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Art & Culture

Stéphane Martino, un comique bien sérieux !

Publié le 1 août 2019

Plongeons à présent au cœur de l’histoire extraordinaire d’un homme bien ordinaire : Stéphane Martino. La population locale a rendez-vous avec lui tous les soirs de la semaine sur  Polynésie la 1ère avec l’émission « Sah Ke Bon ». Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a dans ses tiroirs plusieurs spectacles à succès… Hommes de Polynésie vous présente l’auteur de « Un putain de week-end », joué plus de 7000 fois outre -Atlantique.

Il voulait être acteur à… 4 ans

Son prénom civil, c’est Stéphane, mais tout le monde le connait sous son nom de scène : Martino.

« Un nom facile à retenir, avec trois syllabes. ».

Un nom qu’il a adopté très tôt, car Stéphane a tenu plusieurs rôles dans sa vie. Des personnages dont il s’inspire parfois pour écrire, et d’autres à qui il donne la réplique sur une scène, à la radio ou à la télévision. A 43 ans, celui qui rêvait de comédie a fait du spectacle son métier depuis 20 ans. On aurait pu imaginer que cette passion serait familiale, mais pas du tout !

Originaire de la région parisienne, ce comédien en herbe a grandi dans une famille métissée – Réunionnais, Asiatiques et Métropolitains. Une famille où on lui apprend que la découverte de l’autre peut nous enrichir. Un foyer à la tête duquel figuraient une maman, responsable d’un salon esthétique, et un papa, travaillant dans la restauration. Et puis il y a Marcelle, sa grand-mère maternelle, qui l’emmènera un jour voir un spectacle, dans le style de la Compagnie Créole – avec beaucoup de couleurs et des chansons, mais aussi un jeu d’acteurs.

« J’ai été fasciné, et à partir de là, à 4 ans, j’ai su ce que je voulais: être sur scène. »

Le rôle de sa mamie ne s’arrête pas là, elle lui fait également découvrir les plaisirs de la table.

« Bœuf bourguignon, blanquettes, gros plats en sauce, plein de crème, de beurre et de vin – des plats riches, mais que j’ai emmenés avec moi ici, parce que je cuisine à la maison. »

Animateur radio sur une base marine

Contre toute attente, Martino a un CAP de cuisine, « le CAP d’acteur n’existait pas ! ». En effet, après avoir redoublé pour la seconde fois sa 5ème, sa mère lui fait comprendre qu’être acteur c’est bien, mais qu’il lui faut un vrai diplôme. Le voilà donc avec son CAP Cuisine en poche. Pour autant, Martino ne travaillera jamais dans un restaurant de sa vie, et ne cuisinera que pour régaler ses convives chez lui, en toute intimité.

« Pour avoir reçu Taina Fabre 1 à la maison, elle aime particulièrement mon bœuf bourguignon ! »

Pour maitriser l’art du jeu d’acteur, Martino se forme au Cours Florent et au Conservatoire de Paris. Et, fait improbable, c’est lorsqu’il accomplit son devoir sous les drapeaux à la base Marine de Cherbourg que Martino fera ses débuts à la radio. L’apprentis comédien devient animateur.

« La vie est faite de circonstances et de coups de chance, mais cela n’a pas déclenché pour autant une vocation en moi. »

Dans les coursives de la Marine Nationale, Martino occupe les tranches du midi et du soir, sans aucune notion du métier, avec à sa disposition deux platines CD, un micro et sa voix. Cet ensemble des sons produits par les vibrations des cordes vocales va résonner jusqu’aux oreilles du fondateur de Sky Rock, Pierre Bellanger, à l’occasion d’un événement totalement fortuit : une animation pour enfants chez un particulier. Martino a alors 18 ans.

« Il m’a dit que j’avais une belle voix et m’a confié le créneau de 2h à 6 heures du matin. »

Un début de carrière en dents de scie

Le jeune Martino est coaché par Georgio, qui le prend sous son aile pendant deux ans, avant de poursuivre son immersion au sein de la radio Voltage FM où il s’occupera de la matinale. Mais en 2004, la radio se fait racheter par un autre groupe, qui met fin à son travail d’intermittent du spectacle.

Cette année-là, il multipliera les revers de fortune, à commencer par la séparation avec sa première femme, les dettes, puis le chômage. Mais le plus improbable des scénarii aura été de se faire piquer par un homme avec une seringue dans un parc.

« Je me promenais avec mon chien quand un individu m’a saisi la main et y a planté une seringue. Pendant trois mois j’ai été sous trithérapie et finalement je n’avais pas été contaminé par le VIH. »

A l’issue de cet épisode, il décide de prendre du recul par rapport à ses problèmes et adresse des CV à toutes les radios. Une radio à l’autre bout de la terre lui répond favorablement, et c’est ainsi qu’il arrive la même année sur les ondes de Tahiti, par le biais de Star FM.

« J’ai remplacé Harry et l’on m’a nommé très rapidement Chef d’Antenne. »

La comédie enfin…

Mais l’idée de faire de la comédie ne le quitte pas, et en 2006, lorsqu’il repart pour la métropole après avoir gagné en sérénité ici, il se lance dans l’écriture de spectacles. Son premier jet intitulé « Putain de week-end » sera écrit dans un café-théâtre, « la Providence », situé au fin fond du 19ème arrondissement de Paris.

« On y jouait les dimanches et les lundis soir à 20h, des créneaux moisis dans notre jargon, mais il a tout de suite rencontré le public. »

Ce spectacle va le propulser sur le devant de la scène avec un nombre impressionnant de représentations, allant parfois jusqu’à 17 simultanément à Nice, Marseille et Paris le même soir. Il sera également plusieurs fois programmé au festival d’Avignon.

« Crée en 2009, je l’ai joué 3000 fois et on a dépassé les 5000 représentations. Je me rappelle particulièrement d’une représentation au Palace, dans la salle 3 de 83 places. Il sera ensuite joué 24 jours d’affilée et à guichet fermé ! »

Submergé par l’émotion, il réalise que le spectacle qu’il avait écrit remporte les faveurs du public. S’en suivront d’autres, une dizaine, dont « Very bad potes » ou encore « Ma femme me prend pour un Sex toy ». Entre temps il fera aussi des one man show.

« Aujourd’hui je touche des droits d’auteur ! C’est assez valorisant de se dire qu’un petit gars comme moi, qui n’a pas son Bac, juste un CAP de cuisine, dyslexique et faisant beaucoup de fautes d’orthographe, a ses mots et son imagination qui se jouent encore ! Je trouve ça assez chouette ! »

Installation à Tahiti

Martino devient papa d’une petite fille fin 2014. Dès le début de 2015, les attentats, avec la psychose et la paranoïa qu’ils génèrent, viennent ternir la plénitude de sa famille. En 2017, lorsqu’une opportunité de travail dans la grande distribution s’offre à sa femme, ils prennent la décision de changer d’air pour s’installer à Tahiti.

« On voulait que notre fille grandisse dans un environnement serein et dans un pays francophone ! »

Si pour sa compagne le fait d’être Asiatique a facilité son intégration, « auprès du personnel elle n’est pas passée comme la « farani » * qui débarque mais comme la « tinito » * du pays ! », Martino, lui, doit frapper à toutes les portes, dont celle de Radio 1, avant de se retrouver à remplacer des animateurs en vacances sur les antennes de Polynésie la 1ère.

« Cela m’a ouvert des portes, notamment avec Marie- Eve Tefaatau de Pacifique Prod, qui m’a proposé les caméras cachées de « Sah Ke Bon » sur Polynésie la 1ère et « Kouz » sur TNTV ! »

Martino pourrait vivre de ses droits d’auteur mais « ne rien faire » l’angoisse. Dans ses tiroirs sont ainsi rangés un certain nombre de projets de télévision et de théâtre, notamment avec Stéphane de PACL EVENTS. En préparation, une pièce qui se jouerait en janvier 2020 au Petit Théâtre de la Maison de la Culture, intitulée « On va s’aimer » avec, si tout se passe bien, la perspective de participer au festival d’Avignon la même année. Jusqu’ici Martino n’a rencontré que des personnes bienveillantes au fenua, mieux, la population lui témoigne des preuves d’amour et d’amitié.

« Parce que je fais le « ma’au » * à la télé, je bénéficie d’une image plutôt sympathique et donc le Polynésien m’accepte bien en règle générale ! Il est bienveillant d’ailleurs, je me considère ici comme un invité. Pour l’anecdote, lors des dernières territoriales, je ne me suis pas senti légitime pour voter, et ce n’est pas parce qu’on est là depuis 2 ans qu’on a cette légitimé-là. »

Martino et sa famille n’envisagent pas de retour en France dans l’immédiat, ils ne s’interdisent rien et se projettent même dans l’acquisition d’un bien immobilier, conscients de leur chance de vivre ici. Son ultime message est adressé aux Polynésiens : « Il ne faut pas avoir peur de ses rêves, ce n’est pas parce que l’on n’a pas fait d’études que l’on ne peut pas arriver à les réaliser. »

Définitions

« farani » : le Français
« Tinito » : le Chinois
« ma’au » : l’idiot

Plus d'informations

1 Voir portrait de Taina Fabre.

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Hommes de Polynésie

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