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Art & Culture

Manuarii, de Rurutu à ESMOD Paris !

Publié le 20 novembre 2018

La mode est partout, internet, livres, télévision, magazines, c’est simple elle n’a jamais été aussi présente qu’aujourd’hui. Un univers branché, artistique et peuplé de célébrités qui attire de plus en plus de jeunes créateurs. Encore faut-il pouvoir y accéder. C’est désormais chose faite pour Manuarii Teauroa, il a intégré la prestigieuse école de haute couture ESMOD INTERNATIONAL de Paris. Hommes de Polynésie est revenu avec lui sur cette étape cruciale de sa jeune vie.

UN TAHITIEN A ESMOD PARIS

Une écharpe autour du coup indique que Manuarii est à l’heure d’hiver. Malgré le froid ambiant la chaleur qui se dégage de ses propos réchauffe le cœur. Arrivé en mars dans la capitale, il a dû essuyer 5 examens avant de pouvoir intégrer une école de couture qui développe un enseignement de haut niveau depuis 175 ans.

« j’ai reçu au bout de 4 semaines la réponse affirmative que j’étais pris et je suis actuellement une formation d’initiation et de perfectionnement à l’école ESMOD à Paris »

Un sésame pour une industrie exigeante. Manuarii le sait, lui qui a quitté son Rurutu natal pour s’adonner entièrement à sa passion devra faire preuve d’investissement personnel, de rigueur, de créativité. Critères obligatoires pour poursuivre son cursus de 2 ans condensé sur une année.

« Je suis très content parce que je suis le 1er Polynésien à accéder à cette école. Esmod Paris est une école Internationale. Une école privée qui forme des amateurs stylistes et modélistes pour pouvoir devenir de grands noms plus tard, puisque la plupart qui en sont ressortis sont devenus de grandes références. »

En jeu ? Ces maisons de haute couture qui embauchent des Esmodiens comme GIVENCHY, GUCCI, YVES SAINT LAURENT, LOUIS VOUITTON pour ne nommer que celles-ci.  Et pour s’assurer une place de choix parmi les talents de demain Manuarii est décidé à suivre une formation qu’il sait déjà intense.

« Le premier semestre on a commencé par les jupes, aujourd’hui nous en sommes à la chemise, nous verrons ensuite la veste, le tailleur et enfin la robe »

UN RÊVE DEVENU RÉALITÉ

A l’entendre on en oublierait presque qu’il a été lauréat en 2017 du prix de la meilleure robe végétale à l’élection de Miss Punaauia avec une tenue faite de graines de Pipitio venues des Marquises. Il n’en revient pas lui-même du parcours accompli. Car chose invraisemblable Manuarii cousait tout à la main, alors accéder à une telle institution est juste un rêve !

« J’ai surtout décidé de faire cette école parce que je ne sais pas coudre à la machine, je cousais à la main toutes mes créations. Et puis j’ai nourri ce rêve de haute couture avec l’utilisation de nos matériaux et de tous nos atouts en Polynésie qui sont cette matière végétale et minérale. »

Et avec des tendances en constante évolution, la mode se consomme différemment. Ere de la mondialisation des réseaux sociaux oblige, Manuiarii veut prendre une longueur d’avance sur la mode du futur. Une anticipation qu’il débute dès Tetiaroa. Sur son dernier lieu de travail il y avait une déchetterie.

« J’étais souvent à la déchetterie pour récupérer tout ce que je pouvais pour construire mes costumes. C’était une manière pour moi de toucher à tout ce qui était écologie parce que c’était devenu très à la mode. J’ai pris gout de donner une seconde vie à toute ces matières et sans le réaliser ça m’a porté loin. »

A Paris précisément avec dans ses bagages de la nacre ainsi que des perles. Une initiative salutaire puisque cette semaine ils ont pour devoir de réaliser un couvre-chef dans le cadre d’un concours en l’honneur de Sainte Catherine. Une fête en hommage aux artisans de la mode.

« Le thème retenu cette année est le cabaret, je vais utiliser ce que j’ai ramené pour mettre en avant nos matières dans l’esprit de valoriser notre fenua »

UN INVESTISSEMENT DE TOUS LES INSTANTS

14 000 Euros, soit près de deux millions de francs pacifique, c’est la somme que Manuarii a déboursé pour figurer sur la liste de la très sélecte école. Les économies de plusieurs années de travail intégralement investies dans ce qu’il est persuadé être une opportunité formidable d’évolution de carrière. Une inscription rendue possible grâce au soutien indéfectible de ses premiers sponsors : ses parents.

« Je me dois du coup aujourd’hui de suivre les cours tous les jours, de ne pas en manquer un seul, je me lève tous les jours avec dans la tête la somme de cette inscription…c’est une très bonne motivation ! »

Manuarii fait donc partie de la promotion 2018 de l’Ecole ESMOD international de Paris, le premier espérons-le d’une nouvelle génération de créateurs made in fenua.

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Manuarii Teauroa

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