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Thierry : de militaire à civil, une transition en quête de soi

Publié le 27 septembre 2019

Comment se réinsérer professionnellement quand on a passé 15 ans de sa vie à servir sous le drapeau tricolore ? C’est la question qui s’est posée pour Thierry Tetara. Cet ancien militaire a accepté de raconter à Hommes de Polynésie son processus de transition à la vie civile.

Un pur demi du CEP

Né d’une mère Polynésienne de Tahiti et d’un père Alsacien, militaire affecté au CEP, Thierry se définit comme un pur demi du CEP. Il est l’ainé d’une fratrie de 3 enfants qui grandissent entre l’Allemagne, la métropole et la Polynésie, avant un retour définitif au fenua en 1987. Il termine sa scolarité à Papeete au lycée Paul Gauguin où il obtient son Bac. N’ayant pas d’idée précise sur son orientation professionnelle, c’est tout naturellement qu’il s’engage au Camp d’Arue, puis s’envole pour la métropole.

« J’ai fait 15 ans d’armée de Terre »

Si l’on dit de l’armée qu’elle est professionnalisante, structurée et personnalisé, on occulte souvent le fait qu’une carrière militaire peut être marqué par les affres de la guerre. Après avoir fait le tour du monde, Thierry décide de rentrer au pays.

« C’est bien de partir, mais c’est bien aussi de revenir »

Retour à la vie civile

En 2007, Thierry et sa femme posent définitivement leurs bagages à Tahiti. L’épineuse question du travail ne tarde pas à se faire sentir. Si sa compagne ne rencontre aucune difficulté à se trouver un emploi, l’ex-militaire fait face à une réalité : dans quel secteur, pour quel poste et éventuellement, quelle formation suivre? A Tahiti Vigiles il pense avoir trouvé LE job, mais au bout de deux ans, son retour à la vie civile n’a guère le goût du succès. Une autre opportunité se présente à lui :  agent de recouvrement. Il officie 5 ans avant de « faire un trop plein de recouvrement »

« Je n’étais plus en phase avec ce que je faisais, ce n’était plus moi. Si je dois me rendre au boulot à reculons, je préfère arrêter. »

Thierry ne veut pas stagner. Il a 47 ans et doit se reprendre en main. A l’image des trois femmes de sa vie, ses deux grand-mères et sa femme, il doit réagir.

« Ma grand-mère Alsacienne a vécu la guerre et a élevé ses 5 enfants seule, son mari ayant disparu sur le front russe. Ma grand-mère Tahitienne vivait également seule et a dû vendre des mangues pour gagner sa vie. Cette capacité d’adaptation est un héritage qui a été transmis à mes parents, et qu’à mon tour je dois perpétuer, avec l’aide de ma femme ! »

Contre toute attente, Thierry se prend de passion pour la pâtisserie. Il décide de s’inscrire au Lycée Hôtelier et passe son CAP. Mais ouvrir une pâtisserie ne fait pas partie de ses projets immédiats…

Les arts martiaux

Il renoue en parallèle avec son autre passion : les arts martiaux. Une pratique sportive à laquelle il s’adonne depuis l’âge de 7 ans, d’abord avec le Judo, puis le Karate, et en 2007 le Krav-maga qu’il promeut par le biais d’un club monté chez Aljo.

« Il s’agit d’un sport de combat qui fut longtemps secret défense en Israël. Il sert principalement à former des forces spéciales, comme le GIGN, gendarmes, policiers, et s’adresse aux adolescents à partir de 14 ans jusqu’aux séniors. Ce n’est pas un sport de compétition et les stars d’Hollywood en sont de plus en plus adeptes »

Trois ans plus tard, Thierry passe du Krav-maga au systema. Un art martial russe basé sur la détente, la respiration et l’équilibre interne. Les bénéfices vont bien au-delà de l’aspect disciplinaire. Cette pratique l’a fait évoluer dans sa ligne de conduite en lui apportant stabilité et sérénité. Aux yeux de Thierry, être champion dans sa vie de tous les jours, c’est de ne jamais céder à la violence.

« En évitant l’agression tu seras meilleur que celui qui cherche à t’agresser ! On fait tous des choix, qu’ils soient bons ou mauvais mais il faut les assumer, c’est ma philosophie, on doit pouvoir s’adapter aux obstacles que nous rencontrons et passer au-dessus. »

Le Polynésien, selon Thierry, est en quête permanente d’identité et de sa place dans la société, car il se retranche derrière un complexe d’infériorité très marqué.

Cet ex-militaire a finalement trouvé, avec la pratique d’un art martial, son chemin vers la vie civile, et exhorte la jeunesse à se mettre dès aujourd’hui en quête de spiritualité sous toutes ses formes.

« C’est ce qui va permettre de ressouder les liens familiaux, professionnels et personnels. Le moteur de mon changement a été le systema, car il permet la gestion des émotions et favorise le détachement nécessaire pour s’humaniser.»

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Cyril Pallière pour Hommes de Polynésie

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