Thibault Gachon, bulles et passion
La Polynésie fait partie des plus belles destinations de plongée au monde, tant par la richesse de ses fonds marins que par son caractère exclusif. Le premier syndicat polynésien des centres de plongée vient de voir le jour, et Hommes de Polynésie s’est intéressé à Thibault Gachon, son Président, dont le parcours est pour le moins inspirant.
À la recherche de sa voie
Thibault naît à Marseille, en 1974.
« C’est là qu’est née la plongée aussi, Cousteau1 y a fait les premières bulles. »
Il a 3 ans quand sa famille quitte le bord de mer pour Châteaurenard, un petit village agricole en pleine campagne d’Avignon. Il a déjà un pied dans la mer et l’autre dans l’enseignement, avec un père ingénieur sur un chantier naval, et une mère professeur de coiffure. Mais ce qu’il aime, Thibault, c’est le commerce.
Mais après son BAC Scientifique, il intègre une faculté de sciences.
« Avec un BAC S, soit tu vas en prépa, soit en sciences. A l’époque je n’avais pas la maturité de dire à mes parents « Je veux faire ça », alors je me suis mis en échec complet, et j’ai bifurqué au bout de 2 ans en DUT Commerce. »
La fibre entrepreneuriale
Thibault y est comme un poisson dans l’eau. Il poursuit avec une maîtrise de gestion, spécialité Stratégie des Très Petites Entreprises (TPE). Son stage final se déroule dans un bureau d’études, qui finance des projets dans les pays en développement. Il voyage beaucoup et y prend goût, apprend vite, et se voit offrir le poste de consultant junior. 3-4 ans plus tard, la société fait faillite et un choix s’impose:
« Continuer comme consultant en permanence à l’étranger, ou changer radicalement de voie. »
Il commence par rester dans la même activité, mais à l’échelle locale et à son compte, avant de s’orienter vers l’enseignement.
« J’enseignais des matières comme le marketing, la comptabilité, ou encore développement du potentiel créatif et entrepreneurial, qui sortait du cadre, et ça m’a beaucoup plu ! »
Un jour, un copain de fac lui propose de monter un magazine d’actualité économique sur le département du Gard2. Au début, Thibault s’occupe de tout : rédaction, mise en page, suivi de l’impression, mise sous pli pour les envois postaux … 10 ans plus tard, il a une équipe de 10 employés.
« Cette aventure m’a permis de découvrir un monde que je ne connaissais pas, celui de la presse et de la communication. »
Thibault a alors 35 ans, et vit une sorte de crise de la quarantaine en avance.
« La plongée que j’avais commencé à pratiquer quelques années plus tôt me prenait de plus en plus d’envie et de temps …»
Une vie sous l’eau ?
Lors d’un baptême, pendant des vacances d’été dans le Var, c’est la révélation.
« La sérénité, les sensations, et cette vie sous l’eau, qui est le reflet à l’envers de la vie sur terre. »
A cette époque il vit à Montpelier, et fait ses premières armes à Palavas-les-Flots, petite ville Méditerranéenne. Il passe ses diplômes de plongée « sans trop savoir pourquoi », jusqu’au monitorat : MF1, DEJEPS, Instructeur PADI et SSI.
« En Martinique je découvre l’eau chaude et claire, les poissons multicolores… La plongée a pris une toute autre dimension à mes yeux !»
Il y a quelques années, lors d’une plongée à Marseille, Thibault rencontre la femme qui deviendra sa partenaire dans la vie comme en affaires : Marion. Elle est institutrice, et a passé ses niveaux à Tahiti, où elle a vécu quelques années. Ils décident de tout plaquer pour devenir moniteurs. Un poste aux Maldives leur est proposé, et leur permet de tester ce job à temps plein.
« Et là je découvre encore autre chose : l’industrie de la plongée, en tant que prestation haut de gamme. »
Thibault gravit les échelons et en 2 ans passe de moniteur à manager d’un gros centre de plongée.
La Polynésie
Ils quittent les Maldives avec un billet tour du monde en poche, en se laissant la liberté de choisir la destination finale de leur voyage.
« 24 heures à Tahiti ont suffi pour nous décider à rester ici. L’ambiance, l’accueil, les senteurs, les couleurs… en pleine saison des baleines, et dès la 1ère plongée – des requins tigres ! »
2ème coup de foudre : les Tuamotu, avec Fakarava. L’entrepreneur qu’il est réalise une étude de marché, et la faisabilité est évidente. En 8 mois, ils ouvrent leur club, à Fakarava. C’était il y a 5 ans.
En parallèle, Thibault fédère, comme il a toujours su le faire.
« J’ai été Président du Bureau des étudiants, puis du Club de la presse que j’ai remonté car il n’existait plus, j’ai créé un Club d’Entreprises, FACE Gard – avec la Fondation Agir Contre l’Exclusion. »
Alors quand les centres de plongée décident de se fédérer, il est désigné comme une évidence. Aujourd’hui, il aimerait voir plus de moniteurs de plongée Polynésiens, car la demande est réelle. Et les choses évoluent dans ce sens, puisque depuis 2 ans on peut se former localement auprès des clubs, et passer un examen final auprès de la DJS3.
« Il existe des aptitudes naturelles innées chez les Polynésiens pour ce métier. Quand on ajoute à ça leur amour pour le fenua et la passion qu’ils transmettent en en parlant, ça en fait des guides de plongée inestimables. »
1 Jacques-Yves Cousteau, connu comme le « commandant Cousteau », est entre autres l’inventeur du détendeur, pièce maîtresse de l’équipement de plongée sous-marine.
2 Gard Eco, hebdomadaire
3 Direction de la Jeunesse et des Sports
Lubomira Ratzova
Rédactrice web
© Photos et vidéos : O2 Fakarava, Lubomira Ratzova pour Femmes de Polynésie