
Pierre Motahi, entrepreneur et artiste touche-à-tout
Difficile de classer Pierre Motahi dans une case. À 30 ans, le Tahitien a déjà plusieurs casquettes : entrepreneur, architecte d’intérieur, peintre ou encore sculpteur. Hommes de Polynésie a rencontré ce « touche-à-tout » passionné.
Casquette posée en arrière sur la tête et regard fixé sur ses mains, Pierre Motahi sculpte du bois.
« Je prépare une lance pour un concours, c’est urgent, car elle doit être prête dans quelques jours. J’adore sculpter. »
Originaire de Papenoo, le Tahitien de 30 ans a rejoint il y a quelques semaines l’atelier de l’association d’artistes Hamani Lab à Papeete.
« J’ai postulé et les autres artistes ont accepté que je vienne, c’est une super opportunité pour moi. C’est motivant d’être là. »
Le dessin depuis son enfance
S’il avoue avoir maintenant un faible pour la sculpture, Pierre Motahi est également attiré par d’autres arts.
« Depuis que je suis petit, j’ai toujours dessiné, c’est comme un réflexe. Je prends un crayon et je dessine tout ce qui m’entoure. »
Des études en architecture d’intérieur
Cette fibre artistique le pousse à intégrer la première promotion de la filière STD2A1 au lycée Raapoto. Puis, Pierre Motahi s’envole ensuite vers Toulouse, pour y suivre un BTS en Design d’espace. Le rêve de l’étudiant d’alors est de devenir architecte d’intérieur…
« J’aime dessiner les maquettes, les perspectives, les plans en 2D et 3D. Cela me plaît vraiment. »
Comme lors de son enfance, dès qu’il le peut, il sort son crayon et son book format A5 pour « croquer » la Ville rose.
Découverte de la sculpture

Son BTS obtenu, il rentre à Tahiti, mais le retour n’est pas évident pour le jeune diplômé.
« J’ai fait beaucoup de porte-à-porte pour trouver du travail, mais je n’avais pas d’expérience. J’ai alors décidé de rentrer au Centre des Métiers d’Arts, car si j’aimais beaucoup l’architecture d’intérieure, j’étais aussi attiré par la gravure et surtout la sculpture. Je voulais aussi en apprendre davantage sur la civilisation polynésienne, que je connaissais très peu. »
Une expérience en agence
À la fin de sa première année au Centre des Métiers d’Arts, Pierre Motahi a la possibilité d’intégrer une agence d’architecture d’intérieure pour un CVD2 d’un an.
« On m’a toujours dit ‘multiplie tes chances’ (…) et finalement cela a payé. J’ai postulé dans plusieurs agences et IDT, Intérieur Design Tahiti, m’a engagé. J’ai appris énormément sur le métier d’architecte d’intérieur, les automatismes sont vraiment venus. Il y avait des dates de livraison à tenir, j’aime travailler dans l’adrénaline, quand ça bouge. »
Retenu pour exposer au Grand Palais
Fort de cette expérience enrichissante, Pierre Motahi décide de se mettre à son compte en tant qu’architecte d’intérieur.
« Ça a été dur, car il fallait que je développe mon propre réseau, que je démarche les clients… »
Le Tahitien intègre alors un espace de coworking pour travailler sur son projet. Mais le covid avec ses périodes de confinements bouleverse ses plans.
« J’ai beaucoup réfléchi pendant cette période et je me suis dit que j’aimais aussi le business, entreprendre, et que je ne pouvais pas me contenter d’une seule activité. J’aime quand ça bouge et j’avais aussi besoin de la sculpture, de mes tableaux. Un peu après, en 2021, l’un de mes tableaux a été retenu pour un Salon qui se tenait au Grand Palais à Paris. »

Développer le coworking
Côté entrepreneur, Pierre Motahi décide de s’associer avec un ami et se lance dans l’aménagement d’un espace de coworking près de la cathédrale de Papeete.
« Depuis, on s’est séparé, mais j’ai continué et les bureaux sont loués, cela me permet d’avoir un revenu et grâce à cela, je peux maintenant me consacrer davantage à l’art. »
Un électron libre
Car effectivement, si l’entrepreneuriat a pris une part importante dans sa vie, il n’en a pas oublié ses premières amours, les arts… Fidèle à lui-même, il a su garder sa part d’adrénaline et cette envie de s’épanouir aussi pleinement dans cette passion.
« Quand je suis dans un domaine, je suis à fond. Là, on vient de me commander de grandes sculptures pour Noël, je suis à fond ! J’aime créer des œuvres qui associent à la fois le côté traditionnel de la Polynésie, notamment la mer, car j’adore le surf, en y ajoutant une touche de contemporain. J’aime partir de zéro quel que soit le domaine et créer pour arriver à quelque chose. Je suis un électron libre… »

1 Sciences et technologies du design et des arts appliqués
² Corps des Volontaires au Développement
Rédactrice
©Photos : Pauline Stasi pour Hommes de Polynésie
Directeur de publication : Yvon Bardes




