Steven Pierson, sportif au grand coeur
C’est l’histoire d’un petit « blanc blanc » comme il le dit lui-même, qui a été élevé parmi des copains tahitiens, et qui est devenu l’un de nos sportifs de premier plan, avec, chose rare, le haut niveau dans deux sports différents : le surf et le jiu jitsu. Steven Pierson, qui enseigne aujourd’hui le surf aux enfants a raconté son parcours à Hommes de Polynésie
On imagine assez bien l’enfance du petit Steven : arrivé en Polynésie avec sa maman à l’âge de trois ans, il a toujours vécu loin de Papeete, dans les districts (Tiarei, Papenoo, Mataiea…), où les loyers étaient moins chers. Parmi tous ses petits copains tahitiens avec qui il allait à l’école, il faisait figure de « blanc blanc » mais il s’est très vite intégré au point de prendre ce petit accent tahitien qui fait rouler les R…
« ma maman, au revenu modeste, se sacrifiait pour me gâter »
Il ne cesse de rendre hommage à sa maman qui, si elle n’avait pas beaucoup de moyens, faisait toujours en sorte qu’il ne manque de rien, et qu’il puisse faire des petits voyages. Le sport et les voyages : les deux passions du jeune Steven. Et, vivant au bord de l’eau, le surf s’imposait comme une évidence. Sauf que maman n’était pas d’accord, jusqu’au jour où elle a compris à quel point ce sport devenait une passion pour son fils.
PREMIERE COMPETITION A 13 ANS
Et sa maman n’a pas été déçue. Il se fait remarquer dès l’âge de 13 ans pour sa première compétition, et c’est Robert Tanseau, patron d’un grand magasin de sports local, qui le prend sous son aile et le sponsorise en l’habillant et en lui fournissant des vêtements de marque.
Un look qui ne manquera pas de susciter la jalousie de certains petits camarades qui, voyant qu’il portait certains tee-shirts et short très tendance, le prenaient pour un gosse de riche ce qui, en plus de sa peau blanche, le marginalisait un peu plus.
Il n’était pas rejeté par ses camarades et s’intégrait même plutôt bien, mais, étant sans grand frère et sans famille à Tahiti, il s’est initié à la boxe histoire d’avoir des bases pour se défendre au cas où…
C’est ensuite une banque locale qui lance un produit à destination des jeunes et qui fait appel à lui pour son image. Il obtient ainsi un peu d’aide financière pour ses futures compétitions.
PASSER A LA VITESSE SUPERIEURE
Steven aime le sport, tous les sports, ça ne fait aucun doute.
Il a pensé, pendant un moment, devenir footballeur professionnel, mais il a délaissé les entraînements du ballon rond lorsque son parrain l’a traîné jusqu’au récif de Sapinus. Et c’était parti pour une belle carrière que l’on ne détaillera pas ici, mais dont on retiendra qu’il a été dix fois champion de Polynésie, jusqu’en 2015, année de sa dernière saison, sans parler des excellents résultats internationaux.
Sauf que Steven est un boulimique passionné de sports…
De même qu’il avait goûté à la boxe, nous l’avons vu, il avait également pratiqué le tae kwon do et c’est au jiujitsu brésilien qu’il va réussir à s’imposer, ce dernier sport prenant le dessus sur le surf.
« le jiu jitsu c’est mon autre passion »
Steven fait les choses avec passion et réussite, il devient champion de Polynésie puis champion du monde des ceintures blanches, puis des ceintures de couleur.
Il se souvient que lors d’une même journée il avait gagné une compétition de surf et un combat de jiu jitsu, exploit rarissime dans le sport pour ne pas dire inédit.
LA GENEROSITE : RENDRE AUX AUTRES CE QUE L’ON A RECU
Steven est un jeune homme qui a été aidé par différentes personnes au cours de sa vie personnelle et sportive. Il arrive à un âge, la trentaine, où il tient à renvoyer l’ascenseur et à faire profiter les jeunes de son expérience.
Signe de sa générosité naturelle, il fait venir au fenua en 2013, Tristan, un enfant atteint de myopathie, et lui permet de faire du surf et du paddle tout en lui faisant connaître l’île natale de sa maman qui vit maintenant en métropole.
De la même manière, Steven veut transmettre son expérience, non seulement aux surfeurs de la sélection tahitienne mais aussi aux jeunes générations.
« je réalise un autre rêve : ouvrir mon école de surf »
Motivé par sa chérie qui le soutient dans ses projets, Steven passe et obtient son diplôme d’Etat pour enseigner le surf, et il crée son école : Tahiti Nui Surf School and Training. Est-ce le fait d’être lui-même devenu papa de deux petits garçons, en tout cas on est vite convaincus de sa motivation et de son sérieux notamment pour les questions de sécurité. D’ailleurs, à propos de ses fils, Steven caresse l’espoir qu’ils soient heureux et épanouis dans leurs vies, et souhaite qu’ils fassent mieux que leur papa.
Sur la jeunesse polynésienne d’aujourd’hui, notre champion estime que ce n’est pas la jeunesse le problème : c’est l’éducation et la responsabilité des parents.
Il incite tous les gamins désoeuvrés à pratiquer un sport qu’ils aiment car, dit-il, c’est la meilleure hygiène de vie.
Laurent Lachiver
Rédacteur web
© Photos : Steven Pierson