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Raitini, vu du ciel !

Publié le 15 juin 2019

Vous avez forcément admiré un jour ou l’autre une de ces photos ou vidéos aériennes au-dessus de nos montagnes ou nos récifs. On les doit à Raitini Rey, ce jeune Polynésien à la tête de l’entreprise Matarai, qu’il décrit comme une famille. Celui qui est devenu un spécialiste international du drone raconte son parcours à Hommes de Polynésie.

Raitini nous reçoit dans sa grande maison-atelier sur les hauteurs de Pamatai. Un point de repère unique pour le trouver : l’hélicoptère sur le toit ! On ne pouvait pas se tromper… un atelier blindé comme un bunker pour des raisons de sécurité électro-statique !

Enfant de l'aéronautique et passionné de modélisme

Très vite on comprend comment ce prince du ciel a attrapé ce virus de la prise de vues aériennes. Il a baigné dans le milieu aéronautique depuis sa plus tendre enfance: son papa était contrôleur aérien, et sa maman adjointe au chef d’escale d’Air Tahiti. Résultat : deux enfants pilotes de ligne.

« Très jeune, j’ai été passionné par le modélisme et mon père m’offrait des maquettes, dont mon premier avion télécommandé »

Tout ce qui était jouet télécommandé faisait son bonheur : avion, hélicoptère, voiture, bateau avec une préférence pour l’avion. Il s’entraînait même pendant ses études au centre de formation Air France dans le Nord de la France, au château Amaury De La Grange…

PILOTE DU PRÉSIDENT DE LA POLYNÉSIE

À son retour au fenua après ses études, Raitini devient le pilote du président Temaru puis Tong Sang, sur l’ATR 42 présidentiel, à l’époque des « taui ». Il laisse alors sa passion de côté, jusqu’au jour où il voit sur Facebook l’annonce de la création d’une piste en bitume d’aéromodélisme à Outumaoro. Le virus le reprend…

« Très vite, j’ai ajouté une petite caméra sur mes avions et des motoplaneurs en polystyrène »

Habitant au PK 17 il lance son avion pour survoler le lagon et réussit à le poser en retour sur la plage, ce qui démontrait qu’une piste d’atterrissage n’était plus nécessaire. De retour à la maison, Raitini visionne les images réalisées et est émerveillé, il multiplie les sites : grottes de Maraa… Taharuu…. Il poste les vidéos sur YouTube. Nous sommes alors en 2011.

LE BUZZ AVEC UNE VIDÉO DE TEAHUPOO

Pour la première fois, un motoplaneur est lancé à Teahupoo depuis un bateau et rattrapé de la même manière. Cette fois, la vidéo en ligne est partagée par le site GoPro et génère des milliers de vues dans le monde entier …

« Vu l’engouement pour ce genre d’images, je décide avec des copains de monter Matarai, et je souris aujourd’hui en repensant à mes débuts »

Raitini rencontre alors Olivier Jean Bréaud, qui devient son ami et avec qui il expérimente des prototypes de drones à structure en bois, utilisant pour contrôleurs de vols les accéléromètres et les gyroscopes 3 axes des manettes de Nintendo Wii. Ils deviennent de véritables pionniers, donnant naissance à ce qu’ils appelaient des « bamboucoptères », et corrigent au fur et à mesure les défauts de vibration, en bricolant comme ils le peuvent, au point, d’ailleurs, d’utiliser des gels PIP (que l’on trouve dans les prothèses mammaires) pour monter leur caméra et absorber les défauts. Le terme « drone », soit dit en passant, est un abus de langage, puisqu’il s’agit en vérité, pour être précis, de multicoptères.

« Trois ou quatre ans se passent avant que l’on ne trouve dans le commerce des drones prêts à l’emploi, plug and play »

Ce furent donc des années de recherche et d’études avant la démocratisation de cet appareil. Un temps qui a permis à Raitini de concevoir des procédures de prévention, et de les appliquer toujours aujourd’hui malgré les progrès techniques.

LES DÉBOUCHÉS DANS L’AUDIO-VISUEL

Au départ, Raitini et son équipe ne voyaient pas le potentiel énorme de cette technologie. Il se rappelle de son premier client : le Super Aito, une course de va’a. Au départ, l’activité de Matarai représentait 60% de photos et 40% de vidéos, alors qu’aujourd’hui la vidéo représente 80% de l’activité.

« Aujourd’hui nos activités se diversifient : on travaille pour la surveillance maritime (pour le rahui notamment), on fait de la thermographie (pour la recherche d’un disparu par exemple), de la topographie, de la cartographie, de l’orthophotogrametrie pour modéliser une île en 3D, la lutte contre la fourmi de feu par épandage, la modélisation de marae… »

Pour ces activités annexes, il n’existe pas dans le commerce des accessoires permettant toutes ces variantes, si bien que l’équipe de Matarai continue à innover, concevoir et réaliser les outils les plus adaptés à la mission qui lui est confiée. Aujourd’hui Matarai devient aussi une boîte de production, et a réalisé son premier documentaire de 26 minutes, sur la Tahiti Pearl Regatta, diffusé récemment sur Polynésie la 1ère.

LE PROJET MATASPHèRES

Autre corde à l’arc de Raitini, le projet Matasphères : un réseau interconnecté d’images haute définition en 360°, permettant de naviguer sur une île par exemple, de zoomer sur un bâtiment et de trouver un lien pour visiter virtuellement le bâtiment, ou encore y trouver des infos pratiques (le cas d’une mairie par exemple). Ce projet qui a vu le jour grâce à l’incubateur Prism de la CCISM reste pour l’instant inachevé, faute de moyens, d’implication du territoire et de business angels, car il faudrait 50.000 images de ce type pour couvrir toute la Polynésie. Aujourd’hui le test a été réalisé sur l’île de Rurutu, à titre de « proof of concept », ce qui permet, à petite échelle, de démontrer le fonctionnement et l’utilité de ce projet.

MATARAI, UNE MERVEILLEUSE AVENTURE HUMAINE

« Mon aventure c’est de transmettre un maximum à mes gars, les pousser jusqu’à ce qu’ils soient meilleurs que moi. Même mes secrets que j’ai découverts au fil du temps, je les donne à John, mon bras droit.»

Raitini est un chef d’entreprise qui gère son équipe avec un management « à la Google », mettant sa maison à la disposition de ses employés, ne leur imposant pas d’horaires. Chacun sait ce qu’il a à faire et gère son temps comme il le veut, du moment où le job est fait en temps et en heure et que les objectifs fixés sont atteints. Et il tient beaucoup à cette considération envers ses collaborateurs, comme faisant partie d’une famille. Un management original que l’on ne retrouve pas beaucoup, selon Raitini, en Polynésie.

« C’est l’humain qui compte. On a beau avoir un matériel et des outils extraordinaires, on ne peut pas acheter la motivation des gens.»

Raitini s’entoure de gens passionnés, critère qu’il place avant la question des compétences.
On sent le chef d’entreprise épanoui et heureux, qui considère cette équipe formidable comme sa plus belle réussite. Dans un coin de son atelier high-tech, un panneau annonce la devise de Matarai et résume bien son état d’esprit: « Do what you love » !

Laurent Lachiver 
Rédacteur web

© Photos : Matarai.com

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