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Société

Tapuarii Barbos : Partir pour mieux revenir

Publié le 4 septembre 2023

Tapuarii Barbos jongle entre plusieurs vies, et vaque à de nombreuses occupations. Il est un homme engagé, multi-diplômé, et toujours en quête de défis à relever. C’est dans les lumineux jardins de Paofai qu’il a réservé à Hommes de Polynésie deux heures de son précieux temps, pour une entrevue en toute simplicité.

« J’ai toujours su que mon pays pouvait faire plein de choses, qu’il avait toutes les ressources nécessaires, et que l’on pouvait manger nos produits. Il manquait peut-être les connaissances ou la formation. »

Deux piliers fondateurs : sa famille et ses études

Tapuarii s’est d’abord dirigé vers des études scientifiques (sciences de laboratoire et médecine) avant de se réorienter vers la transformation alimentaire, car il savait le secteur porteur, à terme, en Polynésie. À l’aube de ses études, et comme de nombreux Polynésiens, il a été contraint, nous dit-il, de quitter son berceau, son île, pour poursuivre son cursus à Aurillac, en Auvergne. Il a fait preuve de courage et de résilience pour affronter le climat grisonnant et l’éloignement, courage qu’il a trouvé dans le dévouement de sa famille, toujours prête à « se serrer la ceinture » pour lui permettre d’atteindre l’excellence.

Il s’est rapidement retrouvé face au carrefour de sa vie : un panneau lui indiquait de rester en France pour poursuivre ses études « à tout prix », l’autre lui sommait de retrouver son île.

Depuis toujours tourné vers son peuple, il savait pertinemment qu’une autre mission l’attendait à Tahiti. En 2015, il est revenu pour valider son mémoire et a intégré la chambre d’Agriculture ; il s’est spécialisé par la suite dans un métier plus technique : celui de contrôleur d’hygiène.

« Pendant mon séjour en France, mon pays m’a vraiment beaucoup manqué. Je n’avais qu’une idée en tête : revenir avec un œil nouveau et apporter des solutions innovantes. »

Sous l’impulsion de la Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire, Tapuarii a participé au lancement des marchés du terroir de Tahiti, qui ont aidé nombre d’entreprises à se développer et à se faire connaître. Il est aussi à l’initiative de 74 événements sur le territoire et à l’étranger (salon de l’Agriculture, foire agricole, etc.)

Son métier, qui lui prend déjà la moitié de son temps, n’est qu’une partie de l’élan qui l’anime, celui d’œuvrer pour son territoire. Il rappelle aussi l’importance de sa grand-mère paternelle et d’une tante dans sa progression, lesquelles lui ont insufflé des valeurs chrétiennes.

Trouver des solutions pour le bien de son peuple

Nous évoquons ensemble rapidement l’héritage politique de sa famille, une thématique qui, pendant longtemps, ne l’a pas intéressé. Il se contentait de soutenir, dans l’ombre, avant qu’une idée ne germe en lui : s’aventurer finalement dans la politique. Ce sont d’abord des idées qui lui ont plu, mais très vite ce fut cette notion d’engagement qui ne l’avait jamais quitté. Il aime apprendre, innover, échanger, renouveler, et c’est ce qu’il a trouvé dans son poste de trésorier général d’un parti. Homme de terrain, il dit s’être lancé dans cette nouvelle activité pour s’inspirer, car il est toujours en quête de diversification. C’est aussi l’idée qu’il voudrait transmettre aux enfants Polynésiens : il faut se risquer, relever des défis et des challenges, agir dans le bien commun.

Au-delà de ses différentes missions, nous comprenons que son mode d’action est l’implication. Il mène également différents projets dans sa vie associative, car il fait partie de la Fédération Sportive et Culturelle de France (FSCF). Avec d’autres associations, il encourage les jeunes à devenir des adultes responsables et des citoyens respectables, par des actions de prévention et d’éducation. Il a aussi pour mission d’élargir ces opérations aux différentes îles de l’archipel.

«  J’estime être un bon citoyen, j’aime absorber ce qui est bon et laisser ce qui ne l’est pas. Notre pays est un trésor que les plus grands convoitent, et nos enfants ne le voient pas forcément. La terre est fertile, les montagnes sont verdoyantes, il y a tant de richesses. »

Une ode à son Fenua

Malgré un emploi du temps bien chargé, Tapuarii  peut compter sur le soutien de sa compagne, qui accepte de sacrifier quelques heures de leur vie commune. Il aime se challenger et défier sa zone de confort. Il s’essaye à différents sports, et nous apprend, de façon presque anodine, qu’il s’est inscrit au concours d’écriture et de déclamation ‘Ārere, organisé par la Maison de la Culture. Combattant dans l’âme, c’est une première pour lui, mais sa détermination a payé : il a été retenu (nous annonce-t-il d’un air surpris).

Voici l’occasion rêvée pour lui de dire son amour pour sa Terre, grâce au thème qui l’a inspiré. Il nous avoue avoir eu les larmes aux yeux lors de l’écriture. Son texte est aligné avec ses idées, ses paroles et ses actes, et se veut authentique.

Plus qu’un concours, il a eu une pensée émue pour tous les Polynésiens qui sont loin de chez eux. Il est l’exemple même que l’on peut partir pour mieux revenir, et « qu’il y aura toujours une connexion entre leur pays et eux, où qu’ils soient ».

Il finira sur ces paroles de Chantal Splitz : « pars pour te construire, mais reviens pour construire ton pays ».

’AI NO TŌ’U FENUA

Samedi 02 septembre 2023, Tapuarii a proposé un poème dans le cadre du concours d’écriture ‘Ārere, organisé par la Maison de la Culture en marge du festival Parau Ti’amā . Il a accepté de le partager avec Hommes de Polynésie.

EXCLAMATION À MON PAYS

Mon pays est né de la matrice de Taaroa (Rumia), mélangé de couleur de sang. 

Oh toi collier d’îles multiples, liées par l’océan. 

Naissance d’un monde idyllique, terre promise de nos ancêtres. 

Regardée par Orohena la majestueuse, imposante fierté. 

Car toutes les civilisations connaissent 

Une terre fertile, par son manteau verdoyant qui disperse les délicates senteurs. 

Fortifiée par une chaine corallienne, abritant vie en son cœur. 

Est un trésor inestimable, convoité de toutes parts. 

Oh terre, 

Enfin, celle de tes enfants ! 

Et ta fortune nouvelle me rend triste, car le fruit de ton sein s’échappe à l’horizon. L’espoir en l’avenir rayonne.

Tapuarii Barbos

’AI NO TŌ’U FENUA

’Ua rahu te rumia tō’u aia, ha’aviri te ’ute’pa’o.

’O oe te hono no’ano’a ō te motu rau, nati na te moana.

Te ha’amataraa te ho’e ao ruperupe, fenua mau no to mātou tupuna.

Hi’O hanahana na Orohena, fana’o tumu.

’Ua ite te maramarama

Hotu’umu teie fenue no to na he’euri, purara te heihei i te pua ri’i au e.

’Ua Paruru hia ona, na te hoe hei ’aorai’a.

E ho’e tao’a, nounou hia.

Te fenua,

Tera ra, na ta oe mau huā’ai !

Ua hana ta’u aau nō to ’oe faufaa rau, te hotu no to oe ū, e’a na te ’iriatai.

E hihi mataroa nō ’ananahi.

 

 

Tapuarii Barbos

Julia Urso

Rédactrice

©Photos : Niuhiti Gerbier pour Hommes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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