Temana : petit bonhomme de vitesse, de virages et de sauts
Une fois n’est pas coutume lorsqu’Hommes de Polynésie rencontre Temana, un jeune mordu de motocross qui du haut de ses 8 ans garde précieusement son trophée de champion de Polynésie. Car quand il enfile sa combinaison de piste, ses protections et que la jugulaire de son casque est adéquatement ajustée, sur la ligne de départ, rien ne semble arrêter le bonhomme et sa petite moto. Accrochez-vous, la grille tombe, les dés sont jetés…
Une histoire de famille
Lorsque nous l’avions rencontré fraichement redescendu de son podium, le naturel de sa modestie et de son insatiabilité nous avait particulièrement touchés.
« Je suis très content, je n’étais pas persuadé de gagner. Ce n’était pas facile. Et j’aimerais bien regagner l’année prochaine. Sans mon papa qui m’a montré la moto, je ne serais pas arrivé jusque-là. »
Initié dès son plus jeune âge par son père, qui au-delà d’être coach voue une bonne partie de son temps à la maintenance mécanique des motos, Temana se souvient de la première fois comme si c’était hier.
« C’était à mes 4 ans dans mon jardin. J’étais trop content de découvrir ma moto. Je ne pensais pas que c’était aussi top. J’ai réussi à tenir en avançant tout doucement. Quand je suis monté, j’ai direct accroché. »
Quant à la deuxième fois, le gamin se mesurait déjà au terrain de Atimaono où chemins et sauts sont d’augure. Aujourd’hui, membre du club de FMX Papara, Temana n’oublie pas les origines de sa passion.
« Mon papa m’a donné cette passion. Il m’a montré une image, quand j’étais petit, de mes deux papis qui aimaient aussi la moto. L’un a fait du motocross et l’autre était professeur de mécanique et a gagné les 24h des barjots1. »
Toujours plus vite
« Si je roule aussi vite, c’est grâce à l’accélérateur. »
Réplique le petit rieur avec une certitude témoignant de son humilité. Il nous dévoile une petite partie de sa stratégie dans la foulée.
« Quand je roule, j’ai beaucoup d’adrénaline et je sens ma concentration augmenter. C’est ce qui m’aide à être souvent devant au départ. Ce que j’aime le plus : les sauts, les drifts, et la boue ! Chaque fois qu’il pleut très fort, j’adore. J’aime aussi les virages et les whips. »
Pour Temana, la pratique du motocross est également synonyme de liberté.
« Sur ma moto, je me sens libre de choisir et faire ce que je veux, surtout quand je suis devant. Je m’entraîne dès que je peux, en essayant de ne pas casser mes motos avant les compétitions surtout! »
Toujours plus haut
Gagner, c’est également faire place aux moments difficiles.
« Quand je tombe… la dernière fois, je me suis même fait un traumatisme crânien. Lorsqu’il y a des pannes de moto aussi pendant les compétitions, par exemple j’ai cassé la boîte de vitesse. Les motos, ça coûte cher et ce n’est pas facile de pouvoir réparer, acheter des pièces ou une moto. »
Temana sait qu’après chaque chute, il faut remonter. C’est avec ambition qu’il se relève.
« J’ai 3000 rêves, mais pour la moto, c’est devenir champion du monde. Dans l’immédiat, mon objectif pour l’année prochaine, c’est de tous les battre haha ! Je rigole, je vais plus m’amuser et m’entraîner. J’aimerais gagner en catégorie MX3. »
Quand il n’est pas sur une moto, Temana passe la plus grande partie de son temps dehors. Que ce soit la nature, les copains ou la culture, il apprécie quotidiennement l’environnement que lui offre son île natale.
« Quand je reviens de l’école, je fais mes devoirs et je vais jouer avec mes copains dans le quartier. On fait souvent du vélo jusqu’à ce que le soleil se couche. Même si je suis tout ‘’blanc blanc’’ avec les yeux bleus, je me sens tahitien parce que je suis né ici. J’aime beaucoup apprendre le reo Tahiti. J’ai de la chance de vivre avec la nature. »
En ce qui concerne la nouvelle génération, la relève semble bien entreprise.
« Il y a une autre fille qui conduit aussi dans ma catégorie, elle s’appelle Heilani. J’aimerais qu’il y ait plus de filles pour qu’il y ait plus de concurrence parce que ce n’est pas qu’un sport de garçon, il est fait pour tout le monde. Pour motiver mes copains et mes copines, je dirais qu’il faut juste aimer la vitesse. À ce moment-là, tu es sûre de t’amuser ! »
1 Course de motocross rétro (post 1970) pour les passionnés.