Les rencontres amphibies de Philippe Calmels (2/2)
Sauveteur en mer de formation, aujourd’hui maître-nageur à Raiatea, Philippe Calmels poursuit de nous conter sa vie au contact du grand bleu. Découvrez la suite de notre rencontre pour Hommes de Polynésie.
Les Polynésiens, des nageurs exceptionnels
Au palmarès de sa fierté se situe la détection de Rohutu Teahui, un enfant de Raiatea devenu à 15 ans multiple champion de France junior, et que l’on pourrait retrouver aux Jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles.
« À seulement 9 ans, il détenait des capacités incroyables de nage avec des appuis instinctifs qu’on met généralement des années à acquérir. Convaincu de son talent, j’ai insisté pour qu’il intègre le club du Tapioi. Dès ses premières participations sur Tahiti, il a explosé les records en nage sur le dos. Le soutien de ses parents et de la fédération tahitienne de natation ont, ensuite, permis de l’accompagner vers un parcours sportif de haut niveau. »
La rencontre de Rohutu Teahui est, dans la carrière du maître-nageur, l’un des plus beaux cadeaux qu’on lui ait fait. Mais cette chance pourrait, éventuellement, se renouveler…
« Je suis convaincu que des Rohutu, il y en a des centaines car les Polynésiens ont des gènes de nageurs. Sachant que cette discipline est reconnue d’utilité publique, elle peut créer des emplois locaux si l’on monte des clubs dans nombre d’îles et que l’on forme des éducateurs. Cela donnerait également plus de visibilité à la natation polynésienne. »
Le monde des profondeurs
La découverte de la natation conduit aussi à celle des fonds sous-marins. À Uturoa, où la piscine est autant fréquentée par les baigneurs que les poissons-flûte, demoiselles et imposantes colonies d’oursins, Philippe aimerait transmettre aux jeunes générations la passion des merveilles océaniques.
« Peu d’enfants mettent un masque de plongée, par peur d’un milieu qui leur paraît hostile. En fait, seuls les chasseurs sous-marins, curieux et courageux, cherchent à connaître leur environnement en allant à la rencontre du monde sous-marin. »
Depuis sa première mise à l’eau en bouteille et son initiation à l’apnée, Philippe n’a cessé de s’immerger. Caméra à la main, il immortalise ses rencontres avec la faune sous-marine, requins, dauphins et surtout les baleines. Des rencontres très rares car le photographe amateur ne les provoque pas.
« En aucun cas, je ne fais les “sorties baleines” ni ne les traque en bateau. Dans cet infini de bleu, être au même endroit au même moment, c’est tout simplement magique ! En novembre 2023, en face de Tumaraa, j’ai pris un extraordinaire cliché d’une baleine avec son baleineau qui sont venus en face de moi. Cette rencontre époustouflante, je l’ai attendue six ans. »
Sa patience est à mettre sur le compte d’un lieu de vie qui l’invite à accueillir les beaux moments, aussi rares soient-ils, plutôt qu’à se précipiter sur toutes les opportunités de rencontres palpitantes.
« Approcher les baleines, encourager mes jeunes nageurs comme j’ai accompagné Rohutu, font partie des moments forts que je vis ici, à Raiatea. »
Rédacteur
©Photos : Gaëlle Poyade et Firipics pour Hommes de Polynésie
Directeur de Publications : Yvon Bardes.