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Société

Benoît Layrle, un gersois pour Super FENUA MAN

Benoît Layrle, un gersois pour Super FENUA MAN

Publié le 15 octobre 2018

Si l’histoire du tri du déchet en Polynésie Française pouvait être contée, nul doute que Benoît Layrle trouverait sa place au top 10 des personnalités à l’influence bienveillante. Le pragmatique scientifique, issu d’un milieu rural français, dirige le Syndicat FENUA MA. Hommes de Polynésie vous raconte comment ce gersois, pur terroir, est devenu super FENUA MAN.

« Quand j’étais aux Etats-Unis, j’ai eu la chance de faire un stage d’été à l’Ambassade de France à Washington. On m’a chargé de réaliser de la veille technologique sur l’environnement. »

FENUA MA, ce sont d’abord des femmes. Vous serez reçu par des sourires de femmes de caractère et il en faut dans ce milieu du tri des déchets ! 16 ans d’existence et toujours autant d’enthousiasme. Quel est le secret d’une telle longévité ? Pour le savoir, il faut se rendre à l’étage du second bâtiment abritant les locaux du syndicat. Ce dernier est situé face à la Maison de la Culture. Pendant que le directeur finit avec un dossier, on patiente en feuilletant les quelques livrets explicatifs relatifs aux missions de FENUA MA. Et lorsqu’enfin on parvient au bureau du directeur, on ne peut que constater que l’homme est fidèle à ses principes. Où que l’on pose le regard, le bureau de Benoît rappelle qu’ici « on prolonge la vie au maximum ».

Comment l’environnement est passé de sujet à enjeu

L’envie lui est venue dans les années 1993-1994, lorsqu’il était aux Etats-Unis.

« J’ai eu la chance d’effectuer un stage d’été à l’Ambassade de France à Washington qui m’a fait travailler sur la veille technologique sur la gestion des déchets faiblement radio actifs, hospitaliers et traditionnels. »

Il comprend alors que c’est exactement ça qu’il veut faire. Il arrête ses études scientifiques qui le destinaient à devenir professeur de physique-chimie et passe des concours pour intégrer une école d’ingénieur qui prépare aux métiers de l’environnement. Nous sommes en 1995, en pleine période de surconsommation et de sur-bouffe.

« J’ai été admis à l’Ecole des Mines d’ALBI-Carmaux qui était l’une des toutes premières filières françaises à proposer les éco-industries. Nous étions 25 dans la promo qui était la deuxième. Aujourd’hui je sais qu’elle forme plus de 100 ingénieurs par an. »

L’environnement, une notion qui lui vient de son enfance

Benoît, originaire du Gers, dans le sud-ouest de la France (non loin de Toulouse), vient d’un milieu rural français, proche de la pêche, de la chasse et de l’agriculture. Il est élevé dans les valeurs du terroir, symbole de la gastronomie et du manger local, une logique de proximité.

« Et ce qui est étonnant, c’est qu’en allant aux Etats-Unis, pays de la surconsommation, de la surbouffe, j’ai eu le déclic sur toutes ces possibilités industrielles, c’était en même temps le début de l’internet, c’est plein de choses qui démarraient. »

En 1998, il quitte les bancs de l’école pour un poste dans un bureau d’études de gestion des déchets des collectivités à Toulouse, en plein boum financier grâce à Zidane et ses coéquipiers. L’effet « Champions du monde » impactera jusqu’à l’enveloppe budgétaire allouée par le gouvernement français pour participer aux frais des collectivités pour avancer dans leur programme de tri. Le « Tri » était alors généralisé.

« Ma femme étant polynésienne, c’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il serait bien de lancer de tels projets ici, à l’époque c’était le démarrage de la SEP (Société Environnement Polynésien). »

En 2002, son épouse apprend que sa mère est gravement malade. Elle laisse tout sur place pour la retrouver au plus vite. Au même moment le patron de Benoît lui annonce qu’il vient de remporter une affaire avec la Mairie de Papeete. Benoît est alors dépêché sur place.

« On était au mois de février quand elle est partie, fin avril je travaillais pour la Mairie de Papeete. Nous n’avions que 3 semaines, j’avais pris deux semaines de congés supplémentaires. J’ai cherché ce que je pouvais faire professionnellement dans mon milieu. J’ai rencontré Karl MEUEL (PDG de la SEP à l’époque) et ai postulé en candidature spontanée. Il n’y avait pas de création d’emploi, il m’a dit « votre profil m’intéresse, j’attends le CA (conseil d’administration) ». Il m’appellera début juin et me dira : « Eh bien ç’est bon pour moi, tu peux commencer dès lundi. »

La mission commandée par Toulouse terminée, il intègre les locaux le 1er Octobre 2002. Une histoire incroyable car sa belle-mère était la présidente de l’association anti CET !

« Quand je rencontre ma belle-mère en 1997, elle m’explique son combat, je lui dis : « quand tu viendras en France je te ferai visiter un CET. Et c’est comme ça que je lui ai proposé des améliorations techniques à apporter au système.  Je lui ai aussi dit : au lieu de contester, demandez à améliorer le projet. Et c’est comme ça qu’elle a demandé l’implantation d’une station d’épuration et la mise en place du tri. Je lui ai transmis beaucoup d’éléments pour qu’elle puisse argumenter son combat. Et aujourd’hui je me retrouve à gérer cette structure ! »

LE TRI, on en est où ?

En faisant le bilan Benoît n’a pas changé de vision. C’est toujours son domaine de prédilection qui possède une marge de potentiel de développement énorme.

« Les gens ne se rendent pas compte mais il y a eu une dynamique énorme parce que dans le milieu des déchets c’est très long. Pour rappel en 1997 on crée la SEP, les centres de gestion des déchets. Mars 2000 les installations ouvrent et fonctionnent. 3 ans pour faire tout ça ! En sachant tous les problèmes juridiques avec les associations qui ont été engendrés… aujourd’hui la même chose, sans protestation sans rien, c’est 5 à 6 ans ! »

C’est simple, s’il fallait comparer l’évolution dans la gestion des déchets, on est dans le même contexte qu’un département français rural comme le Gers… Mais ce qui frappe c’est que la crise de 2008 a eu un effet bénéfique sur les déchets !

« En France il y a le même constat. Ce qui est très étonnant c’est que l’on était à 80 000 tonnes de déchets par an en 2008 et 50 000 aujourd’hui, soit 30 000 tonnes de moins par an ! Ce qu’on traite aujourd’hui en 3 ans, on le traitait en 2 ans avant. Si à l’époque on avait 10 ans de durée de vie, on passe à 15 ans aujourd’hui. Cela équivaut à 50% de gain et d’augmentation de durée de vie du CET par exemple. »

Je laisse Benoît sur cette réflexion pertinente : la crise de 2008 a réveillé certaines consciences. Désormais il faut être plus raisonnable et dire stop à l’abus.

Plus d'informations

Sponsorisé par FENUA MA.

Visiter le site internet  www.fenuama.pf et la page Facebook Syndicat FENUA MA

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photo couverture : Hommes de Polynésie
© Photos article : FENUA MA

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