Moe, la passion de la terre
Discret et engagé, Moeava Meder est un gars de la terre. Agriculteur Pépiniériste en arbres fruitiers, il s’est « fait embarquer » dans l’aventure de la culture polynésienne par amour et transmet aux enfants ses passions pour les plantes et les percussions traditionnelles. Hommes de Polynésie l’a rencontré.
Une enfance bercée par la Terre
Moe vient de Papara où il a grandi entre une maman horticultrice et un papa professeur de sciences physiques. Très vite, il plonge dans l’amour de la terre.
« Pour moi, la culture des plantes c’est waouh… Ça te donne et ça t’apprend énormément. »
Il acquiert la connaissance des plantes, comment les faire grandir, comment les manger ou encore, leurs attributs. Surtout, il comprend comment s’aligner avec la nature, comment l’écouter et la respecter.
« Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on apprend à nos enfants sur la nature ? Ils ont coupé leurs liens avec la terre. Ils vont au supermarché pour acheter des fruits, des légumes… Et ils sont capables de te dire qu’ils viennent de quel magasin mais pas de quel arbre ! »
Pour Moe, cet enseignement est capital, il est essentiel de rétablir un pont entre la terre, les fruits, les légumes et les hommes.
Transmettre par le toucher
Moe a un regard profond où la gentillesse et la générosité s’animent. Ses mains rugueuses sont à l’image de son amour pour le sol qui nous nourrit, elles dessinent des cavités remplies d’attention et de détails. Pour lui, un de ses cheval de bataille, c’est faire toucher la terre aux enfants et même aux adultes.
« On dit que la terre, c’est sale ! C’est le monde à l’envers. La Terre n’est pas sale. On ne peut pas vivre dans une bulle stérile sans reconnaître que c’est la Terre qui nous nourrit. Oui, il y a des bactéries dans la terre mais c’est ce qui fait sa richesse. »
Armé de ses convictions, Moe enseigne aux enfants que nous avons toujours vécu en contact avec la terre.
« Pendant des centaines de millions d’années, l’humanoïde a vécu dans la nature et non coupé avec la nature… Se connecter, toucher, mettre ses mains dans la terre, c’est unir avec ce qui fait notre tout. »
Ces sensations perdues, pour Moe, elles se retrouvent dans notre alimentation.
Revoir notre manière de manger
Moe a été embarqué dans l’aventure ‘Arioi par sa compagne, Hinatea Colombani. La culture polynésienne, c’est une passion qu’elle lui a communiquée. Aujourd’hui, pour Moe, l’amour pour sa culture, cela passe par notre manière de nous alimenter.
« Au Centre, on a dû taper du poing sur la table par rapport au sucre… Le sucre, c’est une addiction. Faire comprendre que le sucre peut être dangereux, c’est devenu un nouveau défi pour moi. »
Moe considère que les moyens sont simples, il faut interdire les boissons sucrées et redonner le goût de l’eau aromatisée naturellement à l’image de la fontaine qui trône au centre, subtilement parfumée à la fleur d’hibiscus et au basilic.
« Pour moi, le centre, il n’est pas là que pour enseigner la danse, il est là pour éduquer… Un jour, nos enfants vont nous demander qu’est-ce qu’on aura fait pour eux, pourquoi on a laissé ce monde dans cet état ? Je pourrais leur répondre que j’ai essayé de transmettre des valeurs. »
Enseigner au-delà de soi
Serein et préoccupé, Moe considère qu’il y a encore beaucoup à faire pour la culture polynésienne, qu’elle a été réduite à la danse ou au va’a. Le premier symbole, c’est la coupure avec la langue.
« Je ne parle pas le tahitien, c’est mon histoire. Aujourd’hui, j’essaie d’apprendre à être polynésien à ma façon. Beaucoup recherche leurs identités, il dépend de chacun de retrouver ses racines, c’est ça qui fera du bien à notre société. »
Son plus grand rêve serait d’ouvrir un arboretum avec le maximum de variétés et ouvert aux visiteurs pour qu’ils découvrent la passion de la terre… Car pour Moe, retrouver ses racines, c’est planter ses mains dans les racines de la terre et l’aimer de tout son cœur en lui montrant le respect qu’on lui doit.
Plus d'informations
Sur la page Facebook ‘Arioi Centre Culturel et Artistique
Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photos : Céline Hervé Bazin, Centre ‘Arioi