
Vehiarii Teta, la mer est tout pour moi !
Dans la catégorie Hommes de Polynésie, nous avons jeté notre dévolu sur un Polynésien qui a fait de la mer son métier : Vehiarii Teta. A 38 ans, Véhiarii est second à bord du Haumana, un navire qui largue les amarres une fois par semaine de Raiatea, direction Bora Bora en passant par Tahaa. A son bord, touristes locaux et internationaux à la découverte des Îles Sous-le-Vent.
« Il n’y a que sur l’océan où je me sens le mieux en sécurité. Je suis le plus heureux des hommes lorsque je suis au plus près des éléments de la nature : la houle, le vent, le soleil, les étoiles, la lune, le sable, les oiseaux, les poissons, les coraux et la vie… »
Vehiarii Teta naît à Raiatea dans une famille de pêcheur, son grand-père l’initie dès son plus jeune âge à la navigation et aux techniques de pêche hauturière. Propriétaire d’un bonitier, toute la famille participait aux divers concours de pêche. Tout son temps depuis sa petite enfance, il le passe soit sur ou dans l’eau. Ses activités nautiques préférées sont : le surf, la pirogue, le paddle, la pêche, la plongée, le jet-ski et le bateau.

Sauvé des eaux
« J’ai travaillé très jeune, je n’avais que 14 ans et j’étais surtout en échec scolaire et sans diplôme. Le goût du travail et des valeurs m’a été transmis par mon grand-père, décédé maintenant. Par trois fois, j’ai failli perdre la vie ! La première fois, c’était à Moorea. Je n’avais que 2 ans. J’étais tombé à l’eau d’un ponton et c’est le berger allemand du voisin qui m’a sauvé. La seconde fois, j’avais 7 ans et j’avais percuté mon ponton en jet-ski. J’ai coulé, ai perdu connaissance et j’ai passé trois semaines dans le coma. Mes jours étaient comptés, mais j’ai survécu. Et la dernière fois, c’était sur le bonitier de mon grand-père. Il faisait mauvais temps ce jour-là. Les fils de pêche s’étaient emmêlés dans les hélices du bateau. J’ai dû plonger à plusieurs reprises pour les dégager avec mon couteau. Le bateau virait de bord pour me récupérer, mais vainement. Finalement, c’est ma mère qui m’a attrapé la main et qui m’a hissé à bord. Pour moi, la vie est un cadeau précieux du ciel ; je crois au mana et à ma bonne étoile. »
Vehiarii naviguait souvent avec sa mère, une des premières hôtesses marines de l’île dans les années 1980, pendant les vacances scolaires. Son père était également skipper. La navigation est profondément ancrée dans la famille, et elle n’a plus aucun secret pour lui.
Une destinée liée à la mer
« Quand j’ai eu conscience que ma vie et mon destin étaient liés à la mer, encouragé et soutenu par ma campagne de toujours, je me suis totalement focalisé sur ma formation en navigation afin d’obtenir le diplôme de capitaine 200, en mars 2014. »

Il est d’abord pêcheur professionnel sur poti marara pendant trois années. Grâce au développement du tourisme nautique aux Îles Sous-le-Vent, il travaille comme skipper pour une société de charter nautique de l’île en 2017. Par la suite, il incorpore l’équipage du Haumana, d’abord comme marin puis en tant que second.
« Ma fonction à bord du Haumana est de veiller à la sécurité et au bien-être des passagers du navire. Mais il m’arrive aussi de donner des cours de ‘ori tahiti ou encre de langue tahitienne. Ma spécialité est le décorticage de la noix de coco, ainsi que la logistique et le transport en navette des hôtes sur les les divers lieux d’activité et les motu. »
Vivre sa vie
Vehiarii est un homme qui aime partager sa culture avec autrui, dans le respect et l’humilité des traditions polynésiennes. Il est toujours de bonne humeur et partant pour rendre service à tout le monde. Toujours présent, on peut compter sur lui, il n’a pas peur du travail qu’on lui donne : chaque tâche est un défi qu’il relève.

« Je veux être un exemple pour la jeunesse de mon île et des Raromatai. On m’a donné ma chance et je l’ai saisie sans trop me poser de questions. Le message que vous donnent les jeunes aujourd’hui, c’est de vivre vos rêves en saisissant chaque opportunité qui se présente à vous. Chaque expérience est une belle leçon de vie et je vous encourage tous à prendre votre vie en main le plus tôt possible. Aujourd’hui, je suis un homme accompli, épanoui et je n’ai aucun regret. Certes le chemin n’est pas toujours facile. Bien souvent, il est semé d’embûches, mais c’est surmontable. Je peux vous confirmer que la récompense se trouve tout au bout du chemin. »

Shoshana
Rédactrice web
© Photos : Vehiarii Teta
Directeur de Publications : Yvon Bardes