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Portrait

Laurent Yan, au royaume du monarque

Publié le 23 décembre 2020

Dans cette vallée, Laurent n’a plus besoin de regarder où poser ses pieds. Et c’est tant mieux car c’est le regard accroché aux cimes qu’il avance. Il est technicien de terrain à la Société d’Ornithologie de Polynésie Manu. Pour sauvegarder le monarque de Tahiti, il arpente la vallée de Papehue presque tous les jours. Il en a exceptionnellement ouvert l’accès à Hommes de Polynésie.

De la mer à la terre

Si le monarque est un roi, la forêt est son royaume. Et c’est aussi le terrain d’investigation de Laurent, pour la Manu. Enfant, ce sont les documentaires de Jean-Yves Cousteau qui le mettent sur la voie de l’environnement. Passage par la France pour passer un Bac Pro, un DUT et un diplôme de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Perpignan. Il est alors spécialisé dans l’aquaculture, avant de veiller à la préservation du monarque, à partir de 2008.

«  Pour moi,  protéger le bénitier ou le monarque a le même sens. Ils ont tous deux un rôle à jouer dans la nature. »

Apporter sa pierre à l’édifice

Dans la vallée, il connaît chaque plante, chaque chant d’oiseau, l’emplacement de chaque nid et tous les méandres de la rivière. Ici, il remplit sa gourde directement à la source, là, il creuse dans le limon pour alimenter un autre bras de la rivière. Inlassablement, il dératise la forêt, ôte les espèces envahissantes, plante les arbres qui seront les aires de jeu de son compagnon à plumes.

« Ce n’est peut-être qu’une petite goutte d’eau pour le monde animal mais je fais ma part. »

Laurent dépose du poison dans un piège à rat

Des kilomètres avalés chaque jour, avec des passages délicats (croyez-en notre expérience…). Nul besoin de pratiquer un autre sport. A la maison, pour Laurent, c’est « repos » ! Et à ceux qui penseraient son parcours routinier, il répond :

« La nature change constamment. Un jour, je trouve une nouvelle plante à répertorier, le lendemain, la pluie a modifié totalement le paysage, plus tard je découvre un nouveau nid… Je ne m’ennuie jamais ! »

Cet ‘apape provenant de la pépinière sera bientôt planté

Une relation quasi mystique

Au fil du temps, Laurent a tissé un lien avec le monarque. Au point qu’il s’imagine des dialogues avec le ōmāma’o.

« Sur mon passage, certains viennent pousser des cris qui semblent dire :  » Mais qui es-tu, toi ? Que viens-tu faire chez nous ? » Alors je leur réponds que je suis là pour veiller sur eux, pour les protéger. »

Parfois, au contact d’un arbre, un frisson parcourt Laurent. C’est le mana qui se manifeste car il veille lui aussi sur le monarque.

Et à force d’efforts, son sort s’améliore. En 1998, ils n’étaient plus que 12. Ils sont aujourd’hui près de 80 individus, répartis dans trois vallées (Papehue, Hopa et Maruapo) et 12 poussins sont nés cette année. Mais le risque d’extinction est toujours présent.

« Si nous stoppions nos actions, les chiffres chuteraient très rapidement. »

De nombreuses problématiques subsistent auxquelles Laurent voudrait trouver des solutions. Il s’inquiète notamment de ne connaître la destination des jeunes monarques qui quittent la vallée durant plusieurs mois lors de leur première année. Identifier leur trajectoire permettrait de mieux les protéger. Laurent en appelle donc aux randonneurs ou chasseurs.

Laurent dans le canyon de Maruapo

LA relève

Dans l’immédiat, ce passionné veille également à assurer la relève.

« Beaucoup de jeunes aujourd’hui ne connaissent que le bulbul et le martin triste. Il faut leur démontrer la richesse de leur île et les sensibiliser. »

Pour cela, Laurent emmène régulièrement des élèves dans la forêt, pour qu’au moins une fois dans leurs oreilles, résonne la mélodie du monarque de ces lieux…

Marion Bois
Rédactrice web

© Photos : SOP Manu, Alain Petit, Marion Bois pour Hommes de Polynésie

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