Honotini Hoata, l’esprit d’équipe au cœur du ‘ori tahiti
Autodidacte, Honotini Hoata a découvert le ‘ori tahiti à l’âge de 17 ans. En juillet 2025, le Polynésien a décroché le graal en étant sacré meilleur danseur du Heiva. Hommes de Polynésie vous fait découvrir le parcours de ce jeune homme passionné par le sport et la danse.
Quand il pense à sa victoire au Heiva 2025, Honotini Hoata a des étoiles plein les yeux.
« J’étais comme sur un nuage, en transe… C’était magique sur scène, presque irréel de danser devant tout ce public à To’atā. »
Si Honotini Hoata fait partie aujourd’hui du club très sélect des meilleurs danseurs de ‘ori tahiti, c’est grâce à sa volonté et à ses entraînements acharnés ces dernières années.
La cohésion du sport
Né à Tahiti, Honotini Hoata a grandi à Faa’a. Aîné d’une famille de trois enfants, il aime sortir avec ses amis et surtout faire du sport, notamment du football.
« J’ai fait partie de l’équipe de l’AS Tamarii Faa’a, on est même arrivés en finale de la Coupe de Polynésie. Mais cela coûte cher, entre les chaussures, les crampons… Ce que j’aime surtout dans le football, c’est l’esprit d’équipe, la cohésion entre les joueurs. »
Les fêtes du Tiurai
Chaque année, depuis son plus jeune âge, le Tahitien s’envole pour Taha’a pour y passer la majeure partie de ses vacances.
« Mes grands-parents et mes parents sont originaires de Taha’a. Mon père est venu à Tahiti pour travailler. »
Et c’est justement lors d’un séjour sur cette île des Raromatai qu’il découvre le ‘ori tahiti, presque par hasard…
« Personne ne danse dans ma famille, mais à 16-17 ans, mon père m’a emmené aux fêtes du Tiurai de Taha’a et j’ai beaucoup aimé, surtout les chants. Je connaissais les chanteurs comme Angelo ou Bobby, mais pas les chants traditionnels polynésiens, les hīmene. Et j’avoue que de les entendre, ça m’a vraiment fait quelque chose. »
Le jeune homme demande alors à un ami qui participe au Heiva de Tahiti de l’emmener.
L'apprentissage du 'ori tahiti
Séduit par le spectacle et la cohésion au sein des groupes – comme cela peut l’être dans une équipe de football –, Honotini Hoata décide de se lancer dans l’aventure du ‘ori tahiti. À 17 ans, alors novice, il rejoint la troupe Tahiti Ia Rurutu Noa, dirigée par Olivier Lenoir.
« Ça a vraiment été une révélation de voir Olivier danser, il s’exprimait. J’ai eu envie de faire pareil.»
Le jeune homme va alors travailler énormément, enchaînant les entraînements et les répétitions.
«J’ai appris les pas, les appuis, la gestuelle, les bases du pā’oti avec un répétiteur. Ce n’était pas facile au début, car je n’en avais jamais fait. »
Mais avec son physique et son cardio de sportif, Honotini Hoata apprend vite. Il se révèle même plutôt doué. Il participe enfin à son premier Heiva.
« J’ai adoré, c’était une superbe expérience. Mes parents étaient même venus, ils étaient fiers. »
Les grands groupes de danse
Fort de cette première expérience enrichissante, il se perfectionne et multiplie les expériences au sein de différents groupes comme Tere ‘Ori en 2019, Te Maeva en 2022, Toakura en 2023 et Heitoa en 2024. Si Honotini aime l’esprit de cohésion qui règne au sein d’une troupe, le danseur n’en oublie pas moins son côté sportif et compétiteur.
« J’avais des amis qui ont participé au concours des meilleurs danseurs du Heiva et qui ont gagné. J’avoue que moi aussi, j’avais très envie d’être sélectionné et de devenir meilleur danseur. »
Un travail acharné
En 2025, il rejoint Hō Mai, dirigée par Francky Tehiva. Le chef de troupe lui offre enfin la possibilité de tenter sa chance et de concourir.
« Je faisais mes entraînements à 4 heures du matin au parc Aorai Tini Hau, avant d’aller au travail. Puis, en sortant, je faisais les répétitions ; parfois, je répétais même avant les répétitions. J’étais au taquet, mais c’était très fatigant. Au mois de juin, je n’en pouvais plus, mon corps n’en pouvait plus. Il m’est parfois arrivé de rater des répétitions. »
Mais malgré la fatigue, Honotini Hoata se remotive et retrouve son esprit de compétition. Il reprend les répétitions jusqu’au grand soir…
« Je me souviens qu’avant de monter sur scène, j’ai pris une grande respiration et j’ai tout donné. J’étais dans ma bulle, dans ma danse. Ça y est, c’était enfin mon tour, mon jour à moi ! »
Rédactrice
©Photos : Pauline Stasi et Hanaitu Faua pour Hommes de Polynésie
Directeur de publication : Yvon Bardes
