Hommes de Polynésie Retrouvez nous sur
Site de Femmes de Polynésie Hommes de Polynésie

Je passe
d'un site à l'autre

  • Stéphane Martino, un comique bien sérieux !

Art & Culture

Rounui Fagu, de Freddy à Star

Rounui Fagu, de Freddy à Star

Publié le 25 octobre 2018

A 50 ans tout rond Freddy Fagu, connu sous son nom de scène Fagu Star, est une véritable référence dans le milieu culturel polynésien. Une solide réputation qui lui vaut aujourd’hui d’être le costumier attitré de la troupe Nonosina Anaheim en Californie USA. Hommes de Polynésie est allé à sa rencontre pour connaître le secret de son succès.

« Je m’appelle Fagu Freddy, je suis décorateur événementiel et j’ai un hobby c’est celui de faire des costumes traditionnels pour les groupes. »

Freddy

Enfant, Freddy aimait être au contact de la nature, avoir des fleurs autour de lui, c’est quelque chose qui est ancré en lui.

« Par exemple à midi avant de passer à table, j’aimais bien cueillir des fleurs ou du feuillage pour les disposer sur la table. Mon père n’aimait pas ça, je recevais quelquefois des coups de balais parce que ce n’est pas quelque chose que doivent faire les garçons, c’était réservé aux filles. Avec le recul, puisque j’ai 50 ans aujourd’hui, je ne réalisais pas que je savais déjà ce que je voulais faire. »

Dernier d’une fratrie de 4 enfants, Freddy s’est longtemps cherché. Pourtant tout était là, à porter de mains. Ne manquait que le déclic. Il se produit à 20 ans. Après une scolarité chaotique et sur les conseils de sa mère, il quitte une terminale biologie à Papeete pour une garnison à Lyon. Il y restera plus de deux ans. Deux années où il laissera enfin sa passion pour la décoration s’exprimer.

« Chaque année l’armée organisait la fête des militaires du rang et celle des généraux. Des spectacles étaient proposés et je me suis porté volontaire pour la déco. J’ai enfin pu m’exprimer devant un public. Ma première déco était une grotte en papier kraft, un crabe en éponge. Mais là encore je ne me suis pas dit que j’allais en faire mon métier. »

Seul tahitien sur la base, il se retrouvait à répondre à des questions que certains lui posaient sur sa culture. C’est la révélation : il ne la connaissait pas aussi bien que ça. Il remédie à la situation en intégrant dès son retour au fenua en 1993 le groupe Hura tau Temaeva de Coco Hotahota.

« On chantait, on dansait, les pas, les histoires, les légendes, le contact avec la nature, la musique le son, c’est tout un monde que je découvrais et que j’aurais souhaité connaitre avant d’avoir pris l’avion pour la France. On parlait tahitien, et donc tout s’est mis en place. »

Son habileté à la confection des costumes est très vite remarquée. De 1994 à 1996 il danse avec le groupe Hura Tau Heikura Nui de Iriti Hoto. Puis de 1997 à 1999 il danse et devient costumier pour O Tahiti E de Marguerite Lai. Freddy a le bonheur de voir ses créations sur scène à l’exposition internationale de Hanovre en 2000.

« A l’époque il n’existait pas de costumier, tout le monde faisait son costume. Ça à forgé ma créativité résultat j’ai conçu des costumes de danse, dont plusieurs ont été primés aux Heiva i Tahiti et divers Heiva extérieurs. »

C’est Freddy qui introduit le Pakerere et 5 de ses costumes sont conservés au musée de Tahiti et ses îles.

« J’ai par ailleurs conçu des tenues pour Jean Paul Gaultier et Albert Elbaz de la maison haute couture Lanvin. Egalement décorateur du Salon du Tourisme depuis 2002 ou du plateau de la soirée d’élection de Miss Tahiti depuis 1995. En 2016 je me suis vu confier la responsabilité de la délégation d’artisans d’art de la Polynésie française au Festival des Arts du Pacifique à Guam. »

En 2000 il fait la rencontre de Mevina Liufau, le chef de la troupe Nonosina Anaheim en Californie. Il lui propose de partir aux Etats Unis avec lui pour réaliser ses costumes.

« Je ne voulais pas à cause de la langue, de l’inconnue et je ne connaissais personnes et puis c’était dans une école de danse. Je prends l’avion et je m’y plais tellement que j’y reste trois mois, soit la durée légale de séjour. J’ai découvert la langue, le pays, les habitants, les différentes techniques de confection de costume, leurs styles, les matières qu’ils utilisent et que l’on ne retrouve pas ici, cela m’a beaucoup enrichit, et d’une certaine manière nous avons beaucoup appris de nos différences. »

Quand Freddy devient star

1995, une grande année pour Freddy qui déborde d’imagination. Des amis de France lui soufflent l’idée de prendre une patente et de se lancer dans la décoration. Il a dû faire avec les préjugés.

« En 1995 ce n’était pas dans les mœurs de voir un homme se lancé dans la décoration événementielle, ça n’existait pas, c’était très compliqué et ça a été très difficile pour moi. J’ai de la chance parce que j’ai été formé par une décoratrice de vitrine, qui donnait des cours à la CCISM. Je suis allé voir et j’ai fait un stage d‘un mois avec Jocelyne CADET et je sors major de ma formation. »

A l’approche de noël, Freddy se lance. Il frappe à la porte de plusieurs sociétés pour proposer ses services de décorateur.

« J’arrive chez IBM, et l’on me présente Moea Faugerat, je me présente « je fais de la décoration » et elle de me répondre et bien écoute, « tu ne vas pas décorer cette salle mais tu vas t’occuper du showroom de Toyota ! Et là gros blanc, comment vais-je décorer ce truc ? et elle me dit, tu n’as pas besoin d’acheter, j’ai ce qu’il faut, c’est derrière ! Et derrière effectivement il y avait un immense container. Un espace où elle avait entreposé de la déco laissée un peu aux oubliettes. Et lorsque je rentre à l’intérieur, j’ai cru être au paradis. »

Il se met aussitôt au travail, installe la déco, et le final dépasse les espérances de la commanditaire. Tout le monde était satisfait à commencer par lui.

« Moea a été la première, je la considère comme une maman pour moi parce qu’elle m’a tendu la main. Ma carrière de décorateur s’est envolée grâce à son carnet d’adresse. »

Et de fil en aiguille sa carrière évolue de façon exponentielle. Vitrine, Hall, Mall, carnaval, Heiva Nui, Heiva I Toata, Heiva i Tahiti, et les grands mariages.

« Si j’ai créé Fagu Star, qui n’est autre que mon deuxième prénom sur mon état civil, c’est pour évacuer ce côté créatif. Fagu Star est là quand je suis en création, à l’heure où je te parle je suis Freddy et sinon c’est Rounui mon nom Tahitien »  

Sa mère le voit comme une idole ainsi que ceux de Rimatara, île dont elle est native. Aujourd’hui il jouit d’une petite notoriété aux USA, au Japon, à Hawaii.  Du petit enfant qui déposait des fleurs sur la table à Fagu Star, Freddy est resté simple, connecté plus que jamais à la nature. Il n’a pas changé et est resté le même enfant. Il est passé du tabou à la liberté. 

« Mon conseil ? Découvrir qui on est vraiment, quand on a une petite passion en soi il faut trouver les moyens de l’exprimer au grand jour, c’est ce qui va donner un sens à la vie pour soi-même, son entourage, son pays et voir le monde entier. Et ce dont je suis persuadé c’est que notre culture ne s’éteindra jamais ! »

Plus d'informations

Sur la page Facebook FaguStar

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Freddy Fagu, Stéphane Mailion

Partagez Maintenant !

Newsletter

Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir du contenu de qualité

* En cliquant sur VALIDER, nous attestons que l'adresse mail ne sera utilisée que pour diffuser notre newsletter et que vous pourrez à tout moment annuler votre abonnement.