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Art & Culture

Teata, la musique pour se relever

Publié le 12 juillet 2020

“En Polynésie, on grandit dans la musique, elle est partout autour de nous. On est des enfants du rythme.” C’est avec une tendresse perçante que Teata se confie à Hommes de Polynésie, en regardant par la fenêtre de sa chambre avec mélancolie.

La passion et l’écoute

C’est dans les quartiers de la Mission et à Maupiti que la passion pour la musique guette Teata dès le plus jeune âge. Il se fait souvent chasser des attroupements musicaux de quartiers, par ses confrères plus âgés.  

“ On jouait sur le pont de la Mission, puis les grands venaient me chasser car j’étais trop jeune.” 

A cette époque, Teata écoute déjà les orchestres locaux les plus connus : des Barefoot Boys aux groupes du Quinns, il n’en manque aucun.

“J’ai acheté un maximum de cassettes, j’écoutais, et j’essayais de suivre à la guitare.”

Après quelques années d’apprentissage, Teata décide qu’il est temps de passer dans la cour des grands. Il joue d’abord pour les malades à l’hôpital de Mamao, puis monte son propre orchestre et commence à se produire pour les mariages, les fêtes et dans les boîtes de nuit de Tahiti.

Teata et sa Fender Stratocaster en jam

Le guitariste dans l’ombre des grands

À 22 ans, Teata est déjà bien reconnu sur la scène locale. Il joue beaucoup, un peu partout, mais surtout avec les plus célèbres noms locaux. Barefoot boys, Esther Tefana, Angelo et bien d’autres. Il les accompagne et il est aimé.

Il enregistre aussi en studio pour des artistes comme Emma Terangi ou Tapuarii Laughlin. Plus simplement, si vous écoutez les classiques de la musique tahitienne, vous entendrez probablement la guitare ou le ukulélé de Teata.  

“J’aime bien la diversité. Si tu es musicien, tu dois jouer un peu de tout.”

Teata et son ukulele

La Harley, l’accident, le miracle.

Teata a une autre passion : la moto, et plus précisément les Harley-Davidson. Il adhère très vite à un club de riders local.

“J’ai attrapé le virus grâce à un ami, et j’ai beaucoup ‘ridé’. J’aime plus particulièrement les Harley car ce n’est pas une moto de course, c’est une moto de balade.”

Mais voilà, en Mai 2016, lors d’une sortie de club, une sortie avec des enfants, la balade se termine vite et mal. Teata est percuté par une automobiliste qui s’est engagée sur la route au mauvais moment. 

“Je n’ai rien vu venir, j’ai juste pensé à protéger l’enfant qui était avec moi.”

L’enfant s’en sort avec quelques égratignures, mais Teata, écrasé par la Harley, finit immobilisé sur la route pendant plus d’une heure. Aux urgences, le pronostic n’est pas bon. Les docteurs le prononcent tétraplégique, et la vie de Teata bascule. 

“Il m’ont dit que ce serait très compliqué pour moi, que je ne pourrais pas marcher facilement.” 

Cela dit, le mélomane garde la tête haute, et petit à petit arrive à ressentir l’eau pendant sa douche. Un jour, avec son kinésithérapeute, l’impossible se produit.

“Je me suis levé et j’ai commencé à marcher. Le kiné n’en revenait pas, il en avait les larmes aux yeux.” 

Ce phénomène donne toute son importance aux pensées positives. Tandis que que les spécialistes jugeaient le cas de Teata critique, lui n’a jamais baissé les bras et a gardé espoir.

Encore plus d’espoir 

Dur de voir un si bon musicien, privé de ce qu’il affectionne le plus. Toujours est-il que Teata n’a rien perdu de sa passion, elle se ressent dans la personne, et l’anime toujours autant. 

“La musique n’a pas d’âge, s’il faut que je réapprenne, je le ferai.” 

Teata doit se rendre en Nouvelle-Zélande pour une opération des mains, qui lui permettrait de reprendre plus de contrôle. 

“Je veux jouer et remonter sur la moto.”

Puis on parle de Django Reinhardt, guitariste que Teata affectionne tout particulièrement.

“J’ai toujours aimé le style de Django, maintenant encore plus, car je me rends compte de ce qu’il a pu faire malgré son handicap, j’en ai la chair de poule rien que d’en parler.”     

Le guitariste ne perd pas espoir, il pense déjà aux prochains bals, scènes et accords. Mais en attendant, avec ses 40 ans d’expérience, il s’adresse à la jeunesse.

“Apprenez nos morceaux, les traditionnels et les plus modernes. Ils sont beaux. Il suffit de respecter ses racines pour pouvoir créer sur de bonnes bases, après vivez votre temps !”

D’après Teata, la musique tahitienne est pleine d’amour,  douce mais prenante, elle nous est innée. C’est avec cette même douceur et ce même amour que nous lui souhaitons le meilleur, pour qu’un jour il puisse à nouveau faire résonner ses accords.

Niuhiti J. Gerbier
Rédacteur web

© Photos : Teata, Niuhiti J. Gerbier pour Hommes de Polynésie

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