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Évasion

Eddy Barsinas, un enseignant expatrié en Espagne

Publié le 3 avril 2020

Toujours faire de son mieux, avec ce qu’il a, peu importe où il se trouve… Mais surtout avec le sourire ! Cela pourrait résumer le personnage haut en couleur qu’est Eddy Barsinas, un infatigable amoureux de la vie et des autres, qui vit depuis un an à Madrid, capitale de la plus grande ville d’Espagne. Hommes de Polynésie vous en dit plus sur ce madrilène d’adoption qui, malgré ses ailes, a toujours ses racines bien ancrées en Polynésie.

Le sens des responsabilités dès l’enfance

Originaire de Hanavave, la baie des Vierges, sur l’île de Fatu Hiva aux Marquises, Eddy grandit au sein d’une fratrie de huit enfants. Son père, sculpteur, et sa mère, artisane et agricultrice lui donnent une éducation tournée vers la nature et la culture marquisienne. À l’âge de rentrer en sixième, il doit faire le choix de quitter son île pour aller au collège.

« Je suis allé en internat à Nuku Hiva. C’était très difficile, 13h de bateau. Aujourd’hui, je n’ai plus le mal de mer. »

En 2001, il part au lycée à Tahiti et obtient son bac à 17 ans. Il s’inscrit ensuite à l’UPF car il souhaite devenir infirmier.

« À l’époque, nous n’avions pas beaucoup de sous et je devais gérer mes petits frères et sœurs qui arrivaient des Marquises. Ce n’étaient pas les conditions idéales pour réussir. J’ai donc postulé à la DEP pour être enseignant remplaçant. »

Eddy est rempli de gratitude envers sa cousine professeure des écoles titulaire, Evelyne Gilmore qui l’a conseillé et aidé. Par la suite, il intègre l’école normale de Pirae dont il sortira titulaire en 2009.

Son parcours d’enseignant

Avide de découvrir les Tuamotu, Eddy est muté à Hao, où il y restera une année. Il revient ensuite enseigner à Tahiti à l’école de Tiarei puis à celle de Nahoata, à Pirae.

« Nahoata, c’est un quartier défavorisé. Dans une maison de trois chambres, il peut y avoir quatre familles qui habitent dedans. On s’est investis dans un projet d’accompagnement des parents, 90% d’entre eux ne travaillaient pas. »

Les parents s’engagent avec l’équipe enseignante pour la réussite de leurs enfants. Épaulés par la mairie de Pirae, le projet est mené avec beaucoup de satisfaction et au bout de la 2ème et 3ème année, les statistiques de réussite scolaire s’améliorent.

« C’étaient les quatre plus belles années de ma carrière, les plus constructives. On se doit d’aider les enfants qui ont des besoins spécifiques et leur permettre de s’accrocher pour poursuivre leurs études le plus loin possible. »

Par la suite, il devient mobile titulaire pendant un an dans les écoles de Papeete. Une nouvelle expérience.

« Ça m’a permis d’être polyvalent, de ne pas avoir peur de prendre une classe dans n’importe quelle situation et de tout mettre en œuvre pour faire bénéficier aux enfants d’un enseignement de qualité. »

Il intègre ensuite l’école maternelle de Ui Tama à Papeete mais décide de postuler dans un Lycée français en Espagne, où vit son partenaire depuis trois ans.

Sa vie de professeur des écoles en Espagne

Pour enseigner à l’étranger, il y a deux façons de faire :

  • Soit postuler en tant que résident, via le réseau AEFE : l’établissement scolaire visé demande un détachement auprès de l’académie d’origine de l’enseignant ;
  • Soit se mettre en disponibilité de l’éducation, passer un entretien auprès de l’établissement visé, et obtenir un contrat « local ».

« J’ai postulé dans les deux cas mais je n’ai obtenu qu’un contrat local. Depuis septembre 2019, je suis enseignant remplaçant au Lycée français de Madrid. »

Eddy baigne dans un milieu où les parents sont très impliqués dans l’éducation de leurs enfants.

« Cela fait 4 semaines que je fais du télé enseignement à distance pour mes élèves de CE1. Il faut tout détailler, audio et support qui vont avec. Je bosse plus à la maison qu’en classe. Mais je suis content, c’est formateur. »

Si on le prend pour un brésilien ou un latino, Eddy est heureux de vivre avec les locaux, de découvrir leur culture, mais aussi de partager la sienne.

« Je compte rester 4-5 ans en Espagne, puis revenir à Tahiti enseigner l’espagnol en collège. Oui, ça va me demander de me replonger dans les études, mais pourquoi pas ? »

Si sa famille et ses amis, le Heiva, la nourriture polynésienne et porter des chemises locales lui manquent, Eddy vit son rêve d’enfant. Il se rappelle avec émotion des conseils de vie de son grand père marquisien : « trouve d’abord un travail. Ensuite, profite de la vie ». Confiné en appartement, sans terrasse dans une Espagne qui subit une crise sanitaire d’envergure, il est heureux et fier malgré tout d’avoir osé partir à l’étranger, pour revenir au Fenua riche de nouvelles expériences, à partager.

Tehina de La Motte
Rédactrice web

© Photos : Hommes de Polynési

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