Manu, le pêcheur peintre
Cette semaine à Moorea se tient le premier festival international de tatouage traditionnel, Tatau i Moorea. L’association Mana Tatau Maohi y a invité des tatoueurs du monde entier. Parmi les nombreux stands, Manu attire particulièrement le regard des enfants : sa palette de couleurs est vive et la peau de ses modèles pleine d’écailles … Il reproduit en fait les empreintes de poissons polynésiens sur de larges feuilles de papier. C’est le gyotaku, un art japonais qui prend un sens particulier au Fenua et lors de cet événement culturel. Échange entre Hommes de Polynésie et Manu, un festivalier pas comme les autres.
DU JAPON A MOOREA ...
Un jour où il voyageait au Japon, Manu est passé devant l’un de ces nombreux restaurants de poissons qui exposent l’art du gyotaku sur leurs devantures : il s’approche, impressionné par la précision de ce qu’il croit être le dessin d’un poisson. Chaque écaille est là, quelle finesse ! On lui explique alors qu’il s’agit du gyotaku, une méthode développée par les pêcheurs japonais du XVIIIe siècle pour immortaliser par empreinte (taku) leurs plus belles prises de poissons (gyo).
Justement, Manu aime pêcher, comme de très nombreux Polynésiens. Prouver la taille de ses prises est intéressant (fierté de pêcheur oblige) mais Manu est d’emblée touché par l’aspect artistique et même poétique de cette méthode : le gyotaku peut être accompagné d’un poème exprimant la gratitude du pêcheur envers la générosité de l’océan.
Manu se met à la recherche d’un maître du gyotaku et il le trouve à Osaka, Sensei (maître) Khojin Taniguchi. Cette rencontre l’a marqué et obligé à l’humilité :
Démonstration en images :
… CULTURES ASIATIQUE ET POLYNESIENNE SONT EMPREINTES DE PECHE
Des enfants s’arrêtent devant le spectacle et tout le monde retient son souffle lors de l’étape cruciale du lever de papier : le poisson semble renaître et son spectre s’élever sur la feuille blanche. Si Manu a été invité à participer au Festival du tatouage, c’est tout particulièrement pour sensibiliser les plus jeunes à l’art et à la nature.
Par exemple, Manu remarque sur la peau de certains poissons des aspérités, vestiges d’attaques de prédateurs auxquelles ils ont survécu au fil de leurs quelques années de vie.
Aujourd’hui, Manu est basé à Hiva Oa aux Marquises. Il insiste sur l’ambivalence de cet art, à la fois complexe et accessible :
Pour parfaire ses gyotaku, il va jusqu’à repeindre les détails des écailles ou de l’œil, cette touche finale permettant de mimer l’éclat de vie du poisson.
GC
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