
IHIRAU PITON, DÉMOCRATISER LE SAVOIR POUR TOUS (1/2)
C’est devant le marae Hōkūle’a, symbole d’alliance entre Hawai’i et le fenua, que nous rencontre Ihirau Piton. Vêtu d’un lavalava et d’une chemise aux couleurs du soleil couchant, il porte fièrement son héritage sur les épaules. Président de l’association REO–UPF et dévoué à l’accessibilité de la culture pour tous, il se confie à Hommes de Polynésie sur son parcours, ses projets et ses valeurs profondes.
LA CULTURE COMME ÉTENDARD
Ihirau Piton est le fils d’une mère professeure de reo tahiti.
« J’ai toujours eu ce bain de culture et de langue. »
Il fait d’abord des études en sciences et technologies de laboratoire génie biologique, puis s’envole pour le Canada pour poursuivre dans cette voie. Il ne s’y épanouit pas, et revient vivre en Polynésie, dans l’archipel des Raromata’i.
« J’en avais marre des études. Je suis parti planter de la vanille. Je voulais vivre des tomates que je faisais pousser dans mon jardin, pêcher des poissons… »

À Ra’iātea, il s’engage pour la culture avec l’association A Nui Taputapuātea. Mais Ihirau trouve bientôt que ce domaine n’est pas le nerf de son engagement.
« On ne peut en vouloir à personne de ne pas considérer la culture, tout comme l’environnement malheureusement, comme des combats importants, si lesdites personnes sont concentrées à survivre. »
REO-UPF, UNE RECONNEXION AUX PATRIMOINES POLYNÉSIENS
Selon Ihirau Piton, l’important est avant tout de lutter en comprenant pourquoi. Ainsi, lorsqu’il s’inscrit à l’UPF pour poursuivre en licence littérature, langue, civilisation étrangère et régionale en langue polynésienne, il rejoint l’association REO-UPF, dont il devient le président.
« On essaye de promouvoir tous ces aspects-là : les langues, les sciences et les cultures, par différentes activités. Les langues, en ouvrant tous les vendredis un atelier où les gens peuvent venir parler en tahitien. Pour encourager tout le monde, quel que soit leur niveau, à parler tahitien, à apprendre. »
Durant ces sessions, l’association propose parfois des cérémonies du kava, une pratique traditionnelle dont ils tentent de faire revenir l’usage, pas seulement dans un but cérémonial, mais vraiment de manière journalière.

« Au niveau des sciences, on essaie d’emmener les étudiants dans la montagne, dans la mer, notamment en partenariat avec l’association Tama no Te Tairoto, pour l’observation des plantes, du corail, et la popularisation et la vulgarisation de sujets importants des sciences polynésiennes, sociales et environnementales. »
En tant que président de REO-UPF, Ihirau a mené des projets d’envergure. Entre autre, la construction d’un site célébrant les coutumes anciennes, revalorisant ainsi le patrimoine polynésien.
« J’ai un grand projet d’aménagement d’une aire culturelle. C’est, basiquement, la construction d’un marae sur le campus. »

Depuis deux ans, Ihirau Piton s’est instauré comme une figure majeure au sein de l’association. Et bien qu’il se soit investi de ses missions avec ferveur, il souhaite aujourd’hui transmettre ses responsabilités à la personne qui lui succèdera.
« J’espère cette année pouvoir déléguer, pouvoir donner la présidence à quelqu’un d’autre, sans pour autant complètement lâcher la nouvelle équipe de REO-UPF. J’aimerais bien pérenniser un petit peu tout ce qu’on a fait, et les aider à prendre le relais. »

Rédactrice
©Photos : Cartouche Louise-Michèle, TNTV, REO UPF et Ihirau Piton pour Hommes de Polynésie
Directeur des publications : Yvon Bardes