Roland, un militant dans l’âme à la détermination de fer !
Roland Oldham est président de l’association « Moruroa e Tatou » qui réunit les victimes et les travailleurs lors des essais nucléaires dans le Pacifique (1966-1996) à Moruroa et à Fangataufa. Roland a fait ses armes militantes dans le syndicalisme avant de s’engager pleinement dans le combat pour la reconnaissance des conséquences sur la santé des Polynésiens des essais nucléaires. Hommes de Polynésie a rencontré un homme sage à la détermination et à l’énergie intactes.
Une force intérieure acquise auprès des maoris en Nouvelle-Zélande
Roland dégage un mana, une force intérieure peu commune. Derrière son regard profond aux reflets mâts, se niche une vie d’homme d’actions qui a atteint l’acmé de la sagesse. Petit-fils du conteur de mythes polynésien Terapo Pouira Teaura, Roland a commencé sa carrière en tant qu’instituteur à Moorea après avoir travaillé au sein de la brasserie de Tahiti avec Dexter Cave.
« J’avais soif de découverte et de voyages dans des contrées inconnues. Je suis parti en Nouvelle-Zélande huit ans puis en Australie trois ans. Mon expérience en Nouvelle-Zélande m’a transformé, j’ai côtoyé des frères maoris et beaucoup appris auprès d’eux. Au sein d’une société violente à leurs égards, ils font face avec fierté sans fléchir en termes de détermination. »
Après son exil maori, Roland éprouve le besoin de rentrer au Fenua en 1983.
« Je l’ai ressenti au fond de moi : il fallait revenir. Mon chemin était tout tracé, j’allais m’engager pour défendre le droit des travailleurs polynésiens. »
Roland fait partie des membres fondateurs de l’association « Hiti Tau » qui se donne pour but d’œuvrer au développement durable et autonome de la Polynésie. En parallèle, il rejoint les rangs du syndicat « A Tia i Mua » avant de fonder son propre syndicat « SIDT ».
« Nous avons mené de multiples actions syndicales. C’était très dur au début. Parfois, nous étions seulement 7 à une manifestation pour défendre les droits d’employés d’un supermarché. Alors nous nous étions enchaînés aux portes de l’entrée du magasin. »
Roland applique certaines des méthodes apprises auprès des maoris en Nouvelle-Zélande. Aussi, déjà sensible aux questions relatives au nucléaire, il s’investit sur ce sujet au sein de « Hiti Tau » et également en coordination avec l’association « Greenpeace ».
« Bien que je n’ai pas travaillé directement à Moruroa, j’ai toujours été très actif sur la question. Dès l’âge de 16 ans, j’ai manifesté en 1966 dans les rues de Papeete contre les essais. Après beaucoup d’effort de sensibilisation et de communication dans les médias, en 2001, nous avons créé l’association Moruroa e Tatou afin de reconnaître le préjudice subi par les victimes des essais nucléaires. »
Un militant de la première heure sur la question nucléaire
Roland rappelle que le combat pour la reconnaissance des conséquences des essais nucléaires sur la santé des travailleurs et des habitants locaux est un marathon.
« Cela fait près de 20 ans que nous militons sans relâche, et enfin, nous sentons que la parole se libère sur ce sujet, mais la route est encore longue ! Pas de triomphalisme pour nous si quatre personnes ont pu être indemnisées cette année, au contraire, ce n’est pas encore assez, on se moque de nous ! »
Malgré les années qui passent, la détermination de Roland n’a pas faibli. Face aux coups durs qu’il a connu, sa force et sa résilience intérieures lui ont permis de surmonter les obstacles et de garder le cap.
« Je me suis beaucoup intéressé à la vie de Gandhi, j’ai beaucoup lu sur lui, c’est un modèle pour moi. Che Guevara aussi dans un autre style. Mais je crois sincèrement ne pas avoir leurs forces respectives. Modestement, je trace mon chemin et j’essaie de donner le meilleur de moi-même pour les idées que je défends et pour le bien des Polynésiens. »
Homme d’action et de pensée, Roland a aussi une autre corde à son arc, celle de l’artiste. Bluesman reconnu, il peint également, sculpte sur bois et sur Pierre et s’intéresse à la nature ayant son propre potager.
« Il faut revenir à une vie limitée par les ressources en préservant l’environnement avec des énergies naturelles. Le Monde est encore à réinventer, le pétrole, le nucléaire font partie du passé maintenant. Il appartient aux jeunes d’écrire les pages futures. Adepte du yin et du yang, je suis confiant dans la Nature pour trouver un équilibre viable pour le futur. »
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Sur la page Facebook Moruroa e Tatou
G. C.
Rédacteur web
© Photos : Roland Oldham, Moruroa e Tatou