MARIO : UN MÉDIATEUR ENTRE PASSÉ ET FUTUR
C’est au beau milieu du fourmillement quotidien des entrepôts de la Conserverie du Pacifique que nous enlevons Mario à son travail, l’espace d’un instant. Doyen des employés de l’entreprise, il est comme le gardien du temple, qui, aujourd’hui, transmet son savoir aux jeunes générations.
Tout en gardant un œil attentif sur son travail, il confie à Hommes de Polynésie son cheminement et revient sur les traces de ses trente-deux années passées dans l’entreprise.
DE L’OR ENTRE LES MAINS
Avant d’intégrer la Conserverie du Pacifique, le jeune homme originaire de Raiatea travaillait dans le secteur du bâtiment en tant que soudeur à la Punaruu. Il participe notamment à la construction du Centre d’Épuration de Polynésie, le CEP.
Et c’est le sourire aux lèvres qu’il évoque ses premiers souvenirs de la COPA, qui remontent à bien avant qu’il n’intègre l’entreprise
« Tous les matins, quand j’allais travailler, je sentais une odeur. C’est quand j’ai commencé à y travailler que j’ai compris que ça venait d’ici ! »
31 ANNÉES DE VIE ET D’EXPÉRIENCES
Mario se remémore de son arrivée dans l’entreprise, en mai 1992 et prend conscience, en même temps que nous, de la richesse de son parcours. En 31 ans, ce vétéran de la COPA a arpenté l’établissement dans ses moindres recoins et le connaît désormais comme sa poche. Pour cause, il a changé de poste à quatre reprises.
« La seule étape de la chaîne de production à laquelle je n’ai pas touché est la cuisson. »
Il commence à la station d’épuration au sein de laquelle il œuvre pendant 18 ans. Il passe ensuite 6 ans en salle de décongélation et 5 autres années en salle de conditionnement et emballages des produits. C’est en 2021 qu’il est affecté à l’entrepôt en tant qu’aide-magasinier.
D’ailleurs, lorsqu’on lui demande lequel de ces postes il a le plus apprécié, c’est ce dernier qu’il choisit.
« Il y a moins de bruit, il fait moins chaud, mais ça bouge quand même beaucoup. »
UNE EXPÉRIENCE À TRANSMETTRE
Ces connaissances acquises au fil des années, il les transmet aujourd’hui au sein de l’entrepôt où il exerce. Et c’est dans une ambiance conviviale que Mario accomplit son travail.
« J’ai un poste à responsabilités. Je donne des directives à mes collègues, toujours avec respect et bienveillance. »
Pour Mario, effectuer son travail, c’est une responsabilité que l’on a envers les autres, un travail d’équipe.
« Dans notre travail, il faut toujours rester actif, c’est collectif. Si je ne fais pas mon travail, ce sont les autres qui vont devoir le faire à ma place. »
Son ancienneté lui a permis de réaliser les décalages générationnels entre sa façon de travailler et celle des plus jeunes. C’est avec ces différences que Mario compose ses journées.
« Je transmets ce que je sais, ce que j’ai appris au fil des années. Après, tu sais comment sont les jeunes, au départ ils nous prennent pour des vieux, et c’est quand ils n’y arrivent pas qu’ils reviennent demander des conseils et nous écoutent. Ils apprennent à reconnaître notre expérience avec le temps. »
S’ENTRETENIR, C’EST LA CLEF
Mario a besoin d’être en perpétuel mouvement, autant dans sa vie professionnelle que personnelle. C’est en ramant qu’il s’entretient et étanche sa soif d’activité. La pétanque, hobby hérité de ses racines îliennes, lui permet aussi de se détendre.
« Avant, je faisais de la pirogue, j’étais dans le club d’Arue. J’ai repris il y a un an car il faut que je reste en forme. »
Nous sommes d’abord surpris lorsqu’il nous dit vouloir réaliser ses ambitions à Tahiti plutôt que sur Raiatea, île qui l’a vu grandir. Mais ses raisons sont finalement fidèles au personnage.
« La dernière fois que je suis retournée à Raiatea, je voulais déjà rentrer au bout de deux jours. Je n’ai plus l’habitude du calme. À Tahiti, ça bouge tout le temps et c’est ce que j’aime. »
Hina Teata–Carreel
Rédactrice web
© Photos : Hina Teata-Carreel pour Hommes de Polynésie