William Desjardins, de pompier à jardinier de corail
Après 15 ans au service des pompiers de Paris et 18000 interventions, William choisit Moorea pour une vie de famille et professionnelle plus posée. Une plongée au cœur de la vie polynésienne qui va faire de William un ambassadeur de nos fonds marins malgré lui. Hommes de Polynésie a accompagné le créateur de «Happy Reef Society » sur un atelier bouturage de corail au cœur du lagon de Temae.
LE CHANGEMENT
C’est longtemps l’adrénaline qui a été au cœur de ses choix « rester dans un bureau, ce n’était pas pour moi ». Au fond de lui, William savait que sa vie post pompier militaire serait sur une île. Ayant parcouru l’Europe dans sa jeunesse avec ses parents, puis le monde avec son sac à dos dès qu’il en a eu la possibilité, il nous confie « c’est le goût du voyage et de la plongée qui m’a fait venir ici ».
Cela fait maintenant 10 ans que William et sa famille se sont installés sur l’île de Moorea. Le rythme de vie plus calme des îles n’empêche pas William d’être toujours sur le qui-vive, car comme il le dit « si je suis témoin d’un accident, je vais m’arrêter et intervenir ». C’est sans doute cette âme de sauveur et ce besoin d’aider sans condition de retour qui l’ont naturellement poussé vers sa reconversion professionnelle.
PASSIONNE DE NATURE
D’abord guide touristique en quad sur Moorea depuis 2011, il a souhaité s’investir dans une activité éco responsable. Une rencontre avec Mathieu Kerneur, biologiste marin et restaurateur du récif corallien, pousse William à monter sa propre structure de bouturage de corail «Happy Reef Society ». Son certificat de guide lagonaire en poche, il propose cette activité au sein des hôtels Sofitel Ia Ora Moorea et Manava resort Moorea.
Laissons William nous guider pour un atelier bouturage de corail au cœur du lagon de Temae.
Nous commençons tout d’abord par un exposé sur le corail et son importance dans l’écosystème fragile du lagon. Le corail est un bel animal marin qui vit en colonies d’individus appelés « polypes ». Outre leur beauté, ces animaux sont très utiles, ce sont les poumons de nos océans.
Les coraux constituent des habitats pour les poissons, ils forment des barrières de protection contre les évènements naturels, et ils sont également des puits de carbone. Alors pourquoi devons-nous le bouturer ? Plusieurs causes sont à l’origine de la baisse de diversité et de couverture corallienne.
Des raisons écologies : le réchauffement climatique qui engendre une augmentation de la température de l’eau, très mal supportée par le corail qui blanchit progressivement. Des raisons naturelles : les espèces invasives comme la Taramea, cette étoile de mer mangeuse de coraux. Ou encore des raisons humaines : la surpêche qui entraîne la disparition d’espèces clés protégeant les coraux ou l’utilisation de crèmes solaires polluantes.
William nous conduit ensuite jusqu’à une première table de bouturage. Une bouture est préparée, issue d’un corail cassé récupéré dans le lagon. On choisit un morceau de corail et on le colle à un bambou qui va servir de support à la greffe.
La bouture que nous réalisons ne peut être utilisée tout de suite, car il faut attendre que la magie opère, la bouture reste fragile un moment. Nous passons ensuite sur une table de bouturage intermédiaire sur laquelle des morceaux bouturés sont prêts à être réimplantés dans le lagon. William nous guide ensuite sur les zones à restaurer et nous montre comment procéder.
« L’opération est simple, mais minutieuse ».
Notre intervention est terminée, laissons la nature prendre le relais ! L’excursion se poursuit par une visite du jardin de corail en snorkeling et William nous laisse apprécier les quelques 170 espèces de coraux qui peuplent le lagon.
Le programme dure environ 1H30, et s’adapte à tous les publics. Cette activité peut être également proposée dans un cadre pédagogique. William est déjà intervenu plusieurs fois auprès des élèves du lycée agricole d’Opunohu lors de leur semaine « santé et développement durable ».
Pour conclure, quand on demande à William ce qui le motive aujourd’hui il nous répond « avoir le plaisir de me balader avec mes enfants et leur montrer les résultats de mon action pour préserver cette nature exceptionnelle ». Finalement, le chemin de vie de William était tout tracé… après avoir sauvé des vies humaines, c’est auprès des coraux qu’il poursuit son action.
Mrs Fletcher.
Page Facebook HAPPY REEF SOCIETY
Mrs Fletcher
Rédactrice web
© Photos : S.C et William Desjardins