[1/2] Tuiterai Salmon, plonger dans le monde des requins
Rendre justice aux requins
« Au lieu de me demander ce que je voulais, je me suis plutôt demander ce que je ne voulais pas. Ça aide mieux à savoir vers où on va se diriger et je ne voulais absolument pas être dans un bureau. Je voulais être dehors. Je me suis dit l’environnement ça peut être cool et je ferai du travail de terrain. Avant d’arriver au musée et au Criobe, j’y connaissais pas grand-chose en Biologie marine. Ça a été un apprentissage de zéro. »
« Là actuellement, je ne travaille plus pour le musée, je suis en train de faire mes études. Mais je suis obligé d’avoir une activité professionnelle à côté. Donc je vais commencer un travail sur un projet qui va durer 2 ans et c’est sur le suivi lagonaire à Moorea. Le nom du projet c’est Arata’i. On commencera officiellement en mi-août. »
« Je me suis dit qu’il y a beaucoup de gens qui s’occupent des coraux, des tortues donc pourquoi pas les requins. Parce qu’on te parle de beaucoup de choses quand t’es petit, les raies, les tortues, les poissons, les récifs, tout ça. Le requin c’est un sujet vraiment intéressant dans le sens où on n’en sait pas tant que ça au final. Le requin c’est un animal qui a été très diabolisé de par la culture cinéma. Il y a énormément de choses à faire là-dessus. »
« Faut savoir qu’au niveau de la population des juvéniles de requins à Moorea, les deux espèces présentes sont les requins pointes noires et les requins citron. Le souci avec les requins citron, c’est qu’ils sont localisés uniquement sur la côte ouest, ils ne sont pas répartis autour de l’île. En tout cas pas de manière homogène. Ils sont très sensibles au stress. […] Quand on les manipule durant nos travaux de terrain, on fait attention particulièrement aux requins citron. Il y en a qui peuvent mal réagir et commencer à se raidir. Dès qu’un juvénile commence à se raidir, ça devient dangereux parce qu’il commence à mourir. Et ça, c’est arrivé pas mal de fois avec les requins citron. Bon, y en a aucun qui est décédé heureusement. Mais ils ont une moins bonne tolérance au stress que les pointes noires. Les requins pointes noires sont plus faciles à étudier en général. »
Recycleur, une formation parmi les plus dures
« Je l’ai terminée du coup. […] Ça rentre dans le domaine de la plongée technique. Donc là on n’est plus en plongée loisir. T’as beaucoup plus de risques, beaucoup plus de connaissances à avoir et beaucoup plus d’expérience à acquérir pour faire face aux difficultés que tu pourrais rencontrer sous l’eau. Par les risques que tu prends, le matériel nouveau que tu apprends à utiliser. […] J’avais jamais vraiment galéré en plongée parce que je me suis formé assez vite. »
« Je pense que le plus compliqué c’est vraiment la prise de décision face aux situations difficiles que tu peux rencontrer sous l’eau. Que ce soit par rapport à toi ou le binôme avec lequel tu plonges. S’il a un problème, il faut que tu puisses intervenir. Tout en ne te mettant pas en danger en priorité. Si tu peux intervenir, comment est-ce que tu peux le sauver ? Avant même de savoir t’occuper de ton binôme, faut que tu saches t’occuper de toi-même. La plongée c’est pas un jeu, il y a beaucoup de risques. […] Tes erreurs tu les paies vraiment cash, avec le recycleur ça a 10 fois plus d’impact qu’en circuit ouvert. Le manque d’expérience ça m’a fait un peu pêcher et pour ça je vais plonger encore et encore. »
« Faut te confronter à des situations compliquées pour mieux te connaitre et savoir comment tu vas réagir. Faut pas plonger avec n’importe qui, faut plonger avec des gens de confiance dans le sens où tu sais qu’ils sont de bons plongeurs, sécuritaires, et ça c’est très important. La plongée c’est vraiment un sport d’équipe. Tu ne plonges jamais tout seul, toujours avec ton binôme. »
Rendez-vous la semaine prochaine pour la Partie 2 de l'article
Rédacteur
©Photos : Manutea Garcia, Clémentine Seguigne et Rachel Moore pour Hommes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES