Teava Magyari, l’éternel voyageur
Il aime la vie, les couleurs et les gens. Il a besoin d’aller loin, de voir différent, d’entendre et de sentir des sonorités et des fragrances d’ailleurs. Le fondateur de la revue Matareva, est un voyageur. Un voyageur qui immortalise les moments forts de toutes ses pérégrinations. Hommes de Polynésie est allé à sa rencontre.
Il se livre derrière une tasse de thé fumante. Il est là et en même temps ailleurs. Il revit, en les racontant, ses souvenirs. « J’ai toujours été un voyageur. Je ne fais pas de la photo pour faire de la photo, c’est un outil », résume Teava Magyari.
Professeur d’anglais au lycée polyvalent du Taaone, il est aussi connu pour ses clichés exposés par exemple sur la place To’ata à l’occasion de Hoho’a et pour sa revue, Matareva. « En 2010 il n’y avait rien sur le Heiva », se rappelle-t-il à propos de ce projet à la fois photographique, rédactionnel et culturel.
Matareva, un succès grandissant
Il a monté une équipe de passionnés pour capter les moments fort des concours de juillet. La première édition de sa revue Matareva est sortie le 15 novembre 2010. Depuis, elle paraît chaque année, rencontrant un succès grandissant.
« Je continue à tenir le projet jusqu’à la rentrée scolaire, ensuite la pression se relâche. »
Il peut alors se focaliser sur ses autres passions, le voyage et la photographie de voyage. « J’aime cette sensation d’être dans un autre monde, d’être dépaysé. J’aime le froid, la grisaille, les grandes villes. » Il aime entendre parler le coréen, l’iranien, le russe. « Je choisis toujours un territoire très dépaysant. » Un pays dans lequel peu de gens se rendent et qui peut, à tout instant, fermer ses frontières.
De la place Kim II-sung au grand bazar d'Ispahan
Il a visité la place Kim II-sung à Pyongyang, la plage de Jökulsárlón, le musée national d’Oman, le grand bazar d’Ispahan. Il voyage seul, le plus souvent.
« Parce que quand tu es seul tu observes plus, quand tu es avec quelqu’un tu es moins attentif à ce qui t’entoure. »
Ce qu’il préfère lorsqu’il est ailleurs ? « Les gens. J’aime les beaux paysages, mais ce que je préfère ce sont les rencontres. » Des rencontres qui, pour certaines, s’inscrivent dans le temps. D’autres ne durent que quelques heures mais laissent une trace indélébile.
Humanité et respect des autres
En Iran, en décembre 2016, il a passé une partie de la nuit du réveillon de la Saint Sylvestre à s’entretenir avec un serveur.
« Nous avons parlé de choses très spirituelles qui m’ont fait réfléchir sur moi. »
De cet échange, par exemple, restent des sentiments d’humanité, du respect des autres dans leurs différences, de la tolérance, une ouverture d’esprit toujours plus grande.
Une nouvelle fois, cette nuit-là, il a ouvert les yeux, si besoin était, sur l’autre, l’humain. « Où que l’on soit né, on est finalement tous identiques, peu importe la couleur de peau, la langue ou la culture. Il n’y a pas de frontières entre les individus. » Teava Magyari porte au plus profond de lui de nombreuses valeurs qui, avec les voyages, s’exhalent. Son appareil photo les fige.
La liste des destinations du photographe est encore longue, elle ne cesse de s’allonger : Groenland, Antarctique, Tibet, Népal, Bhoutan, Éthiopie, Namibie… Toutes, à leur tour et à leurs manières, viendront enrichir Teava Magyari qui, en échange, portera le cœur de la Polynésie aux quatre coins du monde.
Delphine Barrais
Rédactrice web
© Photos : Teava Magyari