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Carrière

Aloung Tchanc, chef de la brigade de la police municipale de Rangiroa depuis 12 ans en Polynésie française

Aloung Tchanc, le “tonton-papi” chef de la brigade de Rangiroa

Publié le 29 novembre 2024

Chef de la brigade de la police municipale de Rangiroa depuis douze ans, Aloung Tchanc est un mūto’i respecté et reconnu pour sa proximité, notamment les jeunes qui le surnomment affectueusement “tonton” ou “papi”. Pour Hommes de Polynésie, il raconte son engagement, allant parfois bien au-delà du rôle traditionnel de la police municipale, éloignement oblige.

 

Un policier attaché à son île

Né à Raiatea, issu d’une fratrie de sept, Aloung Tchanc habite depuis 1994 à Rangiroa, depuis qu’il a suivi sa vahine, originaire de l’archipel.

« J’ai travaillé 16 ans au Kia Ora, comme agent de sécurité, puis on m’a demandé de faire bagagiste. Après, j’ai fait de la maintenance. Jusqu’au jour où un copain, agent de police municipale, m’a proposé de travailler dans la maintenance au poste de police. La fonction publique n’existait pas à cette époque-là. En 2010, il y a eu une demande de recrutement d’un agent de police à Rangiroa. Je me suis inscrit et il y a eu des tests de recrutement. »

Un an plus tard, Aloung part en formation APJA (Agent de police judiciaire adjoint) pour 3 mois et demi à Tahiti, avant de revenir et prendre son service à Tiputa en 2011. Quatre ans plus tard, il est nommé chef de la police municipale.

« J’ai aujourd’hui dix agents sous ma responsabilité, sept à Rangiroa, et avec les communes associées : trois à Tikihau, deux à Mataiva et un à Makatea. »

Aloung Tchanc, chef de la brigade de la police municipale de Rangiroa en Polynésie française avec son équipe

Une coordination quotidienne avec les forces de l’ordre

La police municipale collabore étroitement avec la gendarmerie pour mener à bien des missions variées ainsi qu’avec les ASP, agents de sécurité publique, qui les épaulent au quotidien, dans la limite de leurs compétences.

« Comme je suis tout seul ici, avec un ASP, on a pu mener les interventions nécessaires, comme aller chez les gens. Aujourd’hui, il y a la délinquance, des vols, des violences familiales et conjugales, il faut gérer tout ça. La gendarmerie est à Avatoru. Pour intervenir de ce côté-ci de l’île, il faut traverser par la passe. »

Aloung et la première adjointe au maire, Martine Tetua, lors de l'assermentation des nouveaux agents APJA

Sur tous les fronts

Grâce à la présence des nouvelles recrues de gendarmerie, il est plus facile désormais pour la police municipale d’intervenir et d’assurer l’ordre public.

« Cela a permis de diminuer la délinquance, les stups… Alors qu’avant, j’étais tout seul, ce n’était pas évident. »

Dans un contexte insulaire, les responsabilités de la police municipale sont élargies. Aloung intervient sur le terrain aussi pour apaiser les tensions dans des conflits fonciers, une problématique récurrente au fenua.

« Le foncier, ce n’est pas de notre compétence. On intervient pour calmer, mais c’est le tribunal qui, au final, décide qui est propriétaire. »

La police intervient également lorsqu’une personne décède, ou quand il faut aller capturer des chiens errants. En cas d’inondations aussi, elle aide les habitants à sécuriser leurs foyers.

« Quand il y a de fortes pluies, on vérifie si les familles ont mis leurs équipements en sécurité, pour limiter les dégâts. »

Une autre mission : l’éducation routière…

Aujourd’hui, les tâches sont variées pour celui qui rêvait de devenir pilote de chasse, et qui a quitté l’école à 17 ans, et une autre de ses missions consiste à entraîner des jeunes à la conduite en vue de leur permis.

« Il s’agit de capacités de conduite, avec lesquelles on ne peut pas conduire sur Tahiti. Ensuite, ce sont les officiers de police judiciaire qui s’occupent de leur faire passer la théorie et la conduite»

Une présence indispensable et bienveillante

Aloung couronné, au retour d'une mission à Mataiva, aux côtés de sa femme (à gauche) et de quelques habitants de Mataiva

Pour Aloung, la clé d’une île paisible repose sur une communication constante avec les habitants, qu’il prend le temps d’informer sur la loi. Au-delà de la répression, pour lui, être policier c’est incarner un “tonton ou un papi ” pour la population.

« Beaucoup ici ne connaissent pas la loi. Je leur explique ce qu’ils peuvent ou non faire, et cela a réduit les violences et les nuisances. Quand je vois les personnes âgées, je m’assois à côté, je discute. On parle de la pêche, de planter des légumes, pas que de la loi… Et les touristes, on est là pour eux aussi, qu’ils prennent plaisir à leurs vacances. »

Avec les jeunes se crée également une relation de proximité.

« Quand je fais une patrouille avec mes collègues, les jeunes m’appellent tout de suite “tonton”. Ce ne sont pas des membres de ma famille, mais ça fait quelque chose ! Ils ne disent pas “bonjour, monsieur l’agent” ou “monsieur la police”… Je crois que cela vient de l’exemple que je montre. »

Statut public et indépendance

La transition au statut de la fonction publique lui semble un progrès :

«  Avec ce statut, nous sommes sous le régime de l’État, et cela nous donne une indépendance qui est primordiale. »

En 2025, à 56 ans, Aloung aimerait bien passer des examens pour évoluer vers la catégorie B de la fonction publique.

En dehors de son service, une vie simple

Le brigadier chef Aloung Tchanc de l'île de Rangiroa en Polynésie française avec sa famille
Nasons, mérous et perroquets... Aloung aime pêcher et jardiner.

Et lors de ses jours de repos, il profite de la pêche, travaille au jardin ou passe du temps en famille avec sa femme et ses deux fils.  

«  C’est un équilibre, une façon de se redonner de l’énergie pour être sur le terrain avec la population. »

Le brigadier chef Aloung Tchanc de l'île de Rangiroa en Polynésie française avec sa famille
Aloung et sa grande famille : ses six enfants et deux petits enfants

Un homme de loi au service de la communauté

En conclusion, il confie :

«  Être un homme de loi, ce n’est pas facile. Il faut de la patience et donner l’exemple. La communication est primordiale, elle permet de résoudre bien des problèmes. Quand je suis de repos, ils n’hésitent pas à m’appeler si un problème survient, car ils savent que je suis là pour eux. Ce n’est pas juste un métier, c’est un engagement pour cette communauté. »

 

Portrait mis en avant par le Centre de Gestion et de Formation 

Cl Augereau

Rédactrice web

©Photos : Aloung Tchanc pour Hommes de Polynésie

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