Nicolas, de la photo à l’art !
L’art a rencard à la Maison de la Culture ! Le sculpteur Stéphane Motard et le photographe Nicolas Hirigoyen y prendront place à compter du 20 novembre. Pendant une semaine, ils présenteront une collection d’œuvres sculptées et de photographies. Particularité de cette exposition baptisée « Symbiose minérale » ? L’objectif de Nicolas Hirigoyen a fixé sur papier des corps nus. Hommes de Polynésie a rencontré l’auteur de 14 clichés à tirage limité, numérotés et signés.
La photographie pour passion
Nicolas possède une double carte professionnelle : photographe et propriétaire de la marque de bijoux : Miel A Tahiti. C’est le photographe que nous rencontrons. Celui né au Venezuela, qui a grandi en Côte d’Ivoire puis au Gabon. Celui enfin arrivé en Polynésie en 2001 après des études à l’école de photographie de Toulouse et des petits boulots.
« Car comme mes parents, je suis issu d’une famille de grands voyageurs. Je reste marqué par mes séjours en Afrique. C’est vrai qu’il y a beaucoup de violence, de pauvreté, mais il y un tel amour inconditionnel là-bas que lorsque je suis rentré en France pour mes études, j’ai été choqué par le manque d‘amour entre les gens. Et j’ai retrouvé cet amour en Polynésie ! »
L’Amour est donc le fil conducteur de Nicolas et c’est son père qui l’a initié à la photo. Une initiation à une époque charnière pour l’argentique. Nous sommes aux débuts du numérique, à une période où les poches de résistances anti-numérique étaient encore nombreuses. Parmi elles, celles de l’enseignement.
« On travaillait en labo et nos profs étaient horrifiés par le numérique, on avait pris parti de s’intéresser au numérique, c’était la guerre ! »
La photographie pour travail
S’il reste malgré tout influencé par le côté conservateur de ses professeurs de photographie, il garde de leur enseignement ce moment clé capturé sur papier à un instant T.
« Il y a du travail de cadrage, de lumière avant de déclencher ! C’était une autre façon de travailler et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui je suis totalement confortable en numérique parce que j’ai toujours eu cette méthode de travail, et on est à l’aise avec le numérique parce qu’en 5 photos, on peut très vite corriger. »
Sa transition de l’argentique au numérique il la fera beaucoup plus tard. Ici en fait, dans une boutique de photo, à « Studio reporter ». Il travaillait avec des boitiers numériques. Nicolas y fait ses premières gammes.
« Petit à petit je me suis formé sur Photoshop puis sur tous les logiciels de retouche photo numérique. C’est indispensable de faire de la post-production, il faut savoir développer ses photos, c’est important, car même si le fonctionnement est différent, le process est le même.»
La Polynésie est un endroit on l’a vu, qui révèle souvent aux gens leur vraie nature. Elle transforme un être au naturel craintif en une personne audacieuse. Nicolas ne fait pas exception. Il reconnait qu’il y a ici une espèce de facilité de contact et de liberté face à l’image, à l’idéal de la beauté qui est ancré dans la culture, que ce soit dans la danse, dans les bijoux, dans l’art, partout il y a cette liberté.
« Je pense que l’on y a accès facilement grâce à cette lumière qu’il y a ici. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de peintres ici, c’est parce qu’il y a cette lumière particulière. J’ai voyagé, donc je peux comparer, il y a quelque chose de très particulier ici, qui est difficile à définir. C’est un petit peu le tout, c’est toute une ambiance. C’est cette simplicité. »
Il prend pour exemple le tutoiement. Il déclare que dans le reste du monde, sauf chez les anglophones, il est une marque de non-respect. En Polynésie on peut s’adresser à une star, un ministre en la tutoyant, sans que cela soit vu comme un manque de respect. Cette égalité des hommes et des femmes fait que tout est simple, accessible et même à titre personnel, on ne peut pas se prétendre quelqu’un ici !
« J’ai un petit garçon, je suis trop content qu’il grandisse ici, je grandis en même temps que lui ! Je trouve que c’est génial, on gagne en humilité en grandissant ici. On est dans un endroit où l’on devrait montrer l’exemple parce que l’on fait rêver le monde entier depuis des années, donc il faut que l’on retrouve cet amour de la Polynésie pour mieux le conserver et mieux le cultiver ! Ce n’est pas qu’un discours, c’est ce que je pense réellement et il faut le colporter, le dire autour de soi, à soi et ses enfants, dans l’esprit de transmettre. »
La photographie pour s'exprimer
Le culte du positivisme à la Polynésienne n’est pas qu’une utopie aux yeux de Nicolas. Il se traduit quotidiennement par un bonjour adressé à un inconnu. Il se décline également sous la forme d’une œuvre d’art.
« Pour la génèse de l’histoire, Stéphane Motard m’avait invité à son exposition. En remerciement, j’ai voulu lui proposer plus qu’une série de clichés. J’ai donc étudié le sujet, c’est-à-dire que je me suis inspiré de son univers artistique. Il sculpte la pierre en laissant une partie brute et l’autre polie, mais une façon de polir qui lui est propre. Donc je suis parti de ce concept-là que j’ai transposé en image. J’ai fait poser mes modèles nus dans un environnement minéral pour traduire la matière première du sculpteur et le coté poli le tout incrusté dans un environnement Brut ! »
Résultat : une combinaison de savoir-faire visuel répondant au nom de « Symbiose minérale ». Elle sera dévoilée au public de connaisseurs locaux le 20 novembre à la Maison de la culture avant de rejoindre d’autres galeries si elle ne trouve pas acquéreur avant le 24 novembre. 14 œuvres donc à tirage limité, numérotés et signés. Nicolas clôt cet entretien par ces mots aussi percutants qu’inattendus « Vive l’amour ! »
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Sur la page Facebook Nicolas Hirigoyen photographe
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Nicolas Hirigoyen