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Société

Thierry Thuilier, de l’importance de faire des films en Polynésie   (2/2)

Publié le 27 juin 2025

Entre le sable noir de la Pointe Vénus et les montagnes de Mahina, nous rencontrons Thierry Thuilier, cadreur et réalisateur, passionné du monde du cinéma. Après avoir tourné des clips vidéo pour de grands artistes de la scène française, des émissions TV, des cérémonies officielles et des reportages sur la Polynésie, Thierry réalise en 2024 son premier court métrage, Hana. Plus intimisme, ce film tourné au fenua témoigne d’un regard aiguisé et précieux sur nos îles et leur société. Thierry partage son parcours, l’évolution de son rapport à l’image et son attachement au territoire polynésien. 

S’engager avec l’image

Si le court métrage Hana plait, c’est aussi parce qu’il ose traiter de sujets encore tabous : 

 « En 10 minutes, ça parle de violences conjugales, de bagarres, d’inceste, d’adoption. C’est assez dense et il faut être préparé à le voir. Ce n’est pas un film drôle, on n’est pas dans le divertissement. L’idée, c’était aussi de choquer. Quand je l’ai écrit, j’y suis allé sans me donner de limites, pour faire bouger les choses. Je pensais que ça allait être plutôt mal accueilli parce que j’y vais sans détour mais finalement, c’est plutôt l’inverse. »

Les vives réactions du public montrent que l’image, en effet, peut servir à révéler, avertir et prévenir. 

« À la base, je n’ai pas pensé faire utile. Après, les gens qui ont vu le film l’ont aimé et les réactions étaient assez fortes. Le film fait sa carrière et moi je suis, ça s’est fait tout seul. Par exemple, j’ai donné le film à une éducatrice spécialisée du Fare Tama Hau qui s’en sert comme support pour ses interventions. Elle m’en a fait un retour, très émue. Finalement, pour moi c’est peut-être ça la plus belle des récompenses : voir que le film touche les gens ; et qu’il peut même servir pour des interventions auprès de jeunes, de familles d’ici… » 

Notre cinéaste nous confie à quel point cela a été gratifiant de créer un film en Polynésie, sur la Polynésie, et qui peut marquer les Polynésiens. 

Scène du court métrage Hana.

Faire des films en Polynésie

« J’avais déjà travaillé dans la fiction, mais en tant que cadreur. Là j’ai réalisé. Et ça m’a donné envie de faire des films : pour s’engager ou pour divertir. Ce que je préfère c’est la fiction, mon rêve serait de réaliser un long métrage ici. Je viens d’écrire un scénario de long métrage qui est plutôt un film de divertissement, avec un peu de social dedans mais c’est pas le fond. L’histoire se passera en Polynésie aussi ! »

Plus libre de ses sujets quand il créé, Thierry entend faire la part belle à nos îles dans ses projets à venir :

« Sur ce nouveau long métrage, j’ai décidé de parler de Polynésie parce que j’y vis, je commence à la connaître un peu. Forcément quand tu écris un film, tu t’inspires de ce que tu connais. Avec de l’affect bien sûr.» 

La réalisation lui a ainsi permis de s’investir et s’épanouir. 

« Tu mets plus de toi dans un film puisque tu crées tout de A à Z, tandis qu’en documentaire, tu captes des choses qui existent déjà. C’est un travail différent : pour le documentaire, il faut être attentif, avoir l’œil sur ce qui se passe, alors qu’en fiction le travail se fait en amont, il faut réfléchir : c’est la création. »

Et Thierry Thuilier, cadreur n’hésite pas à souligner l’importance de suivre cette lancée pour produire et créer des films au fenua

« On a eu Waltzing with Brando et Marae récemment ! J’étais cadreur sur les deux projets. Ce sont de grosses productions mais qui restent ponctuelles. C’est dommage, d’autant qu’il y a beaucoup de retombées économiques : le cinéma permet de faire travailler des gens, et puis un film, c’est la meilleure pub qui puisse exister ! Les images participent de la constitution d’une vitrine pour la Polynésie par exemple. Il faudrait développer la filière de l’audiovisuel ici et faire plus de films en Polynésie ! »

Thierry rêve d’un film 100 % polynésien qui emploierait des professionnels du cinémas, formés sur le territoire. 

« Ce serait bien de développer la filière de l’audiovisuel ici, c’est quelque chose qui manque. On a besoin de plus de professionnels locaux, techniciens, comédiens, scénaristes. Il y a plein de choses à faire ici ! » 

Marie Lecrosnier–Wittkowsky

Rédactrice

©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky et Thierry Thuilier pour Hommes de Polynésie

Pour plus de renseignements

Site internet

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