Fenua by Freddy, styliste designer mode
Il aime les fleurs, les couleurs vives, l’art et son Fenua1. La création, il en vit aujourd’hui, et exprime sa sensibilité, sa vision du monde à travers elle. Le créateur de la marque « Fenua by Freddy » est un passionné. Un passionné qui s’émerveille de la beauté de l’art sublimée par certains vêtements, d’une mode en renouvellement perpétuel, en constante évolution, qui ne fige pas les choses. Pour Hommes de Polynésie, Freddy Mou se livre en toute simplicité. C’est dans un café branché de la capitale que je le retrouve, le sourire aux lèvres.
« Des vêtements pour montrer qui je suis. »
Freddy est un jeune homme de 25 ans, qui est né à Tahiti et y a grandit. La mode ? « Elle est venue comme un cheveu sur la soupe », me dit-il. De sa période sur les bancs de classe, il n’en garde pas de très bons souvenirs : « À l’école, on nous met dans des cases. J’ai arrêté l’école à 16 ans, je n’apprenais plus rien, ou plutôt, cela ne m’intéressait plus… ». À un certain moment, la volonté de s’exprimer a été plus forte, il ajoute :
« J’ai essayé de paraître normal, short tricot, et un jour je me suis dit : pourquoi pas plus de couleurs dans ce monde ? J’avais envie d’autre chose, de m’habiller différemment. Je ne veux pas avoir vécu pour les autres. »
C’est en 2012 que sa marque « Fenua by Freddy » voit le jour. Pourquoi « Fenua » ? parce que ce mot polynésien lui rappelle ses racines, sa principale source d’inspiration.
Sa voie dans le monde de la mode n’était pas toute tracée d’avance : « Autodidacte, j’ai appris sur le tard, au fur et à mesure des échecs. La mode c’est toujours en évolution. Ce qui fait ma force en tant que styliste designer, c’est créer. Si on n’a pas une puissance d’imagination, on ne peut pas suivre. »
Le sourire aux lèvres il ajoute : « j’ai démonté quelques vêtements avant d’y arriver. C’est avant tout des mathématiques et de la logique. J’étais plutôt mauvais élève en maths, cela me surprend encore ! »
S’il dit commencer à être soutenu par sa famille d’origine chinoise, il reconnaît que ce n’est pas évident : « le cliché chinois pour les parents, c’est des enfants comptables, médecins, dentistes… La voie que j’ai choisie ne les rassure pas. »
« Les collections, c'est donner une identité à la marque. »
Au début, Freddy commence à habiller son entourage et se rend compte que ses vêtements, qui mettent en avant les fleurs, les motifs polynésiens, plaisent.
« Je me suis spécialisé dans la confection de vêtements et aujourd’hui, j’ai ma clientèle localement. La plus grande clientèle est internationale. »
Son premier défilé s’est déroulé au restaurant le Blue Banana, et depuis « les commandes n’ont pas arrêté. Il y a eu une réception très favorable de la part du public. »
Si les créations de Freddy concernent principalement les femmes, il confectionne aussi des chemises pour hommes. Il aime travailler les couleurs, les formes et propose deux collections par an : printemps/été, avec des couleurs vives et automne/hiver, avec des couleurs plus froides. « Je fais du prêt à porter pour les femmes chics qui veulent aller prendre un pot entre copines ».
Bientôt, ce sont des vêtements élégants, de bureau, toujours avec des couleurs polynésiennes et des motifs polynésiens que Freddy souhaite proposer.
« Soudainement, il est 3h du matin. Je n'ai pas l'impression de travailler : c'est ma passion. »
La mode pour Freddy, c’est avant tout une histoire de passion. Lui qui ne compte pas ses heures reconnaît passer des nuits blanches parfois, surtout avant les défilés. « Je n’appelle pas ça bosser, j’aime ça, je vis de ma passion. Je dessine 3 000 sketchs par collection et j’en choisis 10 modèles. J’ai commencé à chercher des couturiers car je croule sous les commandes. »
Le souci de la qualité, un indispensable pour ce passionné : « J’ai une griffe, je rends un travail nickel. Je tiens à garder mon « made in Tahiti2 ». Cela frappe à l’international. Alors les gens me posent la question : c’est où Tahiti ? C’est un excellent moyen de promouvoir Tahiti, on vit quand même au paradis ! »
C’est plein de gratitude envers toutes les personnes qui lui font confiance et le soutiennent, au niveau local et à l’international, que Freddy termine notre entretien. Des projets ? Voyager, apprendre, découvrir d’autres influences : « J’ai été invité à des défilés internationaux. Cela ne me déplairait pas de vivre à Londres. J’en reviens, j’adore cette énergie avec une influence très royale et urbaine. Je trouve que la culture polynésienne a sa place sur les runways3 internationaux. Il ne faut pas avoir peur de se démarquer. »
1 Pays, ici, Polynésie-Française.
2 Fabriqué à Tahiti.
3 Ici, défilés de mode.
Tehina de la Motte
Rédactrice web
© Photo de couverture : Hommes de Polynésie
© Photos article : Fenua by Freddy, Ray Bartholomeusz, Brigitte Grant