Faatau, tout quitter pour une vie plus simple à Tureia
Père de famille et jeune grand-père à l’âge de trente-neuf ans, Faatau n’est pas de Tureia, mais des Iles Marquises. C’est sa femme qui est de Tureia. Ils sont venus s’installer dans cette île il y a une vingtaine d’années. Les choses ne se sont pas faites facilement. Il leur a fallu plusieurs tentatives, de nombreux va-et-vient entre les îles avant d’y habiter définitivement. Puis le choix de vivre à Tureia s’est fait évident.
« La vie à Tahiti n’a été faite que de galères. »
Faatau dit qu’à plusieurs reprises, sa femme et lui ont fait l’essai de vivre à Papeete. Mais Papeete est une ville où la vie peut s’avérer difficile pour les gens des îles. Alors un jour, ils ont tout arrêté. Ils ont décidé de faire leur nid à Tureia, de s’y installer définitivement avec leur petite famille.
Visite d’un village coquet et gai
Faatau m’emmène visiter le village. Nous passons par la mer où s’étale une plage immense et belle. De retour sur la route, nous longeons le célèbre « blockhaus » protégé, l’école et bien d’autres bâtiments administratifs. La mairie est bâtie en béton armé sur de très hauts pilotis. Elle sert d’abri à toute la population en cas de cyclones ou de tsunami. Nous marchons sur une route de sable, au milieu d’un défilé de maisons peintes de couleurs gaies, roses, oranges, vertes ou bleues. Des maisons posées à même le sable et entourées de jardins coquets.
Son lieu de vie et de survie
« La décoration est faite par madame. »
C’est ce qu’il me dit en arrivant chez lui. La maison est le domaine de sa femme et le jardin, le sien. C’est une véritable plantation. Il y pousse des tomates, des patates douces, de la canne à sucre, des taro, etc. mais également des vignes, des figuiers, des papayers, des arbres vi Tahiti1, des tumu uru2 ou maiore3.
« J’essaie d’assurer la survie de ma famille. »
Faatau a développé un mode de vie intéressant qui le libère de l’obsession pécuniaire.
« Je vis du coprah et de la pêche. »
Comme beaucoup d’habitants des îles, Faatau travaille le coprah et le vend aux navires qui passent. Il obtient du cash ou l’échange selon les besoins du moment. Ce jour-là, il échangeait son coprah contre des sacs de ciment. Il dit que le travail du coprah est très dur. Il lui a fallu du temps et une pratique assidue pour le maîtriser. Plus d’un s’y essaient et abandonnent ce travail très physique.
Lorsqu’il ne travaille pas au coprah, Faatau va pêcher. Avec les poissons qu’il attrape, il nourrit sa famille, et il pratique le troc. Il peut ainsi échanger son poisson contre des vêtements pour ses enfants, ou des produits alimentaires pour sa famille.
« J’adore cette vie. Nous ne manquons de rien. »
Faatau est fier de pouvoir dire qu’il est heureux à Tureia. Il dit qu’il a pris conscience que leur vie dans cette île est belle. A Tureia, il se sent libre. Même pour l’électricité, il n’a pas de soucis à se faire. Il n’est pas nécessaire de posséder un groupe, car la Commune de Tureia distribue à partir de son groupe de l’électricité à tous les foyers. Les habitants achètent un forfait sur une clé USB. Ainsi, il n’y a pas de mauvaise surprise à la fin du mois. Ils savent exactement ce qu’ils consomment. Une vie simple, belle et pratique.
L’Église et la foi : deux facteurs qui unissent et rassemblent la population de Tureia
« L’Église, c’est notre vie. »
Une pause incontournable se fait à l’église. Deux églises se trouvent côte à côte. L’une d’entre elles est ancienne. Elle date de 1893. Elle n’est plus utilisée, mais la visiter est un moment ravissant. La construction de l’autre église est récente, et c’est là que se réunissent les habitants de l’île.
Faatau s’assoit au fond de l’église près du bénitier. Il regarde la croix et prie.
« Vous venez tous les dimanches ? »
« Nous sommes ici tous les jours de la semaine, me répond-il, nous venons le matin, nous venons le soir ! Dieu a la première place dans notre vie. »
Rai Chaze
Rédactrice web
© Photos : Rai Chaze