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Art & Culture

Pierre Cosso : nuit d’ivresse pour artiste sans frontières.

Publié le 25 août 2019

Il se définit comme un globe-navigateur, citoyen du monde, comédien, musicien dans le présent, Pierre Cosso a quitté l’atmosphère cosy de son bateau pour renouer avec ses premiers amours : la musique et la comédie. Un retour sur scène après 15 ans de mer. Il revient -malgré lui- avec une pièce culte écrite par Josiane Balasko : « Nuit d’Ivresse ».  Hommes de Polynésie. a rencontré ce citoyen du monde dans son antre à Tipaerui.

Entre terre et mer

Lorsque l’on pousse la porte du repaire de Pierre Cosso, on est saisi par un univers où se mêlent l’image et le son. Des pochettes de disques des années 1980 habillent les murs tandis qu’une moquette au sol assure l’acoustique de la pièce. « Bienvenue chez moi ! » nous lance le maître des lieux.

Il y a 15 ans, il est parti réaliser son rêve de gamin qui était de faire le tour du monde à la voile. Il a traversé deux océans et est arrivé en Polynésie où il a trouvé sa terre promise. S’il n’a qu’une vie, il a néanmoins plusieurs existences, et en 2007 s’écrit un nouveau chapitre. Pour ses enfants, il a jeté l’ancre à la marina Taina et acheté une voiture. 

« Depuis que je suis à terre je suis revenu à mes premiers amours »

A l’occasion du dernier passage en Polynésie de l’humoriste Smaïn, un de ses amis avec qui il a commencé sa carrière de comédien il y a 40 ans, il rencontre Stéphane qui produisait son spectacle.

« Il me demande si j’ai arrêté complètement le cinéma ou le théâtre, et je lui réponds que pour l’instant c’est en stand-by mais s’il y avait une pièce que j’aimerai bien jouer, ce serait Nuit d’Ivresse ! »

Le lendemain Pierre reçoit un coup de fil de Stéphane qui lui annonce qu’il a le petit théâtre bouclé pour 4 dates. « À toi de jouer » lui dit-il. 

« J’ai bien aimé le fait que Stéphane ait pris la balle au vol et qu’il ait tapé dedans. J’ai dit OK ! »

C’était juste La pièce qu’il a travaillée quand il était au conservatoire à Paris, une pièce culte. Il apprécie particulièrement l’écriture de Josiane Balasko et la troupe du Splendide. 

« C’est une pièce qui est un bonheur à jouer pour un comédien parce qu’elle propose des rôles de toutes les couleurs. »

Du coup jouer « Nuit d’ivresse » après Josiane Balasko et Michel Blanc, a été un défi. En voyant Aurore Bazzara jouer avec Stéphane Martino (1) , il se dit que cette comédienne pourrait jouer le rôle de Josiane.

« Elle a assez de folie, de dérision. C’est une jolie fille mais qui sait aussi s’enlaidir, et donc je me dis oui, avec elle ça pourrait le faire ! On a fait une première lecture et cela a très bien fonctionné, j’ai dit allez on y va ! »

Autre comédien à faire partie du casting : son ami musicien Eric Châlons (2) dans le rôle d’Henry. Pierre a dû insister pour le convaincre.

« Au départ il n’était pas sûr de pouvoir faire ce rôle. Mais j’aime diriger les comédiens parce que je connais leurs angoisses quand il s’agit d’aborder un personnage, une situation ! J’arrive vraiment à les décoder, je vois clair en eux. »

Il dit cela sans prétention aucune, il aime les comédiens, et depuis deux mois il dirige Aurore et Eric.

« J’essaye de m’éloigner de tout ce qui a déjà été fait, notamment pour la mise en scène pour aller ailleurs. »

Pierre Cosso dans la vie c’est qui ?

C’est avant tout un papa de plusieurs enfants dont deux qui vivent avec lui et c’est eux qui lui donnent la pêche tous les jours. 

« Je vais avoir 58 ans et dans ma vie il s’est passé beaucoup de choses, aujourd’hui je vis à fond dans le présent ! »

Avant, dans le système « parisien », on vivait toujours en ayant des projets, des ambitions, on était dans le futur pas dans l’instant présent. Il a appris à le faire en vivant sur la mer et encore plus en Polynésie. Sur ce versant-ci de la Terre, on vit au jour le jour, et à plus forte raison lorsque l’on vit dans les îles. Il a vécu aux Tuamotu, aux Marquises où il a appris la vie au Présent. 

« Quand je dis au présent c’est-à-dire que l’on a tous besoin de se régénérer, c’est une constante pour chaque être humain. Beaucoup le font en se rechargeant auprès des autres, auprès de la beauté de la nature, de sa force, l’océan et tout ce qui s’y rapporte. Je n’ai jamais été en guerre avec l’être humain et en 15 ans de bateau je n’ai jamais autant rencontré de gens que quand je suis parti. »

Entre navigateurs jamais ils ne posent la question de savoir pourquoi ils font le tour du monde en bateau.

« Ce qui me plaît lorsque je rencontre d’autres navigateurs c’est qu’il y’a une question qui ne se pose jamais contrairement aux terriens qui ne peuvent s’empêcher de la poser à chaque fois. C’est  : « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». C’est une question qui n’a pas lieu d’être quand on voyage . C’est plutôt d’où viens-tu, où vas-tu , combien de temps reste tu , racontes ».

Pierre n’aurait jamais pensé un jour changer de vie comme il l’a fait. Il en était convaincu : il pensait vraiment finir sa vie sur la mer tellement il s’y sentait bien. Par la force des choses, il change pour les enfants, puis surviennent des rencontres et puis des envies de guitare, de musique, de monter un groupe, d’être tout le temps dans la créativité. 

« Je dis toujours à mes deux enfants que le plus important c’est d’être quelqu’un de bien. Quand on est quelqu’un de bien c’est une vraie réussite dans la vie. Et puis je leur apprends à être heureux !»

Le premier avait 2 mois et le deuxième 2 jours lorsqu’ils sont arrivés sur le bateau, il a été leur berceau et ils ont beaucoup appris de cette vie.

La vie au présent

Pour Pierre l’Homme de Polynésie, c’est quelqu’un qui est solaire. Lorsqu’il en parle, il voit un paumotu sur son motu avec sa pirogue, son jardin derrière la maison, son parc à poisson, voilà c’est ça le Polynésien. Il ajoute que c’est quelqu’un qui est resté en phase avec la nature, l’océan, la tradition, avec sa langue, sa danse et sa culture. Pierre note tout de même que le Polynésien d’aujourd’hui c’est quelqu’un qui change beaucoup avec cette mondialisation. 

« Il n’y a pas un Polynésien, il y a des Polynésiens, avec une notion de l’espace différend des popa’a*. D’ailleurs il n’y a pas de passé ni de futur, tout se vit au présent. Là où nous voyons une ligne du temps, lui ne vit qu’au présent, un carpe diem. »

Pierre conclut notre entretien par ces mots « Aimons-nous les uns les autres, apprenons à nous connaitre avec nos différences. On a tous quelque chose à apporter. Avec Nuit d’Ivresse pour moi c’est un vrai cadeau cette pièce, il n’y a aucun esprit mercantile, c’est vraiment pour le plaisir d’être sur scène et de passer un bon moment avec le public. Le théâtre c’est un triangle, ça ne se joue pas à deux, mais avec le public. Ce bonheur de pouvoir jouer sur scène et de ressentir cet amour c’est magique et c’est indescriptible ! »

Plus d'informations

Une représentation supplémentaire dimanche 01 septembre à 17h

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Pierre Cosso

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