Kahiki, la voix de l’âme
Kahiki Tehaamatai est chanteur, auteur et compositeur polynésien à la voix grave, suave et tranquille. L’aura qu’il dégage semble emprunte d’une sagesse subtile et sensible. Enfant du monde qui a posé ses notes sur plusieurs continents, sa musique invite à un voyage transcendant. De retour au fenua pour un concert à l’Intercontinental samedi 5 mai prochain à 17h30 et en préparation de son deuxième album local « by locals », Hommes de Polynésie a rencontré Kahiki, de « retour aux sources ».
Un enfant du fenua et d’ailleurs
Kahiki est né à Papeete de parents artistes, deux amoureux des voyages où ils aiment partager leur musique et vivre de belles rencontres. C’est à Paris qu’il commence à gratter la guitare à l’âge de 14 ans. Avec un appétit pour « les styles que l’on peut déformer » comme le métal ou le punk, il forme un groupe avec les copains et libère la musique qui est en lui, appelé par le rythme qui coule dans ses veines.
Très vite, il explore son propre style et se sent appelé par la composition musicale, il décide de quitter l’école pour se consacrer à sa passion. Il intègre la très réputée American School of Modern Music of Paris pour une formation de trois ans et se spécialise dans la production et l’arrangement autour de son instrument fétiche, la guitare. Ses professeurs font partis des grands artistes de la musique. Parmi eux, Shannon Murray, connu sous le nom de Saxman, marque profondément le jeune polynésien.
« Il m’a ouvert les yeux au pouvoir de la musique. C’était un professeur incroyable. En un seul cours avec lui, j’ai compris plus sur la composition qu’avec mes autres professeurs. »
L’expression de son talent
La musique dans la peau, il se nourrit de voyages à Istanbul, en Australie, en Nouvelle Zélande ou en France pour délier la musique qui habite son corps. Lui qui se dit influencé par Jimmy Hendrix, Stevie Ray Vaughan ou encore, Ben Harper dont il aime le style en slide, recherche sa voix et les histoires qu’il souhaite partager avec le monde. De retour dans le Pacifique, Kahiki s’installe à Rarotonga, aux îles Cook avec une mission : celle d’enregistrer son premier album. Il redécouvre la vie des îles et se produit dans des hôtels locaux.
« Jusqu’à présent, j’avais l’habitude d’être seulement le guitariste et de jouer. Ici, je suis devenu le groupe entier ! »
Poussé par l’envie de partager ses connaissances, il commence à enseigner la musique aux enfants et met ses compétences au service des groupes locaux. Il développe son style vocal pour mieux exprimer sa créativité… Avec sa voix à la croisée entre Charlie Winston et Ben Harper, Kahiki surprend par la profondeur de ses accords et de ses paroles. En 2013, il sort son premier album « No man’s plan », l’histoire d’un « happy go lucky » qui revient chez lui avec une valise remplie de trésors après son tour du monde. Ce retour chez lui, c’est ce qu’il vient vivre à Tahiti.
L’âme de son peuple
Kahiki a le regard plongé dans l’horizon, son corps résonne avec l’héritage des racines qu’il transmet dans chacune de ses chansons. Ses paroles expriment une philosophie de vie, un regard sur l’autre et sur la terre où il nous invite à poser nos pieds pour danser avec l’éternité. Ses doigts glissent sur les sons où le rythme caresse des appels à la fraternité et à une existence simple et tournée vers l’autre. Dans ses chansons, Kahiki distille une musique qu’il définit comme « du roots rock reggae teinté de soul et de rock pur ».
Amoureux des rencontres, des connexions et des partages qui font la vie, il affectionne particulièrement la scène où il se sent vivre.
« La scène c’est la vie. J’aime être en contact avec le public, créer des liens, sentir ces moments où l’on vibre tous ensemble, cette connivence qui nous rend « un ». »
Aujourd’hui, Kahiki affirme son style bien à lui avec une nouvelle mission, « celle de réveiller son peuple, d’avancer ensemble et d’évoluer vers une nouvelle société… ». Qui serait proche d’une vie en communauté imprégnée par des valeurs tournées vers la fraternité, l’écoute et l’amour… des notes et de la musique qui transcendent, qui font vibrer et qui nous unissent les uns aux autres.
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Sur la page Facebook Kahiki
Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photos : Céline Hervé Bazin, Kahiki Tehaamatai