience et de travail, mais j’y crois. »
Un Fa’a’apu 100% naturel
Ambitieux ? Non. Altruiste ? Oui. Cela étant dit, sa naissante célébrité l’oblige à composer avec de nouvelles fonctions. En plus de cultiver la terre, l’agriculteur doit cultiver son image. L’auto-entrepreneur qui ignorait tout des rouages du métier, adapte son emploi du temps en fonction de la météo.
Mais tout cela a un but, toute cette énergie déployée à parler de son projet est destinée à ancrer son entreprise dans un secteur qui tend à se développer : l’agroalimentaire made in fenua.
« Mon rêve est tout simplement de concevoir un fa’a’apu 100% naturel, une culture saine qui valorise la protection de l’environnement, le bien-être et la santé des Polynésiens. »
Cet homme de la terre a une vision singulière de la Polynésie de ce siècle nouveau. Selon lui, elle s’est modernisée, oui, mais en se calquant sur le modèle économique des Etats-Unis d’Amérique. Le Polynésien veut vivre une vie à l’Américaine : on serait passé du mode de vie traditionnel à un mode de vie moderne, où les nouvelles technologies et le business triomphent sur les parties de pêche, de chasse ou de récolte – ce qui a néanmoins rendu la Polynésie plus dynamique et mieux informée.
« Malgré ce changement, les valeurs polynésiennes n’ont pas changé, les Polynésiens ont toujours dans le cœur cette chaleur qui rend leur accueil inoubliable. Le partage, la convivialité et les valeurs culturelles sont toujours d’actualité, et s’expriment à travers le ori tahiti, le tatouage, les langues polynésiennes, le Ahima’a, le vaa, le monoï, les raau tahiti, … »
Un village traditionnel
Ce qui fait avancer Tuarii, c’est de faire rayonner sa culture. Et aimer sa culture ne signifie pas ne pas manger de chocolat, des chips ou écouter du reggae en se rendant à son spot de pêche favori. Aimer sa culture, pour Tuarii, s’est vivre au rythme de ses îles avec ses proches, et le plus longtemps possible. Sa famille reste ce qu’il a de plus précieux.
« Je voudrais créer un village traditionnel polynésien, où l’on enseignera à protéger la nature. Cela est de notre devoir en tant qu’être humain. A ces hommes de Polynésie disparus, Pouvanaa A oopa, Roland Holdam, Turo Raapoto, merci pour tous vos efforts, merci de rendre belle notre Polynésie. Grâce à vous nos valeurs continuent à traverser le temps. »
1 Jeu télévisé sur la création d’entreprise, diffusé sur TNTV
2 Gingembre chinois
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Hommes de Polynésie