Olivier Kressmann, inspirer le changement avec la tech et agir pour l’intérêt commun (1/2)
Avec ses yeux bleus rieurs et son sourire franc, Olivier Kressmann est un homme de communication passionné par le monde économique local. Depuis son arrivée à Tahiti en 1986, il n’a jamais quitté le secteur du numérique ni l’entreprise Innovative Digital Technologies (IDT), qu’il a rachetée quelques années après y avoir débuté. Il a bien voulu raconter à Hommes de Polynésie son parcours atypique, empreint de bienveillance et d’altruisme.
L’informatique : un hasard devenu passion
Originaire de Guebwiller en Alsace, Olivier Kressmann, troisième d’une fratrie de quatre, quitte le cocon familial à 16 ans pour poursuivre sa scolarité à Belfort. Malgré un bac scientifique, son rêve de faire l’École navale échoue et il part à Strasbourg ne sachant trop quoi faire.
« C’est tout à fait par hasard, en croisant une amie d’enfance, que je suis venu à l’informatique. Elle faisait un BTS développeur informatique et elle m’a dit : « On apprend à écrire et à parler à une machine. »
Olivier se lance.
Le service militaire : une école de vie
À l’époque, il y avait encore le service militaire. Il se retrouve embarqué dans le 1er Régiment d’infanterie de Sarrebourg, au cœur de la Lorraine, associé à la Force d’Action Rapide. Là-bas, il n’est pas en première ligne des combats mais travaille dans l’informatique et la transmission.
« Cette expérience a été humainement passionnante et m’a fait prendre la pleine mesure de l’importance du service militaire. J’ai vu des gens qui arrivaient de quartiers très difficiles avec des mines patibulaires et je les ai vus un an plus tard, complètement métamorphosés sur le plan social et relationnel. Et ça, c’était le résultat de l’armée, de l’apprendre à vivre ensemble. »
Une opportunité à Tahiti
À la fin de son service, Olivier rejoint son frère, dentiste à Papeete.
« Je suis arrivé le 3 août 1986 à Tahiti. Mon frère m’avait dit : “Emmène ton CV avec toi”. J’ai vite compris qu’en informatique, c’était très développé, bien plus qu’en métropole. Le jour même, il y avait une annonce dans la presse pour un poste d’informaticien… »
Bien que ce poste lui échappe, il décroche un stage chez IDT, une société spécialisée dans la vente de matériel et de logiciels, filiale du groupe la Brasserie de Tahiti. Rapidement, il y évolue : de développeur pendant trois ans, il passe commercial.
IDT : des solutions informatiques uniques
Six années plus tard, en 1992, il a l’occasion de racheter l’entreprise avec trois autres jeunes cadres développeurs.
« On passait par les étapes, cahier des charges, analyse fonctionnelle détaillée, dossier de programmation… Cette approche n’existait pas ailleurs en Polynésie. On était petits, mais on était crédibles parce que notre cœur de métier, c’était la conception logicielle. On était perçus pour notre qualité, parce qu’un produit de qualité répond bien aux besoins. »
Les premiers contrats et la croissance de l’entreprise
Les premiers contrats importants ne tardent pas à arriver. Rapidement, IDT décolle, passant de douze à vingt-cinq employés.
« Puis est arrivé la mise en place de la TVA en Polynésie. Nos systèmes informatiques ont dû être complètement modifiés pour intégrer cette nouvelle notion. Un chantier important mais surtout l’arbre qui cachait la forêt du “bug de l’an 2000”. Heureusement, ça s’est bien passé. »
Ce tournant marque aussi un changement stratégique pour l’entreprise.
« On a décidé d’arrêter de réinventer l’eau chaude et de proposer des progiciels1 existants, comme Sage2, tout en conservant notre cœur de métier : le développement. C’est ce qu’on appelle être intégrateur : proposer des solutions de gestion informatisée et, si nécessaire, développer des modules complémentaires. »
Olivier insiste sur l’importance de bien cerner les besoins des clients :
« L’informatique, c’est un outil, pas une baguette magique. Notre travail consiste à identifier avec finesse la problématique du client pour lui apporter une solution adaptée pour travailler avec plus de confort. »
Tahiti : à la pointe de la technologie
« La Polynésie a cette chance d’avoir toujours été pratiquement à la pointe de la technologie. Il faut quand même toujours se rappeler qu’on est sur un marché de 280 000 habitants et quand on regarde les technologies qu’on a à portée de main pour ce nombre d’habitants, à l’autre bout du monde, au milieu du Pacifique communiquant avec la Terre entière, on est quand même pas mal ! »
Olivier conclut en soulignant l’importance pour le fenua de se savoir à jour des dernières technologies du numérique… et des compétences ! C’est tout l’enjeu du numérique moderne, qui ne peut que grandement participer au développement des archipels polynésiens.
« Notre plus grande force chez IDT ? Un savoir-faire, un savoir-être et un savoir adapter local incomparable, qui jamais ne seront égalés par des intervenants à distance… »
¹ Logiciel de gestion sur un domaine de gestion précis, dupliqué chez différents clients
² Éditeur européen de logiciels de gestion d’entreprise : comptabilité, paie, gestion commerciale…
Cl Augereau
Rédactrice web
© Photos : Cl Augereau et IDT pour Hommes de Polynésie
Directeur des Publications
Yvon Bardes