Cyril Rebouillat, pour un développement EPER-dument durable
À 46 ans, Cyril Rebouillat est responsable QSE et Logistique, et en parallèle président du Club EPER, une association d’entreprises pour qui responsabilité sociétale et environnementale est parfaitement compatible avec croissance économique. Hommes de Polynésie s’intéresse aujourd’hui à ce sujet qui, bien que dans l’air du temps, reste méconnu de beaucoup d’entre nous.
Une formation technique
Cyril passe la 1ère partie de sa vie à Dijon, où il suit un parcours scolaire classique, décroche un Bac S et s’oriente vers un DUT en Génie électrique. Mais étudiant, ses objectifs professionnels sont plutôt flous.
« Pendant mon stage de fin d’études, on m’a proposé une formation complémentaire dans le domaine de la qualité que je ne connaissais pas du tout. »
Sans se douter que ça deviendra son domaine de prédilection, il se spécialise pendant 2 ans en alternance dans la qualité et l’organisation, avant de rejoindre les équipes d’un cabinet de consulting parisien.
Deux ans plus tard, Cegelec Polynésie lui propose un poste. C’était il y a 20 ans.
Qualité, Sécurité, Environnement (QSE) et Responsabilité sociétale
La mission de départ de Cyril est de maintenir le système qualité et la Certification ISO 90011, tout juste obtenue par l’entreprise, portant sur la qualité ou « comment garantir l’organisation de l’entreprise pour répondre à la commande du client » . C’est le “Q” de QSE.
« Quelques années plus tard, nous obtenions la certification sur la santé et la sécurité au travail (aujourd’hui ISO 45001), puis l’ISO 14001, pour travailler sur la réduction de nos impacts sur l’environnement.»
Aujourd’hui, la notion de QSE s’accompagne de plus en plus de celle de RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises. En clair, ce sont les valeurs d’une entreprise au-delà de son activité purement commerciale : respect des droits de l’Homme (égalité des chances, égalité hommes / femmes, etc.), de l’environnement ou de la dimension sociale (évolution du personnel dans le temps, qualification, éthique des affaires, transparence).
« La responsabilité sociétale est un grand mot qui parait logique, mais quand on regarde la carte du monde et l’actualité, c’est loin d’être évident. »
Le travail de Cyril est d’identifier et de traiter « ce qui ne va pas » dans la dynamique d’amélioration continue de l’entreprise. Écoute, échange, lien et coordination permettent une sensibilisation à tous les niveaux, et ce auprès des 190 salariés de l’entreprise.
« L’erreur dans beaucoup d’entreprises, c’est de faire porter à M. ou Mme QSE la responsabilité de tout ce qui concerne la sécurité et l’environnement, alors que c’est l’implication de chacun qui donne les meilleurs résultats. »
Cette démarche de prise de conscience va au-delà des murs de l’entreprise, en intervenant régulièrement auprès des jeunes et en formant de nombreux stagiaires. Cyril enseigne également au Cours Bufflier, qui, depuis l’an dernier, a créé la 1ère formation en alternance en QSE-RSE.
Le Club EPER
Créé en 2015 sur une initiative de l’ADEME, la CCISM et le Service Des Énergies, le Club EPER a pour vocation de « promouvoir le développement durable, tout en contribuant à la croissance économique de la Polynésie française ».
« En tant que représentants du monde de l’entreprise, on ne doit pas occulter la notion économique. Nous ne sommes pas une association de protection de l’environnement, mais créons des liens avec elles dans un objectif commun : réduire l’impact négatif des activités du pays sur l’environnement. »
Le Club EPER compte à ce jour 17 membres, sans distinction de taille (de 3 à 750 employés) ni de domaine d’activité (les 5 principaux secteurs étant représentés). Il s’agit d’entreprises locales soucieuses d’adopter des comportements exemplaires et de développement durable, tout en évitant le “greenwashing”2. L’objectif est d’identifier les problématiques rencontrées, d’échanger sur les bonnes pratiques et de monter en compétences, notamment au travers de formations.
« Beaucoup de choses sont faites, que ce soit dans les entreprises ou les services du Pays et de l’État, mais il manque un lien, une synergie entre tous pour être plus efficace face à ces enjeux grandissants. »
Un des projets du club lancé en 2019 avec la CCISM devrait voir le jour prochainement : une certification locale, valorisant les entreprises aux valeurs et actions éco- et socio-responsables. Il permettrait par exemple de choisir ses prestataires en fonction de cette éthique, que l’on soit simple citoyen, chef d’entreprise ou donneur d’ordre d’un marché public.
« Aujourd’hui ce référentiel n’existe pas localement. La certification la plus pertinente est la norme ISO 14001, qu’un certain nombre d’entreprises, y compris au sein du club, ont. Mais elle apparaît lourde par sa dimension internationale, et il lui manque la notion locale. »
« La relance verte est plus que jamais d’actualité avec la crise sanitaire que nous traversons. Ce qui est extrêmement encourageant, c’est de voir qu’au plus haut niveau de l’État comme des grands patrons d’entreprises françaises et polynésiennes 3, il y a un engagement pour une relance économique ET écologique. Preuve que les enjeux environnementaux sont réels, et ne sont pas incompatibles avec les enjeux économiques. »
1ISO 9001 : norme internationale liée au management de la qualité.
ISO 14001 : norme internationale liée au management environnemental.
ISO 45001 : norme internationale liée au management de la santé et de la sécurité au travail.
2 affichage public comme écologiste, pour masquer des activités qui le sont moins
³Le MEDEF Polynésie Française a constitué une commission Développement Durable
Lubomira Ratzova
Rédactrice web
© Photos : Ella Camart, Lubomira Ratzova pour Hommes de Polynésie
pour plus de renseignements
Portrait mis en avant par la TEP, membre du Club EPER.
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