Amaury, l’impro contre le « ça fait honte »
Marco, animateur radio, a fondé l’association Tahiti Impro dont Amaury a fait partie. Il nous raconte : ils sont une quarantaine de membres à jouer la comédie et cette troupe se produit régulièrement au Paradise et dans d’autres lieux bien connus du fenua. Elle organise aussi des matchs dans les collèges. Hommes de Polynésie a rencontré cette joyeuse équipe.
L’impro, tout un monde, tout un spectacle
Les matchs d’improvisation ont été initiés en Polynésie il y a 4 ans par Marco, animateur radio sur Rires et Chanson, directeur d’NRJ Polynésie et auteur de nombreux spectacles humoristiques. L’impro, quésako ? Il s’agit d’un spectacle de théâtre où les acteurs découvrent le thème sur lequel ils doivent jouer en même temps que le public, une fois sur scène. Discipline originaire du Québec, c’est « Papy », un personnage haut en couleurs qui l’a importé sur les planches des théâtres français.
Il existe de nombreux styles de spectacles d’improvisation qui consistent à opposer deux équipes sur un thème ou à observer une seule équipe qui joue sur des thèmes tirés au sort… Que ce soit pour un « Catch d’improvisation », « Cabaret », « Improcès » ou « Match d’impro », assister à du théâtre d’improvisation est synonyme de rires, de surprises et de bons moments.
À Tahiti, l’association propose des spectacles tous les mois et joue à guichets fermés. Les raisons du succès ? Un billet peu cher (à 500 francs la place, une soirée de rires coûte 2 fois moins chère que le cinéma) et une promotion active des membres de l’équipe pour faire connaître l’impro à tous.
Une activité ludique pour s’amuser et se révéler à soi
Amaury, ancien membre de Tahiti Impro, a grandi à Paea. Ce juriste aux affaires sociales de 27 ans, a découvert récemment le théâtre d’impro et il est emballé par les effets que cette forme de théâtre procure.
« La ville de l’impro en France, c’est Trappes ! Une ville connue pour ses inégalités sociales. L’impro, ça met tout le monde sur un pied d’égalité. Tout le monde a une chance de s’éclater et aussi, de se valoriser. »
« Pour faire de l’impro, il suffit d’avoir de l’imagination, de l’écoute et de la créativité. En travaillant sur sa posture corporelle, ses réflexes et ses connaissances, on peut devenir un très bon joueur en 3 ou 4 mois. »
Si Amaury a exercé le théâtre d’impro pour s’amuser avec ses copains, il a vu les effets positifs sur d’autres et pense particulièrement aux jeunes des quartiers défavorisés pour qui l’improvisation serait un apprentissage facile d’accès permettant de casser le fameux « ça fait honte ».
L’impro pour tous, du local à l’international
Le théâtre d’impro a été reconnu comme activité éducative en métropole et pour la troupe de Tahiti Impro, l’objectif est simple : programmer des spectacles d’impro dans les collèges du fenua.
« L’impro, ça casse la hiérarchie sociale, ça apprend la vie en collectivité et ça apprend qu’on peut vivre des choses de manière différente. »
En échangeant avec des professeurs de collège, Amaury et ses comparses de Tahiti Impro ont pris pleinement conscience du potentiel de l’impro pour les jeunes du fenua.
« Apprendre à s’exprimer en public, se donner la chance de faire rire ou encore, rater son impro et comprendre que la prochaine sera meilleure, sont autant de manières de grandir et devenir bons improvisateurs. »
Pas de hasard, l’impro de Papy a révélé Djamel Debbouze, Omar Sy ou encore, Arnaud Tsamere.
« Notre objectif n’est pas de gagner de l’argent mais de faire de l’impro un loisir accessible, de plus en plus connu pour donner envie aux jeunes de jouer, de s’essayer à l’impro, de passer le facteur honte et qui sait… Devenir le prochain grand improvisateur polynésien. »
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Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photos : Tahiti Impro