
Teiho Tetoofa, du quai de Faaite aux millions de vues sur YouTube
Teiho Tetoofa est originaire de Faaite, aux Tuamotu. Très attaché à ses origines, c’est en paumotu qu’il chante son atoll. Et le succès est au rendez-vous, ses chansons cumulent plusieurs millions de vues sur les réseaux sociaux.
C’est avec un sourire bienveillant que Teiho Tetoofa vient à notre rencontre pour parler de son parcours. Un parcours qui commence dans une île éloignée des Tuamotu, Faaite, un atoll marqué par un terrible drame survenu en 1987.
« Je n’étais pas né quand cela s’est passé. Cette tragédie a bouleversé l’île, mais cela fait 30 ans maintenant. C’est horrible, mais je veux aussi parler de mon île autrement. »
La découverte de la guitare

Pour Teiho Tetoofa, Faaite, c’est avant tout l’atoll où il a grandi enfant avec ses parents et ses nombreux frères.
« Mes parents pêchent, récoltent le coprah, comme tous les habitants de l’atoll. La population n’est que de 90 personnes. »
Et sa famille représente une bonne partie de cette population.
« Ma mère a eu neuf garçons, deux fois des jumeaux. Avec mes frères, on pourrait presque faire une équipe de foot ! »
Pourtant ce n’est pas vers le foot que Teiho est attiré, mais vers la musique.
« Mes cousins jouaient de la guitare, du ‘ukulele. Après l’école, on se retrouvait tous sur le quai de l’île et on jouait. J’ai appris comme ça avec eux. J’avais une guitare qui était de la camelote. Mais j’aimais jouer. »

Un concours de chant décisif
Comme tous les enfants de l’atoll, Teiho Tetoofa doit quitter Faaite pour poursuivre sa scolarité en 6e au collège de Makemo.
« On ne pouvait pas rentrer chez nous à toutes les vacances, alors on allait au centre de loisirs. Quand j’avais 12 ans, il y a eu un concours de chant organisé. J’ai participé et j’ai gagné le premier prix. C’était une guitare, elle était mieux que celle que j’avais avant ! »
Mais surtout, ce concours est une révélation : Teiho découvre le plaisir de chanter et se rêve chanteur.

Une carrière dans la banque
Puis vient le départ pour Tahiti, où l’adolescent étudie au lycée du Taaone. Comme tous les jeunes, il écoute les One Direction, Bruno Mars, etc. Une fois son bac option architecture en poche, il s’inscrit à l’Université de Polynésie et obtient une licence en reo tahiti.
« C’était très intéressant, j’aurais bien aimé travailler dans ce domaine, mais il fallait que je gagne ma vie, ma famille ne pouvait pas me payer mes études. C’est aussi grâce à ma famille adoptive de Taunoa que j’ai réussi. Après mes études, j’ai eu un poste à la Banque de Tahiti, J’étais en CDD. Pour y rester, il fallait que je suive un BTS Banque en parallèle, ce que j’ai fait. »
Pendant toutes ces années, Teiho n’a jamais abandonné la musique. Son rêve de devenir chanteur est resté intact.

Des chansons à texte
« Je compose et j’écris moi-même mes chansons. Elles parlent de mon île, de mes racines. J’aime faire passer des messages. Pendant le Covid, j’ai écrit E Ruaragi, elle parle de l’environnement, de l’importance de le préserver, car ce sont nos îles. »
Et le message séduit, sa chanson affiche près de 6 millions de vues sur YouTube.
« Ma femme Ravahere est sur chacune de mes chansons, on a fait même un duo ensemble aussi. C’est elle qui m’a aidé à me développer sur les réseaux sociaux. J’ai plusieurs chansons qui ont du succès maintenant. »

Sa popularité croissante sur les plateformes ne l’empêche pas d’aller à la rencontre du public, que ce soit dans l’Hexagone ou à l’étranger. Teiho chante en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis ou encore au Mexique. Mais le chanteur n’oublie pas les valeurs qui l’animent et les messages qu’il veut faire passer.
« Je fais régulièrement des concerts pour la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité. Je crois que la musique est une excellente thérapie, un très bon moyen de rassembler les Hommes. »
Rédactrice
©Photos : Pauline Stasi et Teiho Tetoofa pour Hommes de Polynésie
Directeur de publications : Yvon Bardes




