
Manutea Gastambide et son Rainbow Park : là où la nature et les liens s’élèvent (1/2)
Sur les hauteurs de Pirae, Manutea Gastambide a fait le choix du cœur : donner un nouvel élan à la terre de ses ancêtres. À 450 mètres d’altitude, dans ce coin de nature où la brise fait chanter les arbres, il a créé son royaume, le Rainbow Park : un lieu familial et accueillant, entre animaux, accrobranche et mini-golf. Hommes de Polynésie est parti à sa rencontre, l’occasion pour lui de nous partager son engagement sincère pour préserver, transmettre et faire grandir ce qui lui a été légué.
Le Belvédère, entre ciel, arbres et mémoire
C’est de bon matin, sous les pins, avec une vue panoramique de Moorea à la Pointe Vénus, que Manutea Gastambide nous raconte son parcours et l’histoire de son domaine. Une interview interrompue par une belle ondée soulignée d’un rayon de soleil, qui vient créer, comme par magie, le fameux rainbow… C’est le temps d’une photo.

« Notre ancêtre faisait du lapin et de la volaille, et même des vaches. La marine française était son gros client. C’est comme ça qu’il a réussi peu à peu à racheter des terres pour accroître le domaine Walker, à l’origine dans la vallée de Hamuta, un espace qui représente aujourd’hui à peu près 440 hectares. »
Troisième d’une fratrie de quatre, Manutea n’a pas eu la chance de connaître son père biologique.
« J’ai été élevé par mon beau-père que j’ai toujours appelé papa, et qui s’appelait Tihoti Tsing. Ma mère s’appelait Hélène Hugon. Les Walker, c’est ma grand-mère du côté de ma maman. Elle s’est mariée avec mon grand-père, Jean Tarua Hugon, qui était le demi-frère de John Teariki, l’ancien maire de Moorea-Maiao. On a eu des gens assez connus dans la famille : Théodore Walker, Sunny Walker, qui sont des orateurs, les tahu’a1 de la famille…»
Du business à la terre
Après un parcours scolaire classique : école Val Fautaua, Fariimata, puis La Mennais, il s’envole pour l’Australie pour suivre des études en business management, d’abord en Bachelor Business Management, puis un master international à l’université de Bond, sur la Gold Coast.
« J’étais passionné de bodyboard. Bien sûr, dans ma tête, j’allais passer plus de temps dans l’eau qu’à l’université ! Je n’ai pas réalisé que la mer était assez froide là-bas. Et moi, étant frileux, j’ai finalement passé plus de temps à l’université que dans l’eau ! »
Et puis la crise de 2008 arrive.
« J’ai décidé de revenir ici pour voir la famille. Ma grand-mère prenait de l’âge ; les neveux et nièces devenaient des jeunes ados. J’avais envie de participer à tout ça. »

Des chevaux et un accrobranche plus tard
Sur son terrain du Belvédère, il commence par proposer la pension pour chevaux et des balades à cheval pour les enfants. En 2012, une de ses clientes lui parle du concept d’accrobranche.

« Entre le moment où elle m’en a parlé et la construction des parcours, quatre ans se sont passés. J’étais convaincu qu’il fallait proposer quelque chose d’innovant. Et puis, je commençais à en avoir marre de marcher à côté d’un cheval ! Je me suis dit : “On ne va pas réinventer la roue”. L’accrobranche, c’est quelque chose qui existe ; j’ai juste besoin d’être formé pour que le produit plaise.»
Manutea Gastambide profite d’un voyage dans l’Hexagone pour essayer l’un de ces fameux parcs.


« Au début, je me suis dit : “Mais qu’est-ce que je fais là” ? Parce qu’on n’est pas né avec des plumes. Mais finalement, je savais que c’était vraiment la chose à faire : innover et mettre en valeur nos ressources. Nous, les Walker, on est riches en terre, mais pauvres en argent. Donc, c’est un peu soit tu développes la terre, soit tu la vends… Moi, je suis plus partisan de créer des richesses et proposer de l’emploi aux jeunes pour qu’ils puissent se développer, découvrir des talents cachés. »

¹ “Celui qui voit, celui qui sait”
Portrait mis en avant par la Mairie de Pirae
Rédactrice
©Photos : Cl Augereau pour Hommes de Polynésie
Directeur de Publications : Yvon Bardes