Teha Kaimuko, lead vocal et guitare rythmique du groupe en vogue : Verua
C’est sur le Pa’epa’e a Hiro1 à Te Fare Tauhiti Nui, la Maison de la Culture, que Teha Kaimuko, leader du groupe VERUA me donne rendez-vous. Autour de nous, machinistes, ingénieurs du son, jardiniers s’affairent. Ce soir, le samedi 7 octobre 2017 aura lieu leur concert qui célèbre leurs 5 ans d’existence : 2 heures de bonne musique pour le plus grand plaisir de leurs fans. Calme et détendu, charismatique, Teha ne semble pas se préoccuper de l’agitation qui l’entoure. Cet enfant, originaire de la Terre des Hommes2, me dit qu’ « il n’y a pas de hasard si on se trouve là aujourd’hui. C’est à cet endroit que l’on s’est produit pour la première fois, ce n’était pas prévu. On a remplacé un groupe absent. Alors aujourd’hui c’est un clin d’œil face au chemin parcouru… ». Et quel chemin ! Hommes de Polynésie vous propose de partir à la rencontre de ce chanteur musicien passionné, qui se livre en toute simplicité.
« Je suis venu très tard à la musique »
Teha a vu le jour il y a 34 ans à Tahiti. Petit dernier de la famille, il a grandi à Faa’a3 entouré de sa sœur et ses deux frères. Ses parents, marquisiens tous les deux, ont quitté leur île pour venir travailler à la capitale, mais Teha précise : « on parle tous les jours marquisien chez nous… ». Même si cela remonte à 2010 la dernière fois où il est retourné au Fenua Enata4, ses racines sont importantes pour lui.
À six ans, Teha participe à un petit concours de chant mais termine troisième sur trois. Suite à cet échec qui le marquera, il s’oriente plutôt vers le sport, le volley et le basketball. C’est un peu plus tard, au collège qu’il revient vers la musique. Teha me dit, l’œil amusé : « on était des clandestins, on amenait nos instruments pendant la cantine en dehors entre copains. À cette époque, c’était interdit, pas comme aujourd’hui… ».
« J’ai fait mon propre chemin tout seul… »
Ni cours de solfège, ni cours de chant, ni cours de guitare, Teha apprend avec les copains à l’école mais aussi lors des bringues et fêtes. Il a cette particularité qu’ont de nombreux polynésiens à jouer d’un instrument de musique avec une facilité déconcertante, juste à l’oreille.
Il obtient son bac commercial au Lycée Paul Gauguin en 2001, puis part étudier deux ans et demi à Berkeley aux États-Unis où il suit un cursus en commerce extérieur. Il revient au Fenua5 à 21 ans ayant le mal du pays puis travaille un an en tant que commercial. Il gagne bien sa vie mais s’ennuie un peu, alors il préfère démissionner. Puis il se met sérieusement à la musique en 2008. Aujourd’hui et depuis 12 ans, il travaille dans un magasin de musique, Magic City de Faa’a dont il est aujourd’hui le responsable.
« Ils recherchaient un musicien et je sortais d’un cursus commercial. Ce qui m’allait, c’était le côté musique… » Parlant des instruments de musique divers et variés de Magic City, Teha dira : « J’ai tout touché, tout joué, une chance !… Au travail, j’aime ce que je fais, c’est important… ».
« Avec VERUA, on a commencé l'aventure à cinq. On la terminera à cinq… »
Verua, c’est aujourd’hui une formation musicale de 5 personnes :
- Tihiura TETIARAHI, pianiste,
- Mitiana JOURDAIN, batteur,
- Ariipaia TEIVA, à la guitare solo,
- Teiki LANG, à la guitare basse,
- Teha KAIMUKO, lead vocal et à la guitare rythmique.
Certaines fois, ils sont six en soirée, Steeve TETIARAHI venant remplacer Teiki. C’est avant tout une grande famille, composée d’amis de longue date.
Cette complicité, ils la communiquent sur la scène, elle se ressent.
Par la suite, des musiques composées par le groupe VERUA sont sorties, dont le tube HONOIPO, qui signifie « lié pour toujours… », et la chanson TE MATAGI O TE TAU composée pour le groupe de danse Tamariki POERANI. Ils se sont même produits sur la scène du Heiva6 et du Hura Tapairu7.
VERUA chante en français, tahitien, marquisien, paumotu, anglais, espagnol. Leur répertoire est varié, allant de Bobby Holcomb à U2, ou encore de Jason Mraz à UB40, avec un style pop/rock/local et reggae. VERUA fait, comme me dit Teha, « de la musique pour tout le monde, parce que la musique c’est pour tout le monde… ». Ce que Teha souhaite aujourd’hui, c’est percer à l’international avec VERUA, « promouvoir un peu le style que l’on fait… ». Lui qui a été approché pour jouer en solo à l’étranger, est catégorique : il n’envisage pas son chemin sans le groupe au complet.
Ce soir, dans le grand amphithéâtre de la Maison de la Culture, c’est cinq nouveaux titres que VERUA présentera à son public en exclusivité.
« J'aime bien avoir le point de vue de ma femme, sa critique »
De sa femme avec qui il vit en couple depuis onze ans, Teha dit en plaisantant : « elle est la première fan et en même temps la première à détester VERUA parfois… ». Teha a la chance de pouvoir compter sur son soutien dans le choix qu’il a fait musicalement. Cela fait quinze ans qu’elle est professeure des écoles, mais elle évolue aussi dans le monde du spectacle, culturel. Teha ajoute même qu’elle écrit des textes et des spectacles : « son point fort, c’est l’écriture… ». Elle est l’auteure du premier single de VERUA, « Taata Himene ».
Pour ceux qui n’auraient pas pu assister à leur concert anniversaire, il est possible de rencontrer VERUA dans des bars/restaurants bien connus de Tahiti où une véritable communion s’opère avec le public. La générosité, le cœur, la transmission des bonnes ondes qui contribuent à nous rendre heureux : avec Teha, tout cela fait partie du répertoire musical de VERUA, pour notre plus grande joie!
1 Plate-forme construite en pierres sèches et où se déroulait le culte ancien, associé souvent à des cérémonies à caractère social ou politique (source : fare vana’a). Ici, Plate-forme de Hiro, ancien Dieu des polynésiens.
2 Iles Marquises
3 Une commune de Tahiti
4 Iles Marquises
5 Polynésie
6-7 Manifestations folkloriques polynésiennes
Tehina de la Motte
Rédactrice web
© Photos : Hommes de Polynésie