Bienvenue dans la boîte à paillettes de Witney !
“Ia Ora Naaaa, moi c’est Witwit!”
L’œil pétillant, l’accent local chantant, chaleureux, il nous met tout de suite à l’aise. Et qu’est-ce qu’on rigole ! Il faut le prendre comme il est, avec sa franchise maladroite, car elle fait son charme. Hommes de Polynésie est entré dans son monde qui brille de mille feux, et vous en donne un aperçu !
I will always love… me
Witney-Blake Jones, de son vrai nom, est né à Papeete en 1989 et grandit à Tipaerui puis à Puurai jusqu’à ses dix ans. Puis ses parents décident de mettre le cap sur la presqu’île.
« Mon père vient de Marokau, dans les Tuamotu. Il n’est pas Américain comme on pourrait le croire par son nom ! Les Américains remontent bien plus loin dans l’arbre généalogique. »
A la maison, il est entouré de ses frères et sœurs, et ses cousins et cousines que ses parents ont pris sous leur aile. Il apprend donc à partager la maison, sa chambre, ses affaires, et ses parents…
« Ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai pu ressentir l’amour de mes parents pour les enfants, et ce besoin d’aider m’a adouci. »
Witney dessine. Depuis toujours et partout … Il se sent artiste dans l’âme, avec un petit côté rebelle…
« C’est dommage que cette partie de moi ne se soit pas découverte plus tôt, parce que soi-disant la réussite dans la vie est d’étudier, trouver un bon travail, acheter une maison et bosser jusqu’à la fin de sa retraite. »
Volonté et curiosité
Après son bac, il poursuit des études de littérature à l’université. Il jongle le matin avec les cours et le soir avec des extras en restauration dans un hôtel.
Six ans s’écoulent et la motivation s’estompe. Witney veut faire autre chose.
« Il fallait que je quitte mon job, devenu une zone de confort, pour m’obliger à faire quelque chose de nouveau. »
S’ensuit une année « de galère » et de frustration. Il se retrouve sans revenus et la recherche d’un travail devient de plus en plus difficile. En 2015, un ami ouvre son salon de coiffure et lui propose d’intégrer son équipe, en attendant de se remettre sur pieds. C’est la révélation.
« J’ai été fasciné en découvrant le matériel de maquillage d’une des employées. Je jouais avec tous les jours. Toutes ces couleurs, les mélanges, les textures… L’artiste que j’avais refoulé au fond de moi revenait à la surface. »
Encouragé par ses amis, Witney se lance dans le monde du gloss et du mascara ! L’année suivante, il intègre l’équipe M.A.C Tahiti pendant deux ans.
« Je m’y plaisais énormément. J’étais enfin dans mon univers et surtout, je vivais de ma passion. »
Sa soif d’apprendre l’emmène toujours au sommet de ses compétences. Il voyage et rencontre des professionnels du milieu grâce à l’enseigne M.A.C.
« Il n’y a pas de secret, c’est de l’entraînement au quotidien. Même les weekends, je ne fais que ça. Tu n’y vois aucune difficulté quand c’est quelque chose qui te fait vibrer. »
Aujourd’hui à son compte, c’est à la boutique PULP qu’il propose ses propres produits, comme des faux-cils ou des rouges à lèvres qui font succès rien que par leur noms.
« Tous mes produits ont des noms évocateurs comme ‘Alooors’, ’Pohe roa’, ‘J’assume’ ou encore ‘Dear Hater’. Des expressions qui parlent aux gens d’ici. »
L’artiste rebelle est heureux et… plus drôle.
« J’aime le fait de pouvoir changer d’apparence. J’aime le côté créatif de ce métier, d’embellir un visage, lui trouver ou lui créer une autre beauté. »
Le maquillage léger et naturel n’est pas sa spécialité. Il affectionne les mélanges hauts en couleurs, les textures, les reflets…
« Et pourquoi pas des paillettes ! Ou du highlight ! Ah le highlight ! Que serait ma vie sans highlight ! »
Pour Witney, il faut que ça tape à l’œil, que les gens se disent « wooow ».
« A quoi ça sert de passer une heure à te maquiller pour te fondre dans la masse? »
A côté de ça, il y a le regard des autres, qu’ il apprend à ne plus prendre en compte.
« Pourquoi vivre selon les autres ? Ca n’a pas été facile pour mes parents que je fasse un métier réservé aux femmes ici. Ils ont été affectés par les jugements. J’en ai aussi entendu, des choses… sauf que je m’en moque. Je suis un mouton noir. Avec des paillettes certes, mais un mouton noir quand même. »
Witney poursuit son chemin et communique avec ses fans au travers de vidéos ou des live sur Facebook. Son côté naturel, authentique, très blagueur et son autodérision plaisent.
Il propose également sur YouTube des « interview makeup », où il questionne son invité tout en le maquillant. On peut aussi le suivre sur Instagram et TikTok.
Et s’il avait un conseil à donner, ce serait :
« N’ayez pas peur d’être vous-même. Soyez vrai et authentique ! »
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Vainui Moreno
Rédactrice web
© Photos : Witney-Blake Jones