
Niuhiti, une âme en harmonie avec la vie
Niuhiti est un jeune musicien, dont la force tranquille contraste avec l’énergie folle qui se dégage de ses chansons. Fermez les yeux et plongez dans l’univers fantasmagorique que cet aventurier mélomane dévoile à Hommes de Polynésie. Un effet d’apesanteur s’installe… n’appuyez pas sur pause s’il vous plait !
Un aventurier né
Niuhiti Gerbier nait en Martinique, et passe les deux premiers mois de sa vie sur le bateau à voile de ses parents.
Son père est originaire de La Rochelle, et sa mère de Maupiti, île sur laquelle ils font escale quelques temps avant de s’installer à la presqu’île de Tahiti.
« Tu vois le jardin botanique à Papearii ? Eh bien c’était mon terrain de jeux jusqu’à mes six ans. »

Il grandit entouré de ses deux grandes sœurs et de son petit frère, avec qui l’imagination ne cesse de se développer. La nature est son poumon, il s’y sent chez lui et y puisera son inspiration… pour plus tard…
« Je jouais dehors, j’allais surfer, j’aimais créer des espaces avec mon petit frère et je faisais de la musique avec mes copains du quartier. Dans ma famille, ça a toujours été tiré dans une relation de liberté individuelle.»
Il monte avec ses amis un groupe de musique, les « Upperground », avec Vaitemanu Coudert1 à la batterie. La bande a son style bien à elle et fait son tour de l’île.
« On jouait pour nous. Bon, on faisait pas mal de bruit, mais ça nous plaisait c’était l’essentiel. Le groupe existe toujours. Il est intemporel. »

L’Australie
Après son bac, Niuhiti décide de partir pour l’Australie pour découvrir du pays et approfondir son anglais, avec sa guitare et le strict minimum vestimentaire dans ses bagages…
« J’avais toujours eu l’idée de partir vers de nouveaux horizons. Et choisir l’Australie a été la meilleur décision de ma vie. »
Il s’inscrit à l’université pour étudier le marketing. Il retrouve rapidement l’océan pour le surf, et surtout de nouvelles cordes à sa guitare. Niuhiti s’ouvre au monde et rencontre Chris, un batteur passionné de grunge.

« On a créé un groupe à nous deux, on jouait dans des pubs, jusqu’au jour où j’ai rencontré Rhod, qui a intégré le cercle. »
Le temps passe, Rhod embarque Niuhiti dans un monde indie et les nouveaux amis finissent par former le collectif Juju Wings3, qui regroupe plusieurs musiciens.

« Notre but était de jouer de la musique qui sort de l’ordinaire. On s’affirmait dans un style différent. Tout devient musique après ça… »
De fil en aiguille, ce caméléon est interpellé par Jonathan James, fondateur du club BYO social club, qui lui propose de les rejoindre.
« Tout était accès sur la musique. Je vivais un rêve, on jouait partout, je m’épanouissais. »
Menant une vie d’artiste intense, Niuhiti apporte beaucoup aux gens à travers ses mélodies. Il s’inspire de son vécu et de la nature.

« J’ai juste envie de parler de ce que je vois autour de moi, comme les fleurs etc. »
Le fruit du périple « (I’m not a king)… or anything »2 voit le jour, avant que leurs chemins ne se séparent.
Sérendipité, ou l’art de découvrir les choses
L’artiste polynésien rentre au fenua avec sa petite amie Norvégienne.
« Je me suis toujours dit que mon style de musique ne plairait pas en Polynésie. Je m’étais fixé des barrières. J’avais mal au cœur en quittant l’Australie. »
Mais le retour aux sources est bénéfique. Niuhiti revoit ses amis, sa famille, et a un métier passionnant…

« J’étais chargé de la communication à la CAPL4. Toutes mes expériences acquises en Australie m’ont bien servi. Je suis devenu éditeur du magazine de la boîte, organisais les foires agricoles, passais du temps sur le terrain. Je m’y plaisais. »
Mais au bout de deux ans, sa petite amie décide de rentrer en Norvège.
« J’ai quitté mon job, pris mes chats et ma guitare, et nous sommes partis. »
Voici donc Niuhiti à -10°C. Il monte une petite entreprise de peinture et s’adapte à cette nouvelle vie. Mais le mal du pays se fait de plus en plus pesant.
« C’était l’hiver le plus horrible de ma vie. La Polynésie me manquait beaucoup durant cette période. Je me suis posé face à ce Blizzard et j’ai composé.»
Dans cette morosité hivernale, il pense à ses amis et y puise l’inspiration. Quelque chose vient de s’éveiller.
« J’ai appelé Rhod en lui disant que je tenais quelque chose. »
Septembre 2019, Grande Bretagne : les deux amis enregistrent un album.
Niuhiti revient à Tahiti le 13 décembre dernier, en attendant, serein, la sortie de son album « Hello Friends ».

1 Lire le portrait de Vaitemanu Coudert
2(I’m not a king…) or Anything
4 Chambre de l’Agriculture et de la Pêche Lagunaire
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Ne manquez pas non plus la sortie du single « Seagull Republic » ! Que de bonnes vibes !
Vainui Moreno
Rédactrice web
© photos : Fenda Rangimarie Ashworth – Audrey Taulita – Pat Chongnee – Sam Grant – Erwan Gerbier – BBR Festival