
Tevaavaaura Hanere, une vie au service du sport et de la jeunesse
Figure incontournable du sport à Moorea, Tevaavaaura Hanere a grandi dans une famille où la passion sportive était une véritable tradition. Ancien athlète polyvalent devenu dirigeant, entraîneur puis éducateur, il consacre aujourd’hui son énergie à transmettre ses valeurs aux jeunes. Il retrace son parcours à Hommes de Polynésie et partage son regard préoccupé sur l’évolution du sport, en particulier à Moorea, et sur la jeunesse d’aujourd’hui.
Une carrière sportive riche
Originaire de Paopao et issu d’une famille de sportifs, Tevaavaaura Hanere s’est épanoui dans sa jeunesse dans de nombreuses disciplines, comme le football, le basketball, le volleyball ou encore le handball, et a mené une carrière bien remplie au sein du club Tiare Anani1.

« J’étais un grand passionné de sport, car je voulais montrer qu’on avait de bons jeunes athlètes à Paopao. À cette époque, je n’avais qu’un seul objectif : bien me préparer, comme nous l’avaient transmis nos parents, pour aller à la bataille contre les autres districts. Tous les habitants de Paopao se mobilisaient pour nous supporter. Nous respections parents, dirigeants et entraîneurs, ce qui semble moins fréquent chez beaucoup de jeunes aujourd’hui. »
Transmette son expérience sportive et sensibiliser les jeunes aux fléaux
Après une carrière sportive bien remplie et, en plus, d’être un dirigeant assidu, il décide de devenir entraîneur et éducateur pour enfants dans plusieurs disciplines. Ce choix s’est imposé naturellement.
« Être coach sportif était presque une obligation pour moi, afin de faire bénéficier les jeunes de mon expérience. C’est essentiel pour qu’ils puissent, à l’avenir, diriger un club ou une équipe, prendre les bonnes décisions et éviter certaines erreurs, notamment en matière de réglementation. Sensibiliser la jeunesse aux fléaux qui la menacent, comme la drogue et l’alcool, me motive aussi. Quel que soit le comportement d’un jeune, notre rôle est de l’accompagner dans la bonne direction, afin qu’il puisse construire un avenir meilleur. »

Essoufflement du bénévolat et difficultés financières des clubs
Aujourd’hui, Tevaavaaura estime que le sport sur l’île sœur a fortement régressé, comme en témoignent la baisse du nombre de clubs et la dégradation des stades, moins fréquentés. Il dénonce l’essoufflement du bénévolat et appelle les élus communaux à réagir.
« Peu importe la discipline sportive, les dirigeants travaillaient autrefois énormément et bénévolement pour leur club, sans compter les heures et sans rien demander en retour. Ils sacrifiaient même leur vie de famille… Mais aujourd’hui, les gens ne s’engagent plus s’ils ne sont pas payés. Beaucoup d’associations ont été créées à Moorea, mais ont dû arrêter par manque d’aides financières. Je pense que les élus doivent tout faire pour aider et accompagner les associations sportives. »
Un appel à l’unité dans le taekwondo polynésien
Tevaavaaura est aussi actif en tant que président et coach du club de taekwondo Eimeo Nui2. Après avoir accompagné des jeunes de l’île sœur vers des titres internationaux, son club, affilié à la Fédération tahitienne de taekwondo, a rejoint cette saison la ligue de taekwondo de Polynésie afin de leur offrir de nouvelles opportunités nationales. Notre coach regrette toutefois la division dans la discipline et appelle les différents organismes à s’unir pour le bien des jeunes.
« Au niveau des clubs, nous arrivons toujours à laisser nos problèmes de côté afin de mettre en avant l’intérêt des enfants. J’aimerais que les présidents des fédérations fassent de même. »
Le handball polynésien : entre tensions et incertitudes

En tant que joueur et entraîneur, il a aussi mené le club Tiare Anani vers les sommets du handball tahitien et a permis à la sélection tahitienne des moins de 20 ans, dont il a été l’entraîneur dans les années 2010, de briller sur la scène nationale et internationale. Toutefois, le manque d’entente entre les fédérations et le manque d’échéances pour les athlètes seniors menacent, selon lui, l’avenir de la discipline en Polynésie.
« Il n’y a plus de compétitions pour nos sélections seniors. Le handball n’est même pas inclus dans les Jeux du Pacifique en 2027. Du coup, les jeunes s’en vont renforcer d’autres disciplines sportives. Cela risque de faire disparaître le handball polynésien. »
Enfin, Tevaavaaura Hanere souhaite conclure en rappelant que les clubs, Tiare Anani et Eimeo Nui, ne vivent que grâce au soutien de la commune de Moorea-Maiao, l’IJSPF3, des donateurs, des sponsors et des levées de fonds, comme la vente de plats. Il tient donc à remercier chaleureusement toutes celles et ceux qui, par leur aide, permettent d’accompagner et d’encadrer la jeunesse de Moorea, et en particulier celle de Paopao.


- Le club de Tiare Anani proposait à cette époque plusieurs disciplines sportives : le football, le handball, le volleyball et le basketball. Aujourd’hui, le club propose du football et du handball.
- Le club Eimeo Nui propose à ses adhérents la pratique du taekwondo.
- Institut de la Jeunesse et des Sports de la Polynésie Française

Rédacteur
©Photos : Toatane Rurua pour Hommes de Polynésie
Directeur des publications : Yvon Bardes







