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Société

Madi : enfant de Vaitavatava, artiste polynésien

Publié le 31 mars 2023

Pour Teihotaata Teaue, alias Madi, Vaitavatava est une source d’inspiration intarissable. L’enfant du quartier défraye la chronique et repousse les clichés souvent injustement liés à sa résidence. Entre athlétisme, graffitis, lettrage et peinture, l’artiste livre à Hommes de Polynésie une partie de son aventure encore à ses aurores.

Pour le sport

À Vaitavatava, Teihotaata fait ses premiers pas, il y grandit et par amour pour sa communauté, il y réside encore.

« Je suis né ici et je suis resté attaché à ce lieu car c’est la résidence qui m’a vu grandir. J’ai tous mes amis ici ainsi que ma grande famille à Vaitavatava. »

Poussé par son père adepte d’activité physique, le jeune Madi s’initie à l’athlétisme au CE2.

« À l’époque, je me disais déjà que ce serait bien qu’un gars de notre quartier gagne des médailles. Je me suis spécialisé dans le triple saut et dans le saut en hauteur. Plus tard, quand j’ai percé dans l’athlétisme, j’étais fier de dire que je venais de Vaitavatava. »

Madi se lance également dans le basketball et dans le football.

« C’était pour entretenir l’esprit d’équipe. J’ai appris à composer avec une équipe, écouter, se faire pousser vers l’avant et également le faire. »

Pour l’expression

Le dessin fait partie intégrante de la vie de Madi. Petit, son père incitait l’enfant à peindre sur les grands tissus dédiés à la présentation des différents thèmes à l’église.

« Il nous laissait faire le remplissage. De là, la passion pour la peinture est venue et elle ne nous a plus quittés. On a commencé à dessiner sur les murs de notre maison. C’était des dessins d’enfants, comme le livre de la jungle, tarzan… Mais ça s’est vite transformé en paysages et en fleurs. »

« Mon père tatouait. J’ai vu son évolution du commencement à la fin. De dessins basiques avec des machines rustiques à de beaux tatouages avec des machines plus évoluées. Parfois, je l’assistais, c’est aussi comme cela que j’ai pu m’améliorer en peinture. »

La graine posée germe et, sur les murs de Papeete, Madi s’exprime. Armé de son skate, d’un bandana et de lunettes de soleil, il tague les murs de la capitale sans discrimination.

Pour Vaitavatava

Alors au collège, un événement prenant place en face de l’établissement intrigue le jeune artiste.

« C’était Ono’u. Je voyais cette femme peindre, en toute légalité une fresque sur un mur. J’étais fasciné car, je dessinais sur les murs de façon illégale. Je me suis dit que ce serait top de participer à cet événement. J’aime peindre sur les murs et si c’est légal autant y aller. »

Lorsqu’en 2022, le festival reprend, Madi et ses collègues sortent les sprays de peintures car cette fois-ci, c’est à eux de peindre. C’est en partenariat avec l’OPH que Vaitavatava se voit refaire une beauté par ses propres résidents, majoritairement des enfants de Huahine.

Rénovation et art pour le lien social

« Avec Ono’u, j’ai beaucoup appris. Avec des techniques telles que la projection… On a essayé de raconter une histoire avec des thèmes propres à notre quartier comme le sport et la culture traditionnelle. On a voulu également mélanger les scènes de vie. On a proposé l’histoire de Hotu Hiva qui est une princesse de Raiatea et qui est descendu à Huahine. On a voulu marier le traditionnel avec le moderne. »

Pour Madi, le dessin doit avant tout conférer des émotions. Plus qu’une fresque, c’est l’âme de la résidence et l’identité de ses habitants qui sont peints sur cette façade. Au-delà de l’image de la résidence, c’est celle de tout un quartier qui est métamorphosée par l’art.

Aux côtés des artistes professionnels, désormais de jeunes talents issus des résidences OPH leur prêtent main forte. À Vaitavatava, ce furent Madi et Gary mais aussi André, habitant de la résidence Luine à Papeete, révélé en mai dernier lors de la réalisation de la fresque intérieure et extérieure Te ao ninamu qui ont orné son lieu de vie.

Un avenir prometteur, le quartier dans le coeur

Artiste nomade comme il le dit si bien, Madi puise son inspiration dans les histoires de son quartier. L’aventure continue car le jeune homme souhaite aller plus loin dans l’expression de son quotidien.

« Je suis un artiste nomade, dans le sens où je touche à tout. Je m’exprime dans tout ce qui est à ma portée pour pouvoir le mixer par la suite. Dans cette optique, je vais commencer une formation dans l’audio-visuel et sûrement collaborer avec Lucid Dream sur divers projets. »

La motivation n’en démord pas chez Madi lorsqu’il imagine le message qu’il se serait adressé plus jeune.

« Mon gars ! Continue ! Ton père t’a emmené dans une bonne direction, entoure-toi des bonnes personnes, mets de côté les personnes toxiques et, à ce moment, je suis sûr que ton avenir sera plus radieux. »

Et pour redorer l’image souvent péjorative de Vaitavatava, Madi invite les gens à venir se faire leurs propres opinions quant à sa résidence. En guise de morale, nous laissons les justes mots de l’intrépide artiste nous guider.

« S’ils font du sport, venez rencontrer les sportifs ici. S’ils font de l’art, venez nous voir. On n’est pas réputé pour être un quartier chaud. Quand je pratiquais l’athlétisme, j’étais souvent jugé péjorativement parce que je venais de ce lieu. Moi au contraire j’en étais fier. C’est une fierté de vivre ici. Quand les gens te jugent et que t’arrives à prouver qu’ils ont tort avec des actions… C’est toi qui gagnes. »

Niuhiti Gerbier

Rédacteur

©Photos : Niuhiti Gerbier pour Hommes de Polynésie

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