
Benjamin Ignace, sensibiliser à la conservation des espèces grâce à la photographie
Ce sont les oiseaux, peuple de l’air, des flancs de montagnes et des bords de mer qui nous guident jusqu’à Benjamin Ignace. Biologiste spécialisé dans la conservation de la biodiversité, ami de la faune et de la flore, photographe passionné, il s’ouvre à Hommes de Polynésie sur ses missions et ses espoirs.
LA NATURE COMME TERRAIN DE JEU
Enfant, Benjamin Ignace s’évade déjà dans la contemplation de la biosphère.
« Depuis tout petit, j’ai eu vraiment un coup de cœur pour la nature. J’avais la chance d’habiter proche d’une forêt, j’y allais souvent. »

C’est au cours de ses études qu’il se voit proposer la possibilité de travailler en Polynésie.
« Je suis arrivé dans le cadre d’un stage de fin d’études, un master en Gestion et Conservation de la biodiversité. Étant déjà très attiré par les îles, j’avais envie de bouger très loin. Par un concours de circonstances, j’ai eu le contact de l’association Manu-SOP, qui m’a proposé de faire un stage pendant 6 mois. »
UN MÉTIER DE PASSION
Le jeune homme s’envole donc pour l’archipel des Marquises.
« J’ai fait mon stage là-bas, en lien avec la conservation du monarque de Fatu Hiva, l’espèce la plus menacée de Polynésie. Ils ne sont plus que 16 individus pour 3 couples. »

Son stage terminé, il doit rentrer à Marseille pour finaliser son master. Le manque de débouchés dans son domaine, et le souvenir d’une Polynésie en accord avec ses valeurs et ses ambitions poussent le jeune diplômé à revenir. Benjamin refait ses valises avec enthousiasme, avec pour objectif de continuer son travail avec Manu-SOP sur le monarque de Fatu Hiva.
« Le projet a continué à grossir, grossir, et au bout de 2-3 ans, je suis passé sous contrat mais ai également travaillé sur d’autres projets. Cela fait 5 ans que je suis ici et je m’y sens bien. »

Son travail de biologiste consiste à restaurer des habitats, à contrôler les prédateurs introduits, ainsi qu’à mener des études sur les individus menacés et leur environnement.
DÉCOUVERTE D’UNE CULTURE
Après 5 ans passés à Fatu Hiva, notre conservationniste s’est non seulement attaché aux espèces qu’il découvre et protège, mais aussi au patrimoine culturel.
« Les oiseaux sont très connectés à la culture polynésienne. »

Désormais installé à Tahiti, il continue sa mission sur un autre spécimen, lui aussi menacé.
« Je travaille sur le monarque de Tahiti, que l’on trouve seulement dans trois vallées : à Papehue, Hopa et Maruapo. En Polynésie, il existe 30 espèces d’oiseaux endémiques, 20 sont menacées et 10 en danger critique d’extinction. Le plus gros pic d’extinctions a été bien sûr avec l’arrivée des Européens, et à l’introduction de nouvelles espèces comme le rat noir. »

LA FORCE DES IMAGES
Au-delà de son activité de biologiste, Benjamin Ignace est également photographe.
« C’est bien plus qu’une passion. J’adore prendre des photos pour sensibiliser sur la conservation des espèces et de leurs habitats grâce à la puissance des images et de ce que cela peut raconter. »

Sa connaissance du terrain et son admiration pour l’environnement lui confèrent des atouts précieux. Ses clichés révèlent des spécimens difficilement observables dans leur habitat naturel. Grâce à son œil aguerri d’ornithologue, Benjamin parvient non seulement à sensibiliser le grand public à la conservation des espèces en danger, mais aussi à convaincre de potentiels financeurs de soutenir des projets de préservation.
« On a eu pas mal de soutien quand un article est paru dans BBC Wildlife Magazine. Ça a permis de soulever des fonds. »
Que ce soit dans le cadre de l’association Manu-SOP ou pour son plaisir personnel, ce chasseur d’images amateur d’exploration a fait de la photographie l’une de ses activités principales.

« Ça m’arrive souvent d’aller faire des photos d’oiseaux. Je pense que je suis amoureux de l’écosystème dans lequel ils habitent : les forêts, les vallées… »
Son futur projet ? Mettre en lumière les habitats des espèces endémiques de nos îles. Grâce à celui-ci, il espère nous sensibiliser à la conservation des écosystèmes fragiles qui nous entourent, tout en nous exhortant à partir à leur rencontre.
« Il y a vraiment de belles choses cachées au cœur des vallées et dans les montagnes, ça ne demande qu’à être découvert et apprécié, tout en respectant la nature et ses habitants. »


Rédactrice
©Photos : Benjamin Ignace pour Hommes de Polynésie
Directeur des publications : Yvon Bardes