L’environnement, le cœur de métier de Francis Arai !
« Le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas ! » Francis est LE monsieur « prévention » des déchets auprès du grand public. Une sensibilisation au tri dont il est devenu le référent officiel auprès des établissements scolaires, associations, administrations et institutions. Hommes de Polynésie. s’est rendu à son bureau basé à Motu Uta et a rencontré un jeune homme que rien ne prédestinait au poste d’Animateur à FENUA MA.
Diminuer nos déchets et consommer mieux
Réemploi, réparation… ces gestes ne sont pas totalement entrés dans nos habitudes et les vieux tee-shirts, chaine hifi ou grille-pain finissent au fond d’une poubelle plutôt qu’entre les mains expertes de réparateurs ou d’associations caritatives.
Même constat pour le gaspillage alimentaire, qui, à l’échelle mondiale, représente 1/3 de la production. Préférons parler d’alimentation durable en effectuant des gestes simples au quotidien et en consommant local et de saison.
Ces messages, Francis Arai les répète à chacune de ses interventions publiques. Aujourd’hui animateur, un poste crée pour lui voilà 3 ans, il sensibilise les plus jeunes, instruit les plus anciens et fédère dans les quartiers autour de projets collectifs et environnementaux, comme le compostage individuel.
A l’image de certaines personnes qu’il rencontre, Francis ne triait pas chez lui. « J’habitais Faa’a, la seule commune où tous les déchets finissent dans la même poubelle et la même décharge ! Techniquement à la maison je ne m’occupais pas de ça !»
Une donne qui change en 2015 avec la signature d’un CDD. FENUA MA l’embauche en tant qu’agent de pesées avant de l’intégrer en 2018 au titre d’animateur.
Après les premiers messagers du tri, George Marti et Moana Kautai du temps de la SEP, Francis devient le relais d’information auprès de la jeunesse locale. Sa principale mission ? Sensibiliser les éco-délégués des établissements scolaires.
« Je forme aux gestes du tri deux élèves par classe, en primaire, collège et lycée, afin qu’ils puissent les relayer auprès de leurs camarades. »
Avec les élèves, Francis intervient dans les milieux associatif, entrepreneurial, administratif et communal, sur les conseils de tri et la chaine du traitement des déchets.
« Pour les communes, par exemple, nous formons les rippeurs 1 et les chauffeurs des camions, parce qu’il nous est arrivé de refuser des collectes de bacs verts. Le fait est que stocker des déchets sales sur un site où se trouvent d’autres déchets destinés à l’export nous pose un véritable problème. »
L’environnement, un sujet acquis ? « Pas totalement ! » nous répond Francis. Les spots télé et les réseaux sociaux ne suffisent pas à assimiler les consignes de tri. Avec le succès de leurs représentants les plus fidèles, les marionnettes « Tao et Tiaporo », les enfants sont bien plus réceptifs au tri des déchets. Mais n’en est pas de même pour leurs parents et grands-parents, pour qui le message a vraiment du mal à passer.
« Ils avouent que se sont leurs enfants qui leur apprennent à trier à la maison. Les anciennes générations sont restées sur l’ancien modèle, où il n’y a qu’une seule poubelle où il faut tout jeter. Les veilles habitudes sont tenaces ! »
Visite guidée
C’est pourquoi Francis organise des visites guidées. En 2 ans, il a vu pas moins d’un millier de visiteurs, avec majoritairement des petits. Hors période scolaire, les associations, centres aérés, administrations et sociétés se rendent régulièrement au CRT.
Il n’est pas rare de le voir dans les couloirs de l’industrie dite « pollueuse », celle qui génère des déchets à risque. Francis y forme le personnel à la gestion des déchets.
« Le meilleur déchet c’est celui que l’on ne produit pas ! ».
Qu’a-t-il appris à FENUA MA ? Où nos déchets partent et ce qu’ils deviennent. Les bacs gris finissent au Centre d’Enfouissement Technique (CET) de Paihoro. Les bouteilles en verre sont les seuls déchets recyclés au fenua, « Une société locale de concassage les transforme en gravier de verre ». Les autres déchets recyclables du bac vert sont exportés en Nouvelle-Zélande ou en Asie.
Peu de gens le savent, mais le gravier de verre présente 3 avantages : le coût – deux fois moins cher que le gravier standard, écologique – il évite de puiser dans les roches des vallées, et plus performant avec un meilleur drainage – à l’exemple du chantier du Haut-commissariat qui a permis de valoriser localement plus de 460 tonnes de gravier de verre.
« En 2018, nous avons récupéré 24.700 tonnes de verre dans les bornes de tri, mais encore beaucoup de bouteilles finissent dans les bacs gris. »
FENUA MA ne travaille pas directement avec des entreprises spécialisées dans le recyclage, ils passent par un Hub qui réceptionne nos déchets (cartons, boites de conserves et papier) et les redispatche auprès des usines de recyclage susceptibles d’être intéressées. Par exemple, les cannettes en aluminium partent en Corée du Sud, les bouteilles en plastique en Malaisie. A ce jour, le textile n’est pas reconditionné et finit souvent enfoui.
« Plutôt que de jeter vos vêtements à la poubelle, donnez-les ! »
Les journées portes ouvertes de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets 2 sont l’occasion de pouvoir visiter le CRT de Motu Uta, histoire de se faire une vision plus terre à terre de ce que deviennent nos déchets. « La terre ne nous appartient pas, elle appartient à ceux qui vont nous succéder, pensons aussi à leur avenir. »
Voir portrait Hommes de Polynésie Benoit Layrle, un gerçois pour Super Fenua Man.
- Nouveau nom donné aux éboueurs en charge de la collecte sélective
- La SERD 2019 sera du 16 au 24 Novembre prochain
PLUS D'INFORMATION
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Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Cyril Pallière pour Hommes de Polynésie