Terai Maihi, propriétaire du Ranch Opunohu Valley
Originaire de Papetoai, Terai Maihi, plus connu sous le nom de « So », est le propriétaire du Ranch Opunohu Valley. Toute sa vie durant, il a pris soin de ses chevaux et offert des promenades de qualité à sa clientèle dans la vallée d’Opunohu. Il se confie à Hommes de Polynésie pour nous expliquer son parcours ainsi que sa passion pour cet animal.
Une demande émanant des touristes étrangers
Après ses études au Lycée Agricole en 1970, Terai Maihi s’installe à Tahiti pour travailler dans la mécanique. Après le décès de son père adoptif, il revient à Moorea pour reprendre l’entreprise familiale de transport en commun. Quelques années plus tard, il décide de créer son premier ranch à Haapiti.
« Lorsque j’habitais chez ma mère adoptive à Haapiti, je possédais déjà un cheval. Toutes les fins de journée, j’allais me promener sur la plage en face du Club Med. Les touristes me prenaient en photo et me demandaient souvent si je ne voulais pas louer mon cheval pour qu’ils se promènent à leur tour. C’est de là que m’est venue l’idée de créer mon ranch. »
Gagner de l’expérience en Alsace
Terai commence alors à proposer aux touristes des promenades à cheval le long de la plage du Club Med. Il décide aussi de partir de temps en temps en vacances en Alsace chez son ex-belle-famille (sa première compagne étant alsacienne) pour apprendre à dresser cet animal.
« Je suis parti en Alsace afin d’avoir plus d’expérience dans le tourisme et surtout dans le dressage de chevaux. Je voulais apprendre comment m’adapter à cet animal, comment en prendre soin, comment le monter et le guider… Mon ex-belle-famille n’avait pas de ranch, mais elle possédait des chevaux. On trouvait même beaucoup de chevaux en Alsace. On pouvait se promener dans la nature avec différentes espèces (de cheval). »
Découverte de la beauté de la vallée d’Opunohu à cheval
En 2000, Terai prend la décision de construire un nouveau ranch sur une des terres domaniales de la vallée d’Opunohu. Depuis, il propose des promenades à cheval d’une demi-heure, d’une heure ou de deux heures afin de faire découvrir à sa clientèle les beaux paysages de cette vallée.
« L’offre de 30 minutes est consacrée aux enfants. On va alors juste faire le tour des plantations d’ananas en passant dans la forêt. Concernant le parcours d’une heure, on découvre plus de choses en montant plus loin dans la montagne. Ceux qui choisissent l’offre de deux heures ont, pour leur part, l’occasion d’aller sur les points de belle vue comme « Le Plateau du Bounty » ou dans des endroits encore méconnus de la vallée. »
Promouvoir son activité auprès de la population locale
Aujourd’hui Terai, qui possède près d’une vingtaine de chevaux, est satisfait de la longévité de son ranch. Il reconnait cependant que la majorité de ses clients ont toujours été des touristes métropolitains ou venant de l’étranger. Bien que la clientèle touristique soit suffisante pour faire tourner son activité, les Polynésiens commencent à venir depuis 2 ou 3 ans.
« Auparavant, les polynésiens aimaient bien regarder les chevaux de loin sans toutefois avoir envie de monter sur l’animal. Ils voyaient vraiment cela comme une activité touristique. Durant la crise sanitaire, certains étaient obligés, en raison du Covid, de rester sur l’île pour faire des activités au lieu de voyager. C’est à partir de ce moment qu’ils ont commencé à venir à notre ranch. Le fait aussi que des navettes maritimes comme l’Apetahi Express se déplacent depuis quelque temps dans les îles sous-le-vent nous a permis d’accueillir des habitants de différentes îles. »
Cherté des aliments pour les chevaux et mauvaise qualité de l’herbe
Le manque de visibilité du ranch ainsi que l’absence de panneaux d’indication dans la vallée n’auraient pas non plus aidé Terai, selon lui, à faire connaitre son ranch au sein de la population locale. Le propriétaire compte donc faire les efforts nécessaires pour mieux promouvoir son activité. Il estime tout de même que certains facteurs externes peuvent lui porter préjudice, comme la cherté des aliments pour nourrir ses chevaux ou la mauvaise qualité de l’herbe dans la vallée.
« Le prix des aliments comme le tourteau ou le concassé ont augmenté de 10 à 20 % par rapport à ce qu’on pouvait trouver il y a deux ans. Ça commence à nous coûter très cher. On est obligé d’aller chercher de l’herbe pour compléter l’alimentation de nos chevaux. Or, l’herbe peut aussi quelques fois être de mauvaise qualité. Elle est trop sèche en période de sécheresse ce qui entraine la création de poussière. Quand il pleut par contre, elle pourrit plus vite en raison de l’humidité. Il faut du coup trouver le juste milieu. »
Les herbicides, un danger pour les chevaux, les randonneurs et les agriculteurs
Autre gros souci pour Terai, celui de l’utilisation massive d’herbicide dans les plantations d’ananas de la vallée d’Opunohu.
« Les herbicides devraient normalement être utilisés dans des conditions bien particulières vu que ce sont des produits toxiques. Leur utilisation dans les plantations d’ananas de la vallée peut entraîner des répercussions sur la santé de nos chevaux ainsi que sur celle des visiteurs locaux ou étrangers qui viennent se promener dans la vallée. De plus, la majorité des utilisateurs de ces herbicides ignorent les dangers considérables que représente l’exposition à ces produits pour leur santé. »
Un appel à protéger la nature
Terai garde toutefois le moral et se sent pleinement épanoui dans son activité professionnelle. Enfin, il appelle tout le monde à continuer à protéger l’environnement.
« Il faut que la population reste en contact avec la nature et la préserve. On peut très bien, par exemple, faire des terrassements ou construire des routes sans dénaturer les paysages naturels. Tout est possible. »