Matairea, flow d’idées et de créativité intarissable
Bien connu pour la marque Nesian, qui depuis 2014 a conquis le cœur des Polynésiens, Matairea BESSERT, entrepreneur, père de famille, président d’association, créateur, artiste et surfeur, ne cesse de préparer la prochaine étape. Hommes de Polynésie s’invite dans la philosophie qui guide Matairea vers un futur édifiant.
Une jeunesse régie par la mer
C’est en 1983 que Matairea commence sa petite enfance à Papara, dans le quartier familial à deux pas de l’océan.
“ J’ai grandi à Papara, là où se trouve notre atelier d’impression maintenant. C’est pas loin de la mer, un super coin ! ”
Matairea fait sa scolarité au Sacré Cœur de Taravao, avant de passer son BAC à La Mennais. Il s’inscrit ensuite en DEUG d’Eco-gestion à L’UPF, avec une spécialité très prisée en Polynésie…
“ J’ai plutôt fait un DEUG surf : j’ai surfé pendant deux années à fond (rires) ! Puis j’ai dû prendre une décision pour mon avenir.”
Le futur entrepreneur décide alors de quitter le fenua.
De nouveaux horizons
En 2003, Matairea scrute les cartes universitaires de France, et met le doigt sur Nantes.
“ Je ne voulais pas refaire ce que j’ai fait ici, du coup je n’ai pas choisi les destinations classiques pour les Polynésiens, comme Montpellier. ”
Une formule qui fonctionne bien, car une licence en science de l’éducation et un master en psychologie en résulteront quelques années plus tard.
“ J’ai toujours voulu comprendre ce que les humains pensent, le comment et le pourquoi. D’ailleurs, je passe moi-même une bonne partie de mon temps à penser. ”
Les diplômes en poche et un petit garçon en cours, Matairea rentre de métropole au bout de 5 ans.
“ Nantes m’a beaucoup plu, mais je voulais travailler en Polynésie.”
L’inspiration de l’île sacrée
Un jour, alors que Matairea surfe un des spots de l’île, il sent comme une clarté, le type de pensées qui changent une vie.
“ Je voyais tous ces gens passer, des touristes, quelques locaux. Ce qui m’a marqué, c’est la joie de partage que tout le monde exprimait. Ça m’a beaucoup rapproché de nos îles. ”
De fil en aiguille, les pensées se transforment en idées, et Nesian émane.
Réveil de l’entrepreneur
“ Ma plus grosse frayeur a été le jour où j’ai décidé de ne pas signer le renouvellement de mon contrat à Raiatea. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire, j’avais fait quelques T-shirts, j’avais un logo simple et des stickers…”
Il divise son salaire précédent par 30, et se donne pour objectif de gagner cette somme tous les jours. Un objectif qui va le guider durant les commencements de Nesian.
“ Un jour, pour acheter le chapiteau Nesian pour participer à un salon, j’ai dû vendre la voiture de ma femme. Petite surprise quand elle est revenue …(rires) Je lui ai dit que je lui revaudrai cela, et elle a cru en moi. ”
Nesian commence par les salons, où T-shirts et accessoires se vendent comme des petits pains.
Croissance
En 2017, la boutique Nesian apparaît en centre-ville : une étape majeure pour la marque.
“ Ouvrir la boutique a été pour moi le symbole de toute ces années de travail et d’accomplissement. Finalement, après tous ces efforts, on « existait ».”
Après plusieurs rebondissements et l’acquisition de matériel d’impression de textile, une nouvelle idée naît. Ayant souvent recours aux plates-formes numériques, telles que Shutterstock 2, pour la création de nouveaux designs, Matairea se confronte à un problème récurrent.
“ À chaque fois qu’on avait besoin de photos ou de bandes sons spécifiques à la Polynésie, on ne trouvait pas les bonnes choses. On a donc eu l’idée de créer Islandmedia, une banque de photos, illustrations vectorielles, vidéos et sons propres à la Polynésie. ”
En 2017 Islandmedia, intègre la première promotion de l’incubateur PRISM 3, avec qui ils vont tisser beaucoup de liens et sortir leurs plates-formes en 2019.
Aujourd’hui, entre Tereone, association de beach soccer à Papara, Nesian, Islandmedia, Ohena (imprimerie) et sa vie de famille, Matairea se donne toujours un moment de réflexion. Quand on lui parle de jeunesse, il dit avec empathie :
“ Accrochez-vous! De bonnes choses viendront, il faut être résilient et travailleur. N’allez pas là où le chemin vous emmène, créez votre propre chemin. ”
1 Conseiller Principal d’Éducation
2 Shutterstock est une banque américaine de photographies, d’images d’archives, de musiques d’archives et d’outils d’édition
3 incubateur de projets polynésiens
Niuhiti Gerbier
Rédacteur web
© Photos : Matairea Bessert, Niuhiti Gerbier pour Hommes de Polynésie