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Florian, un polynésien danseur contemporain et classique

Florian, un polynésien danseur contemporain et classique

Publié le 15 mars 2018

À bientôt 28 ans, Florian Teatiu a déjà une carrière professionnelle bien remplie. Danseur classique et contemporain en Europe, le jeune homme revient quelques jours à Tahiti à l’occasion de la 5ème Rencontre Internationale de Danse entre l’École de Danse Annie Fayn et la New Zealand School of Dance qui a lieu du 12 au 20 mars 2018. Hommes de Polynésie a profité de son retour sur son île natale pour lui poser quelques questions…

Une enfance à Tahiti placée sous le signe de la danse

Ayant grandi dans une famille de danseurs, Florian expérimente la danse dès son plus jeune âge : du hip hop et du break dance avec ses copains. Une amie de sa maman fait de la danse et lui propose de tester la danse classique et contemporaine. À 13 ans, Florian entre dans l’Ecole de Danse Annie Fayn.

« Je me suis dit : je vais essayer quelque chose de différent. J’ai fait un premier cours, pas très doué, un deuxième cours, puis un troisième et ça a été le tremplin pour plus tard. »

Le jeune danseur participe alors à la première rencontre avec la New Zealand School of Dance. Il rencontre les élèves et la directrice, qui lui propose un stage dans son école, à Wellington. Grâce à son travail et à ses talents de danseur pendant son stage, ce prestigieux établissement à la renommée internationale lui offre une place comme étudiant.

Parti seul en Nouvelle-Zélande, Florian poursuit son rêve de devenir danseur professionnel. Son apprentissage à la New Zealand School of Dance lui permet de côtoyer chorégraphes, danseurs et autres artistes et lui offre la possibilité de faire ses premiers pas dans l’univers professionnel de la danse.

« J’ai intégré l’école en 2007 et j’ai fait trois ans là-bas avant de partir en Europe pour commencer ma carrière. »

Parcourir le monde pour son sport, son art

Pour Florian, la danse classique et contemporaine permet d’utiliser son corps pour s’exprimer de manière très différente par rapport à d’autres sports, « car tu joins sport et art, c’est ce que j’ai aimé, à la fois physique et artistique ».

Après ses trois années de formation, le jeune homme se lance en Allemagne où il intègre la compagnie du Théâtre de Wiesbaden.

« Ensuite, j’ai fait plusieurs pays en Europe en faisant des projets, puis j’ai fait l’Opéra de Göteborg en Suède. Et maintenant je suis indépendant à Hambourg depuis 5 mois. »

En tant qu’indépendant, Florian ne fait pas parti d’une compagnie, il choisit avec qui travailler, dans quel spectacle se produire.

Tout au long de son périple européen, Florian a aussi vu sa pratique de la danse évoluer. Il commence avec de la danse pure et dure, pour ensuite devenir un artiste plus complet.

« Je me suis intéressé à d’autres choses. La danse théâtre en Allemagne avec la compagnie de Pina Bausch qui est connue pour ça. Tu deviens un artiste un peu plus complet : tu peux parler sur scène ou chanter. Ça reste un spectacle de danse, pas une comédie musicale, et c’est ce qui me plaît aujourd’hui : intégrer d’autres formes d’art pour s’intégrer à la danse. »

La 5ème rencontre internationale de danse

Tous les deux ans, cet événement permet la rencontre de danseurs polynésiens et néo-zélandais qui se concrétise par deux soirées de représentation de leur art au Grand Théâtre de la Maison de la Culture de Tahiti. En retour, les jeunes danseurs polynésiens ont la possibilité d’effectuer des stages à la New Zealand School of Dance.

Cette année, les danseurs classiques et contemporains se produiront le vendredi 16 et le samedi 17 mars. Florian apporte sa pierre à l’édifice grâce à deux solos et un duo avec Tuarii Tracqui, célèbre danseur de ‘ori Tahiti et meilleur danseur du Heiva en 2012.

« On va danser ensemble, lui en traditionnel, moi en contemporain. On a commencé lundi, on doit finir vendredi, ça va être un peu chaud… C’est une belle expérience de lier les deux du fait qu’on a la même culture, la même origine mais des carrières différentes et des genres de danse différents. »

Durant cette rencontre, les solistes de l’école nationale de danse de Nouvelle-Zélande se mêleront aux élèves de l’École de Danse Annie Fayn qui ont créé le ballet Coïnsidanse, pour promouvoir l’art de la danse grâce au spectacle. Ils interprèteront le ballet Coppelia, d’après la chorégraphie du Kirov.

Projets et opportunités futurs

Florian est heureux de son parcours et de sa carrière professionnelle, heureux de ce qu’il a accompli. La danse fera toujours partie de sa vie mais aujourd’hui, il souhaite explorer de nouveaux horizons.

« Je commence à me faire vieux pour le milieu, j’aimerai toucher à autre chose. Dans le milieu de la danse, faire de la chorégraphie, me reconvertir dans un domaine artistique, sportif… »

À partir de 30 ans, soit pour cause de blessure ou par choix, beaucoup de danseurs arrêtent leur carrière et se reconvertissent selon Florian. Le jeune homme se laisse encore le temps d’y réfléchir, rien n’est fixé, il laissera les opportunités venir à lui.

Revenir à Tahiti fera peut-être partie de ses projets, mais pour le moment, l’île reste trop isolée au niveau artistique, « il y a plus d’opportunités ailleurs ».

« Après, de revenir pour faire quelque chose avec le ‘ori Tahiti est possible, d’associer la danse traditionnelle et la danse contemporaine et classique. Ce que je sais de la danse traditionnelle, c’est que c’est très carré et codifié et pourquoi pas casser les codes sans changer la culture et les racines. C’est quelque chose qui m’intéresserait et pourquoi pas joindre ça à un autre art. »

Associer sa culture et ses racines à sa passion de la danse contemporaine et classique est pour Florian un challenge. Pour lui c’est de l’art, « tout le monde n’aime pas » : casser les codes, changer sa vision des choses peut paraître dérangeant et ne plaira sans doute pas à tout le monde. Mais Florian semble prêt à relever le défi.

« Ça reste quand même mes racines ici et pourquoi pas amener l’expérience de ma carrière et la transmettre ici ? C’est ça qui est intéressant avec Tuarii, lui est ouvert à faire autre chose mais en même temps très concentré sur le ‘ori Tahiti. C’est intéressant pour moi de voir les possibilités de jouer avec ça. »

Vendredi 16 et samedi 17 mars aura lieu la 5ème Rencontre Internationale de Danse. L’occasion pour Florian d’interpréter un duo avec Tuarii, symbole de la rencontre entre deux danses, deux univers. Florian est un jeune homme passionné et plein de ressources. En revenant quelques jours à Tahiti, son île natale, il ouvre la voie à de nouvelles possibilités dans sa carrière et montre à d’autres jeunes danseurs que tout est possible lorsque l’on s’ouvre et que l’on apprend des autres…

Plus d'informations

Sur la page Facebook Académie de Danse Annie Fayn
Et sur la page Facebook de la Maison de la Culture de Tahiti

Camille Lagy
Rédactrice web

© Photos : Marion Fayn, Florian Teatiu

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